Le cancer: une maladie héréditaire?
Qu’est-ce que l’oncogénétique?
Anne Murphy: si le cancer est toujours génétique, il n’est jamais héréditaire. Mais certaines personnes héritent d’une mutation au niveau d’un gène (comparable à une «faute de frappe»), impliquant un risque plus élevé de développer certains cancers. Le rôle de l’oncogénétique est d’identifier ces mutations, qui concernent environ 5% des cancers.
En quoi consistent ces «syndromes héréditaires»?
Il s’agit de situations familiales particulières, où la maladie est très fréquente. On la retrouve en effet sur plusieurs générations (parfois à un jeune âge), et il s’agit souvent du même type de cancer ou de cancers associés. L’augmentation de la probabilité de développer cette maladie, par rapport à quelqu’un qui ne porte pas de prédisposition génétique, est très nette: ce risque peut en effet être compris entre 60 et 80%.
Ces prédispositions héréditaires ne concernent que certains cancers, lesquels?
Selon nos connaissances actuelles, ceux du sein, de l’ovaire, du côlon et de l’utérus, le mélanome et d’autres formes plus rares de cancers.
Quelles mesures préconisez-vous en cas de risque héréditaire avéré?
Pour les femmes ayant un risque plus élevé de développer un cancer du sein et de l’ovaire, nous recommandons une surveillance accrue à l’aide de mammographies, d’ultrasons et d’IRM. Nous évoquons également la chirurgie préventive, qui consiste à enlever l’organe à risque avant même qu’il ne soit atteint. Aux personnes concernées par une prédisposition au cancer du côlon, nous conseillons des coloscopies. Et pour les femmes risquant de développer un cancer de l’utérus, il existe des examens gynécologiques spécifiques.
Les gens concernés par cette prédisposition devraient-ils selon vous en parler aux membres de leur famille?
Chacun est libre de faire ce qu’il veut de l’information, mais, à notre sens, il serait mieux qu’elle circule dans l’entourage familial.
Que penser des tests génétiques proposes sur internet?
Les résultats de ces tests ne sont pas précis, et leur interprétation peu fiable. Il est donc préférable de s’adresser à une consultation d’oncogénétique.
Quelle est la pertinence d’une analyse oncogénétique, sachant que les formes héréditaires de cancers ne représentent que 5 à 10%?
Il est vrai qu’aujourd’hui nous apportons une connaissance nouvelle à un nombre limité de personnes. Mais je pense que notre démarche a du sens, car nous fournissons des réponses à des familles préoccupées par ce questionnement. Pour le moment, il n’y a pas d’application directe à l’ensemble des cancers, mais cela va sans doute se développer.
*Anne Murphy est intervenue le 7 février 2012 à Vevey dans le cadre du Cycle de conférences de la Riviera organisé par la Ligue vaudoise contre le cancer.
Consultations d’oncogénétique:
CHUV, tél. 021 314 33 76
HUG, tél. 022 372 98 53