Prothèses PIP: retour sur le déroulement de l’affaire
Depuis le 30 mars 2010, en effet, l’entreprise française et son fondateur Jean-Claude Mas, ancien charcutier de son état, étaient dans le collimateur de l’Agence des produits de santé (Afssaps). Cette dernière annonçait à l’époque le retrait du marché français des prothèses PIP. En cause: un taux anormalement élevé de rupture des prothèses et l’utilisation d’un gel de fabrication autre que celui annoncé lors de sa commercialisation.
L’entreprise est alors placée en liquidation judiciaire et les porteuses de ces implants sont encouragées à consulter leur médecin. A Marseille, ville d’origine de la défunte, plus de 500 femmes de l’association Porteuses de Prothèses PIP (PPP) portent plainte contre la société, alors que de l’autre côté du monde, au Chili les implants sont retirés du marché. Au mois de septembre 2010, l’Afssaps va même jusqu’à recommander le retrait des prothèses en cas de suspicion de rupture et le gouvernent français s’engage à prendre en charge les frais médicaux du remplacement pour les patientes dont les chirurgies plastiques ont fait suite à un cancer du sein.
Pendant un an, alors que les différentes associations de femmes concernées continuent leur combat dans l’ombre, le scandale se dégonfle peu à peu.
Dangerosité reconnue
Depuis le mois de novembre 2011 donc et le premier cas de décès en lien probable avec la pose de prothèse PIP, l’affaire prend une ampleur planétaire et les rebondissements se suivent de jour en jour.
Le 23 décembre, le gouvernement français recommande aux porteuses d’implant PIP de se les faire retirer à titre préventif, après que huit cas de cancers ont été enregistrés. Cette recommandation concerne alors 30’000 Française. Elles seraient entre 400'000 et 500'000 à être porteuses dans le monde, dont 300'000 en Amérique latine contre 280 cas en Suisse.
En quelques jours, la Finlande, l’Italie et les Pays-Bas conseillent aux femmes concernées de consulter leur chirurgien. Le Brésil fait de même pour finir par retirer le produit du marché. Le 27 décembre, les autorités sanitaires américaines dénoncent des violations graves dans le processus de fabrication des prothèses PIP constatées depuis 2000. Trois jours plus tard, l’Afsspas recense 20 cas de cancer chez des femmes porteuses de prothèses PIP sans pour autant garantir le lien de cause à effet. Le 4 janvier c’est l’effarement, Le groupe allemand Brenntag, spécialiste de la distribution de produits chimiques annonce avoir livré du silicone à la société PIP.
Le créateur assume sans broncher
Au cœur du scandale, Jean-Claude Mas, inventeur des fameuses prothèses, assume pleinement la débâcle sans pour autant paraître plus affecté que cela par la situation. «Je savais que ce gel n'était pas homologué, mais je l'ai sciemment fait car le gel PIP était moins cher (...) et de bien meilleure qualité», a-t-il expliqué aux gendarmes français, selon un rapport de police consulté par l’AFP. Il ajoute avoir donné l’ordre dès 1993, deux ans après la création des prothèses, de dissimuler la vérité à la société allemande TÜV, en charge de certifier l’authenticité du produit. La fraude de Jean-Claude Mas avait pour but unique «d’augmenter sensiblement la rentabilité de l'entreprise». Sur ce point-là au moins, il ne se sera pas trompé. Pour être sûr de s’enrichir au maximum, celui-ci avoue donc s’être permis de créé une formule très personnel pour remplir ses implants «Une base de formulation du Dr Arion (chirurgien varois que M. Mas rencontre dans les années 1980), que j'ai améliorée en changeant les températures, les pourcentages (de produits introduits), afin de rendre le produit plus cohésif,» raconte-t-il enfin encore à la police française.
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