Les facteurs de risque du cancer du sein
EXPERTS
La génétique
Les femmes ne naissent pas toutes égales face au cancer des glandes mammaires. Celles dont une parente du premier degré –mère, fille ou sœur– a souffert de la pathologie ont un risque de développer la maladie deux ou trois fois plus grand que le reste de la population féminine. «Ce risque augmente avec le nombre de proches affectées et il est aussi accru si l’une ou plusieurs d’entre elles ont eu ce cancer à un âge précoce», précise Fabio Levi, médecin-chef de l’unité d’épidémiologie du cancer de l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et de l’Université de Lausanne. Le risque est encore plus grand pour celles qui ont hérité d’une mutation dans leurs gènes BRCA1 et BRCA2, qualifiés «d’oncogènes» car ils sont connus pour favoriser la survenue du cancer du sein et des ovaires. Ces mutations génétiques sont rares et elles ne sont responsables que de 2 à 5% de ces pathologies.
Tous ces risques familiaux peuvent toutefois être détectés, ce qui permet d’offrir aux femmes concernées «un dépistage personnalisé, adapté à leur situation».
La reproduction
«Depuis le XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, l’âge auquel les femmes ont leur premières règles a reculé de plusieurs années», constate le médecin du CHUV. Et, en parallèle, l’âge de la ménopause a considérablement augmenté. De ce fait, au cours de la vie, le nombre de cycles d’ovulation et, avec eux, la durée de l’exposition aux hormones féminines ont augmenté, ce qui accroît le risque d’avoir un cancer du sein. Par ailleurs, les femmes accouchent de plus en plus tard, ce qui favorise aussi le développement de la maladie.
La pilule et le traitement hormonal pour la ménopause
Le cancer du sein est avant tout lié aux hormones et aux facteurs susceptibles de modifier leur équilibre. Il n’est pas surprenant que la pilule, qui contient des hormones féminines (des progestérones le plus souvent associées à des œstrogènes), élève le risque de cancer du sein. C’est encore plus vrai pour les traitements hormonaux substitutifs (THS) prescrits après la ménopause. Cependant, ces effets sont réversibles: ils s’estompent cinq ans après l’arrêt des THS. Quant au risque associé aux contraceptifs oraux, il est plutôt négligeable car ces produits sont surtout utilisés par des femmes jeunes.
La densité mammaire
La nature des seins a aussi son importance. Plus la densité mammaire (proportion du tissu glandulaire par rapport au tissu adipeux) est grande, plus le risque augmente.
L’obésité
L’excès de poids et, dans une bien moindre mesure, la grande taille, favorisent le cancer du sein, mais seulement après la ménopause. «L’accumulation de tissus adipeux peut en effet transformer les œstrogènes en des formes hormonales qui augmentent le risque», explique Fabio Levi.
La sédentarité
L’activité physique agit sur la balance énergétique de l’organisme. Le déséquilibre entre les calories apportées par la nourriture et celles qui sont dépensées lors d’un exercice favorise l’accumulation de la graisse et, par là, le développement du cancer du sein.
L’alcool
C’est un facteur de risque clairement établi de la pathologie, «notamment chez les femmes jeunes», souligne l’épidémiologiste. A partir de trois verres par jour, la consommation d’alcool augmente le risque de 30 à 50%, et chaque verre supplémentaire l’accroît encore d’environ 7%.
Incertitudes
Il est possible que l’alimentation joue un rôle dans l’affaire, mais on ne dispose d’aucune étude concluante pour affirmer qu’un régime donné augmente le risque de cancer du sein ou au contraire protège contre la maladie. Quant au tabac, s’il est sans conteste à l’origine de nombreux cancers du poumon, il ne semble pas clairement associé à celui du sein.
Cancer du sein: la métamorphose des soins
Zoom sur le sein
Prise de poids et traitements du cancer du sein: quelques pistes de réflexion
"Après un cancer du sein, les inégalités sociales se creusent "
Tout sur la procrastination
Prévention du cancer du sein: reportage au cœur d'une double mastectomie
Cancer du sein (carcinome mammaire)
Chaque année en Suisse, environ 5500 femmes et environ 40 hommes développent un cancer du sein. Le cancer du sein est ainsi le cancer le plus fréquent dans la population féminine: il représente presque un tiers de tous les diagnostics de cancer chez la femme.