Ados cyberharcelés: que faire?

Dernière mise à jour 22/03/16 | Article
Ados cyberharcelés: que faire?
Des insultes répétées, une mise à l’écart et d’autres provocations de ce type: le harcèlement a toujours existé, mais Internet et les réseaux sociaux ont démultiplié ses effets. Les victimes doivent en parler, les enseignants et parents doivent y être attentifs.

Le phénomène est fréquent. On estime qu’environ 10% des enfants en âge scolaire ont été victimes de harcèlement. Un phénomène particulièrement fréquent à l’école primaire, mais qui touche aussi 6% des adolescents entre 12 et 18 ans, d’après une enquête réalisée en 2012 à Genève. Ce qui fait dire à Serge Ghinet, chef de secteur au Service de santé de l’enfance et de la jeunesse (SSEJ) du canton de Genève et coordinateur du programme de prévention harcèlement, qu’il s’agit «de la forme de violence la plus courante en milieu scolaire, mais aussi la moins visible».

Le harcèlement dépasse le cadre du simple conflit entre ados. Il est fait «de microviolences, physiques ou verbales, qui se répètent et s’inscrivent dans la durée, pratiquées hors du regard des adultes», dont tout un chacun peut être victime.

Le cyberharcèlement laisse des traces

De tout temps, certains jeunes ont servi de souffre-douleur à leurs camarades. Toutefois, le développement des techniques de l’information et de la communication – et tout particulièrement des réseaux sociaux comme Facebook, les groupes de discussion WhatsApp, etc. – «a démultiplié le phénomène», constate Serge Ghinet, et lui a donné une tout autre ampleur. Les textes insultants ou les photos postés sur Internet «s’adressent à un public beaucoup plus large, ils sont difficiles à effacer et laissent donc des traces». En outre, pour celle ou celui qui le subit, le harcèlement ne s’arrête pas à la sortie de l’établissement scolaire; il se poursuit 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, même pendant les vacances.

Lorsqu’ils durent, ces agissements ont souvent des conséquences néfastes sur la santé physique et psychique de leur victime. Il n’est pas rare que celle-ci souffre «de problèmes relativement anodins comme des maux de tête et de ventre ou des vomissements, explique le spécialiste genevois. Mais aussi de stress, d’anxiété, d’une perte d’estime de soi, ce qui peut l’amener à consommer de substances à risque, la plonger dans la dépression, voire donner naissance à des idées suicidaires». Certains adolescents sont d’ailleurs passés à l’acte, comme cette Française de 15 ans qui, il y a un an, a mis fin à ses jours parce qu’une vidéo la montrant dans une position provocante circulait sur les réseaux sociaux, ou celle du même âge qui s’est jetée sous un train le 3 mars apparemment suite à la diffusion par sms d’une photo intime.

Les persécutions ont aussi des répercussions sur le plan de la scolarité. «La victime acquiert une perception négative de l’école, elle s’absente, elle arrive en retard et, à terme, cela diminue ses résultats».

Briser la loi du silence

Que peut faire l’adolescent harcelé? «En parler à un adulte, afin de briser la loi du silence», répond Serge Ghinet. Le canton de Genève, qui joue un rôle pilote dans ce domaine, a d’ailleurs lancé un plan d’action et de prévention contre le harcèlement, numérique ou non. Dans ce cadre, un protocole type précisant la marche à suivre au sein de l’école a été établi. «Une fois informés d’un cas de harcèlement, les chefs d’établissement, avec l’aide des infirmières scolaires, des éducateurs, des conseillers spéciaux, etc., doivent évaluer la situation, puis agir rapidement pour faire cesser les agissements répréhensibles». Cela passe par des entretiens individuels avec les principaux acteurs concernés –victime, harceleurs, élèves témoins, parents, etc. Lorsque le problème semble réglé, «il est important de suivre l’affaire pendant quelques semaines pour éviter que tout recommence», souligne le chef de secteur du SSEJ.

Quant aux parents de la victime, Serge Ghinet leur recommande «d’être attentifs à ce que disent leurs enfants et, lorsque c’est nécessaire, de ne pas hésiter à aller à leur école pour parler du problème, mais de s’abstenir de tout règlement de compte avec les parents des harceleurs». En dernier recours, ils ont aussi la possibilité de porter plainte.

Dans son volet consacré à la prévention, le programme genevois de lutte contre le mobbing met notamment divers outils pédagogiques à la disposition des enseignants.

Il faut toutefois se faire une raison, «on ne parviendra pas à éliminer complètement le harcèlement, précise Serge Ghinet. Toutefois, si les enseignants portent sur le phénomène un regard plus précoce, ils aideront à le faire cesser rapidement» et à réduire ainsi le nombre de victimes de ces agissements répréhensibles.

 

Des conseils pour éviter d’être cyberharcelé

Pour se préserver du cyberharcèlement, Serge Ghinet recommande de «veiller à faire bon usage» des réseaux sociaux, notamment en adoptant des règles simples:

  • réfléchir avant de poster un texte ou une photo;
  • vérifier les paramètres de confidentialité, afin de protéger son identité numérique sur les réseaux sociaux;
  • ne pas accepter une demande de contact de la part d’une personne que l’on ne connaît pas;
  • ne jamais révéler son mot de passe, ni son identité, son adresse ou son numéro de téléphone.

 

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