Doper son enfant pour l’hiver?

Dernière mise à jour 21/12/11 | Article
Piles
Petits nez qui coulent, quintes de toux qui perturbent le sommeil et états patraques qui clouent au lit. La saison froide débarque avec son lot de bactéries et de virus - il y en aurait plus de deux cents différents- responsables de la grippe, des états grippaux (dus aux virus parainfluenza), des angines, de la gastro-entérite et de diverses atteintes des voies respiratoires comme la bronchite, le faux-croup, le virus respiratoire syncytial VRS, etc.

Bien souvent les enfants, cibles privilégiées, n’y échappent pas. Et pour cause, leur système immunitaire, moins mature, est plus vulnérable aux agressions portées à l’organisme.

En tant que parent, il est tentant de vouloir à tout prix prévenir de tels épisodes. Mais peut-on véritablement mettre son enfant à l’abri des tracas hivernaux? Différents produits, censés renforcer le système immunitaire, sont proposés en pharmacie et sont vantés par la publicité: gelée royale, vitamine C, certaines huiles essentielles, échinacée, extraits de pépins de pamplemousse, etc. Qu’en est-il exactement de l’utilité de ces moyens de prévention ? Selon le Dr Jean-Daniel Krähenbühl, pédiatre au Mont-sur-Lausanne, «il n’y a aucune preuve scientifique qui confirme l’efficacité de ces produits dans la réponse immunitaire. Seuls les vaccins, notamment celui de la grippe, sont véritablement utiles.» Un constat que partage Christophe Rossier, pharmacien à Rolle et vice-président de la Société Vaudoise de Pharmacie. Aussi, la question de l’utilité ne doit pas évincer celle de la sécurité, surtout dans un cadre de prévention: «si la plupart de ces méthodes sont sans risques pour la santé, notamment pour ce qui est de l’homéopathie, le principe de précaution doit être appliqué chez les moins de 6 ans, en raison des risques d’allergie ou de surdosage», insiste le pharmacien.

Les plantes : pas inoffensives

De plus, ces produits dits «naturels» ne font pas l’objet de contrôle externe, contrairement aux médicaments ordinaires. Les effets sur les plus jeunes sont donc mal connus. Pour ce qui est des produits à base de plantes (les tisanes y compris) par exemple, on ignore souvent les conditions de culture. En conséquence, la concentration des substances actives n’est pas toujours maîtrisée. A cause de leur système immunitaire moins mature, les enfants sont davantage exposés aux réactions allergiques. Enfin, poursuit Christophe Rossier: «On peut s’interroger sur la nécessité de médicaliser son enfant dès le plus jeune âge, en donnant une granule par ci, une par là, par mesure de prévention». 

Une immunité en construction

Et, contrairement aux idées reçues, «ce n’est pas parce qu’un enfant contracte plusieurs fois le rhume ou quelconque infection durant l’hiver que ses défenses immunitaires sont faibles ou qu’il a une santé fragile. En réalité, la période hivernale favorise inévitablement la propagation des virus, ce qui donne lieu à de véritables épidémies», souligne le pédiatre. Chez un jeune enfant, ces épisodes viraux sont donc formateurs et participent à la construction du système immunitaire. Un processus normal, comme le soulèvent le Professeur Alain Gervaix, Responsable du groupe d'Infectiologie pédiatrique et des Urgences Médico-Chirurgicales de Pédiatrie des Hôpitaux Universitaires de Genève et le Dr Annick Galetto-Lacour, médecin aux Urgences pédiatriques, dans leur livre Allô docteur mon enfant est malade!* : «Il est habituel, pour un enfant de moins de cinq ans, d’avoir jusqu’à six infections virales du nez, de la gorge et des bronches et jusqu’à trois “grippes intestinales” par année (…). Plus l’enfant grandit, plus ses défenses immunitaires augmentent». Aussi, les enfants qui vont en crèche ou chez une maman de jour avec d’autres enfants, sont davantage exposés à ces virus et sont donc plus souvent malades. Mais que les parents se rassurent: le fait d’avoir déjà été en contact avec ces agents infectieux permet justement aux défenses immunitaires de se construire. Ces enfants seront ainsi mieux armés lorsqu’ils seront à l’école.

Quelques conseils simples et utiles pour éloigner les virus

A défaut d’une potion magique qui mettrait les plus jeunes à l’abri des épisodes viraux qui sévissent durant l’hiver, voici quelques gestes simples et utiles pour limiter la transmission des virus:

  • Se laver les mains régulièrement: avant de manger, après le change, lorsqu’on a côtoyé un malade, lorsqu’on se mouche ou qu’on éternue et lorsqu’on rentre chez soi.
  • Adopter une alimentation saine et équilibrée est une excellente façon de s’armer contre les virus. Si on se nourrit sainement, les compléments en vitamines ou en oligo-éléments sont inutiles!
  • Respecter ses besoins de sommeil. La fatigue augmente la vulnérabilité aux infections.
  • S’aérer, car c’est bon pour le moral et, donc, pour le corps! Un enfant déjà enrhumé peut tout aussi bien sortir, l’air frais ne le rendra pas plus malade s'il est bien habillé. Au contraire, c’est dans les milieux confinés que la transmission des virus se fait le plus facilement.
  • Eviter le tabagisme passif qui augmente de façon considérable (plus de 50%) la survenue de problèmes respiratoires, de bronchites, de toux, d’otites, etc.
  • En cas d’épisodes récidivants, une consultation chez le pédiatre permettra d’exclure des facteurs locaux qui pourraient expliquer pourquoi votre enfant est plus vulnérable à certains virus.

* Allô docteur mon enfant est malade, Annick Galetto-Lacour et Alain Gervaix, éd. Médecine & Hygiène, 2007.

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