Cancer du sein: contrer les effets secondaires d’un traitement antihormonal
Plus de deux tiers des cancers du sein sont formés de cellules porteuses de récepteurs hormonaux, c’est-à-dire de cellules cancéreuses dont le développement est favorisé par l’hormone féminine, l’œstrogène. Des traitements qui s’opposent à l’activité de ces hormones, appelés communément hormonothérapie, jouent un rôle majeur dans la prévention des récidives et le traitement de ce type de cancer du sein.
Parmi eux, figure la prescription d’un anti-œstrogène, le tamoxifène,qui empêche les œstrogènes de stimuler les cellules cancéreuses. Une autre classe de médicaments est couramment utilisée, les anti-aromatases ou inhibiteurs de l’aromatase (anastrozole, létrozole et exémestane). Ceux-ci sont principalement destinés aux patientes ménopausées et bloquent l’activité de l’aromatase, une enzymes essentielle à la biosynthèse de l’œstrogène dans les tissus périphériques.
Dans un cas comme dans l’autre, ces traitements antihormonaux (hormonothérapie) pris sous forme orale pour au moins cinq ans peuvent s’accompagner d’un certain nombre d’effets indésirables pouvant affecter parfois de manière importante la qualité de vie des patientes, voire les amener à un arrêt précoce du traitement. Ces désagréments, qui s’apparentent souvent aux symptômes de la ménopause (bouffées de chaleurs, troubles de la libido, troubles du sommeil, etc.), peuvent être limités en adoptant certaines attitudes.
Bouffées de chaleur
Présentes chez plus d’un tiers des patientes, les bouffées de chaleurs et les transpirations nocturnes sont un des principaux effets indésirables induit par l’hormonothérapie. L’extrait de la plante médicinale cimicifuga, certains remèdes homéopathiques comme le klimaktoplantou encore des séances régulières d’acupuncture peuvent réduire ce type d’inconfort. Généralement utilisés si ces premiers traitements échouent, des médicaments peuvent être prescrits, tels que la venlafaxine, un antidépresseur, qui diminue ces symptômes chez environ 25 à 50% des patientes ou la gabapentine, un antiépileptique récent, qui est efficace chez 40 à 50% d’entre elles. La clonidine enfin, utilisée entre autres pour le traitement de l’hypertension, des troubles panique et des troubles du déficit de l’attention, a également démontré son efficacité, bien que son utilisation reste délicate en raison des effets secondaires possibles.
Sécheresse vaginale, troubles sexuels
Les sècheresses vaginales et la baisse de la libido sont des effets secondaires largement répandus chez les patientes sous hormonothérapie. Pour les contrer, il existe divers types de crèmes et de gels pouvant améliorer les symptômes. Les patientes prenant des anti-œstrogènes (tamoxifène) peuvent recourir à des crèmes vaginales à base d’œstrogènes. Ce remède est en revanche absolument à éviter chez les patientes qui suivent un traitement d’anti-aromatases.
Cancer de l'utérus et circulation sanguine
Le risque de développer un cancer de l’utérus augmente chez les patientes sous anti-œstrogènes (tamoxifène). Ce risque évolue avec la durée du traitement et concerne principalement les femmes de plus de 55 ans. Pour ces dernières, il est conseillé d’effectuer un contrôle gynécologique annuel. Par ailleurs, un cas de saignement vaginal chez une patiente ménopausée sous tamoxifène nécessite un contrôle impératif chez le gynécologue.
Un risque augmenté d’embolies pulmonaires et de thromboses veineuses est également associé à la prise d’anti-œstrogènes. Les prévenir nécessite dès lors une vigilance particulière, notamment lors de certaines situations comme pendant des vols long courrier ou encore avant une intervention chirurgicale.
Douleurs articulaires et ostéoporose
Les douleurs articulaires sont des symptômes communs chez les patientes traitées par anti-aromatases. Généralement, l’exercice physique et la prise d’antidouleurs de typeparacétamolsuffisent à les réduire. L’activité physique ainsi que la prise de supplément en calcium et en vitamine D sont également recommandées pour prévenir les risques d’ostéoporose, les anti-aromatases pouvant contribuer à une fragilisation précoce de la masse osseuse.
Un remède personnalisé
Il existe une panoplie de remèdes pour contrer les effets secondaires induits par l’hormonothérapie. Cependant, la prescription de ces remèdes dépend souvent de nombreux paramètres, comme le type d’hormonothérapie administré, le statut ménopausique de la patiente et le caractère de ses symptômes. Il est par conséquent primordial que la prise de ces divers remèdes soit accompagnée d’une supervision médicale. Bon nombre de femmes reçoivent à la ménopause une substitution hormonale qui doit être interrompue au diagnostic du cancer. Par conséquent souvent les symptômes ménopausiques secondaires à l’arrêt de la substitution hormonale sont confondus avec les effets adverses des traitements antihormonaux.
Les anti-œstrogènes
Développés dans les années 1970, les anti-œstrogènes sont l’hormonothérapie de référence chez les femmes pré-ménopausées présentant un cancer du sein porteur de récepteurs hormonaux (on l’administre aussi aux femmes ménopausées). Ces médicaments ont pour principe de bloquer les effets de stimulation des œstrogènes sur les cellules cancéreuses, en prenant leur place au niveau des récepteurs hormonaux. Ils agissent donc sur les effets des œstrogènes et non sur les mécanismes de fabrication d’œstrogènes.
Les anti-aromatases
Développées dans les années 1990, les anti-aromatases, également appelés inhibiteurs de l’aromatase, sont largement utilisés dans le traitement du cancer du sein chez les femmes ménopausées. Ces médicaments ont pour principe de bloquer l’activité de l’aromatase, une des enzymes nécessaires à la biosynthèse des œstrogènes. Ce faisant, ils inhibent la fabrication des œstrogènes.
Référence
Adapté de «Hormonothérapie dans le cancer du sein: efficacité et effets adverses», Dr Rahel Odermatt, Dr Anita Wolfer et Dr. Khalil Zaman, Département d’oncologie, CHUV. In Revue Médicale Suisse 2013; 9: 1090-4, en collaboration avec les auteurs.
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Cancer de la vésicule et des voies biliaires
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 310 nouveaux cas de cancer de la vésicule ou des voies biliaires. Le cancer de la vésicule biliaire touche un peu plus souvent les femmes (53 %) que les hommes (47 %). Il survient presque exclusivement à un âge avancé : deux tiers des patients ont 70 ans et plus au moment du diagnostic.
Myélome multiple (plasmocytome)
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 560 nouveaux cas de myélome multiple (plasmocytome), ce qui représente environ 1 % de toutes les maladies cancéreuses.
Cancer du sein (carcinome mammaire)
Chaque année en Suisse, environ 5500 femmes et environ 40 hommes développent un cancer du sein. Le cancer du sein est ainsi le cancer le plus fréquent dans la population féminine: il représente presque un tiers de tous les diagnostics de cancer chez la femme.