L’aspirine pour prévenir le cancer du côlon?
Nous connaissons tous l'acide acétylsalicylique. Il nous a déjà soulagés de plus d'un mal de tête. Le monde en consomme environ 40000 tonnes par an. Soit environ 130 milliards de comprimés de 300 mg. Hippocrate (460–377 av. J.-C.) recommandait déjà sa forme végétale –une préparation à base d'écorce de saule blanc– pour apaiser la souffrance et la fièvre. En 1899, les laboratoires Bayer parviennent à transformer la substance active du saule en acide acétylsalicylique et déposent une première marque: Aspirin.
Plus d'un siècle après son entrée sur le marché, l'aspirine a révélé plusieurs facettes de ses vertus thérapeutiques. Au-delà de ses propriétés antalgiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires, la médecine s'intéresse aujourd'hui au rôle qu'elle pourrait jouer dans la prévention du cancer, et notamment du cancer colorectal.
Deux grandes études américaines
Une équipe de chercheurs, conduite par Stephen P. Fink (de l'Université Case Western Reserve), a analysé les résultats de deux études à long terme menées à partir des données recueillies par l’intermédiaire de deux grandes autres études américaines (la Nurses Health Study et la Health Professionals Follow-Up Study). Dans le cadre de ces dernières, plus de 120 000 professionnels de la santé sont suivis régulièrement depuis, respectivement, 1976 et 1986. Les chercheurs ont aussi étudié, dans les deux groupes, les tissus de 270 malades atteints de cancer du côlon. Leur objectif: déterminer si les vertus préventives de l'aspirine sur l'apparition du cancer colorectal variaient selon le niveau d’expression de l'enzyme 15-HPGD (15-hydroxy-prostaglandine-déshydrogénase) dans la muqueuse du côlon.
Au sein de la population suivie, les auteurs ont recensé 270 cas de cancer colorectal pour lesquels l’information sur le niveau d’expression de la 15-HPGD était connue. Les personnes pour lesquelles une concentration élevée était retrouvée avaient un risque inférieur de 51% de développer un cancer du côlon. Cette différence n’était pas retrouvée chez ceux ayant des taux faibles de cette enzyme.
Risque cancéreux divisé par deux
Plus généralement, les chercheurs n’ont pas constaté d’association entre la prise régulière d’aspirine et une incidence réduite des cancers colorectaux chez les personnes ayant de faibles taux de 15-HPGD.
L’ensemble desrésultats ont été récemment publiés dans la revue Science Translational Medicine (1). «Lorsque les niveaux de 15-PGDH étaient élevés chez un participant, l'aspirine divisait par deux ses risques de cancer du côlon, explique le Dr Sanford Markowitz, qui a participé à l'étude. En revanche, chez les personnes qui avaient des niveaux assez faibles, la prise d'aspirine n'était d'aucune aide. Ces résultats ont tranché la question: nous savons désormais quel type de personne peut bénéficier ou non de la prise d'aspirine vis-à-vis de ce cancer.»
Comment comprendre?
Selon les chercheurs, les mécanismes d'action de la 15-PGDH et de l'aspirine expliquent le phénomène de prévention du cancer du côlon. Il faut ici savoir que les prostaglandines (dont la 15-PGDH) favorisent le développement de cette lésion, et que l'aspirine permet d'enrayer cette progression en empêchant la production de prostaglandines. L'étude montre que l'aspirine et la 15-PGDH doivent faire cause commune pour prévenir le cancer du côlon de manière efficace –ce qui explique pourquoi le médicament fonctionne mieux chez les personnes produisant cette enzyme en grande quantité. Tout dépend donc du profil génétique de la personne.
Prochaine étape: l'élaboration d'un test rentable et accessible permettant aux médecins de détecter la présence de la 15-PGDH dans le côlon de leurs patients. Les chercheurs souhaitent également organiser un essai clinique prospectif visant à confirmer ces résultats avec plus de précision.
«Pendant une colonoscopie, un gastroentérologue pourrait pratiquer une biopsie du côlon supplémentaire chez les personnes pouvant bénéficier d'un traitement préventif à l'aspirine; ce serait facile et sans danger», argumente l'un des co-auteurs de l'étude. Selon le Dr Markowitz, «un bon laboratoire d'hôpital devrait pouvoir élaborer un test de dépistage de la 15-PGDH sans peine».
(1) Un résumé technique (en anglais) de cette étude est disponible ici.
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