La toute première fois détermine-t-elle toutes les autres?

Dernière mise à jour 04/04/12 | Article
Adolescents
«La toute première relation sexuelle ne doit pas être idéalisée ou nous angoisser car elle ne détermine pas forcément la vie sexuelle future», explique le Dr Christian Rollini, psychiatre, psychothérapeute et spécialiste en sexologie à Lausanne. Précisions.

Du moins, dans le cas où cela ne se passe pas aussi bien qu’espéré, il faut garder en tête que la sexualité est une affaire d’expérience. Ainsi, si on se persuade que la première fois est décisive, alors elle risque de l’être, y compris négativement, si cela se passe mal. Se focaliser sur une mauvaise expérience, quelle qu’elle soit (attitude inappropriée du partenaire, violence, etc.), avec le risque de cristalliser une fausse croyance, peut effectivement nous figer dans un rôle qui entrave l’épanouissement sexuel. Le spécialiste conseille d’échanger avec son partenaire, d’exprimer ce qui nous a plu et ce qui nous a déplu. En cas de souffrance, envisager d’en parler à une tierce personne, voire même à un spécialiste si besoin.

Aussi, faire l’amour pour la première fois est un moment très particulier, qui peut générer beaucoup d’attentes chez l’homme et la femme, alors même, paradoxalement, qu’ils ont très peu d’expérience. Au plaisir de la rencontre charnelle s’ajoutent parfois la maladresse, la douleur ou la peur. Par exemple, décrit le Dr Rollini, «un désir trop fort et non maîtrisé du partenaire masculin peut conduire à une éjaculation précoce, ce qui ne veut pas dire que cela va se reproduire, que l’on est un "éjaculateur précoce”». De même, au féminin, la peur d’avoir mal lors de la pénétration ou la pudeur de montrer son corps peuvent empêcher le lâcher prise et diminuer le plaisir. Mais, généralement, plus on a de rapports, plus les craintes et les préjugés se dissipent et laissent la place à d’autres sensations et de nouvelles envies.

Malgré tout, la première fois reste un moment à part dans la mesure où chacun met en jeu, dans l’accomplissement de l’acte, sa personnalité, ses représentations de la sexualité, son identité de genre en tant qu’homme ou femme, sa préférence sexuelle, sa capacité à être en relation avec l’autre dans l’intimité, son éducation, son héritage. C’est ce qui fait de cette expérience banale un événement unique. Et, lorsque tout se passe bien, une première fois «réussie» met en confiance et constitue une base positive pour l’avenir de sa sexualité.

Pas innée

Accepter que la première fois est avant tout une étape peut être rassurant également. En effet, on croit souvent, à tort, que la sexualité est quelque chose d’inné, or elle s’apprend, comme bien d’autres choses. Le sport, activité qui demande aussi quelques habiletés corporelles, mais qui est de loin moins complexe que l’acte sexuel, est abordé souvent plus rationnellement: «On sait qu’une première descente à ski sera souvent laborieuse, mais plus on s’élance sur les pistes, plus on prend du plaisir. Avec le sexe, au fond, c’est pareil», commente le spécialiste. De plus, la sexualité est quelque chose de dynamique, qui évolue tout au long de la vie. En effet, on n’a pas les mêmes besoins, les mêmes envies et les mêmes attentes à 20 ans, qu’à 40 ans, à 60 ans ou après. Et, quel que soit le moment de l’existence, ces attentes peuvent aussi varier en fonction du partenaire. Ce sont tout autant de raisons d’adopter une attitude positive face à sa sexualité et de se réjouir des expériences futures.

Quelques conseils pour bien démarrer sa sexualité

  1. Échanger avec son partenaire. Oser parler de ce qui nous a plu et de ce qui nous a moins plu.
  2. Savoir remettre en question ses propres croyances et ne pas se figer dans un rôle ou dans une expérience négative.
  3. S’informer sur la sexualité, savoir comment ça marche permet souvent de dédramatiser et de modifier ses croyances.
  4. Admettre que l’expérience joue un rôle et que la sexualité évolue.
  5. En cas de doute, de mauvaise expérience à caractère traumatisant, de questions et de besoin, ne pas hésiter à s’adresser à des organismes spécialisés comme le Planning familial.
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