Alcool: quel est donc le «bon exemple» que doivent montrer les parents?
On peut ou pas se cacher derrière son verre mais le fait est bel et bien là: le comportement des parents vis-à-vis des boissons alcooliques peut avoir un impact significatif sur les futures habitudes de consommation de leurs enfants. Et ce à l'adolescence (au moment où ils commencent à croiser la réalité alcoolisée) mais aussi plus tard, dans leur vie d’adulte. Telle est la conclusion d’un travail riche d’enseignements conduit par l’organisme britannique Demos.
Demos? Il s’agit d’un groupe de réflexion («think tank») sur lequel on peut en savoir plus en cliquant ici http://www.demos.co.uk./. Son approche sur les questions de société ne se fonde pas sur les seules conclusions des experts enfermés dans leurs «tours d’ivoire». Il s’agit au contraire de tisser des liens hors du champ politique, de réunir des compétences via des jurys de citoyens, des groupes de discussions, des ateliers délibératifs. En 2012 le travail de Demos, très présent dans la vie publique britannique, a porté sur des questions relatives à la famille et à la société, à la violence et aux extrémismes. Le but affiché est, schématiquement, de mettre en œuvre les outils qui aideront à parvenir à une société composée de citoyens mieux informés et dotés d’une plus grande autonomie. Utopie?
La discipline n’est pas incompatible avec l’affection
On sait que l’alcoolisme est un problème majeur de santé publique au Royaume-Uni. L’actuel gouvernement de David Cameron a fait de la lutte contre la consommation excessive d’alcool l’une de ses priorités sanitaires. On évoque souvent l’alcool facteur de violences et désordres publics. Mais il y a aussi l’alcool «domestique». Au Royaume-Uni les spécialistes estiment que plus de 2,5 millions d'enfants, parmi lesquels 90 000 tout-petits, vivent avec un parent qui consomme «dangereusement» des boissons alcooliques.
Le travail mené sur ce thème vient de donner matière à un rapport (que l’on peut consulter ici même). Ses auteurs estiment au final que le «style parental» a un impact significatif sur les habitudes de consommation des enfants à l'adolescence et, plus tard, dans leur vie d'adultes. Ils définissent aussi le type d’éducation qui semble le plus protecteur dans ce domaine. Les auteurs ont mené des entretiens approfondis avec les membres de cinquante familles directement concernées par les conséquences de consommations excessives d’alcool. Ils parviennent à la conclusion que ces consommations excessives conduisent à des modes d’éducation moins strictes et moins chaleureux; mais aussi à un risque élevé de reproduction des comportements à risque.
Le rapport est basé sur les données d’une étude dite «de cohorte de naissance» qui a permis le recueil d’une série d’informations détaillées sur la consommation d'alcool des parents (quantité, fréquence) ainsi que sur les différentes caractéristiques de la vie familiale. Les chercheurs ont alors pu dégager quatre types principaux de comportement parental. Schématiquement: «démissionnaire», «laisser-faire», «autoritaire» et un quatrième combinant assez harmonieusement «discipline» et «affection». Ils ont ensuite cherché à déterminer si les styles parentaux ainsi définis pouvaient ou non être corrélés avec les différents niveaux de consommation d’alcool des enfants lorsque ces derniers atteignaient l’âge de 16 ans puis de 34 ans.
La mère plus que le père
Pour compléter leur analyse ces mêmes chercheurs ont conduit des entretiens approfondis avec les membres de cinquante familles au sein desquelles au moins un des parents était en relation avec un service spécialisé de soutien au sevrage alcoolique. Au final, les auteurs de ce travail font plusieurs constatations. Ils observent notamment que les parents parvenant à combiner une réelle affection et une discipline cohérente ont des enfants qui, au cours de leur vie, seront majoritairement « sans problèmes » avec l’alcool. A l’inverse, des parents décrits par les enfants comme des buveurs «impénitents», sont nettement moins susceptibles de fournir cette éducation réussissant à combiner affection et discipline. C’est tout particulièrement vrai pour les mères «buveuses»: elles sont beaucoup moins à même que les pères d’apporter ce style d’éducation.
Les enfants de mères fortes consommatrices d’alcool sont, d’autre part, statistiquement plus exposés au risque d’être plus tard les propres victimes de cet abus répété et massif d’alcool qu’est le binge drinking. Il ne semble pas en aller de même si les consommations excessives sont le fait du père. Pourquoi?
Il apparaît aussi qu’en dépit de la très grande fréquence de l’alcoolisation excessive au sein des familles, très peu de parents trouvent la force de faire appel aux services spécialisés de soutien et de prise en charge contre la dépendance à l’alcool. De la même manière, très peu de parents victimes de cette dépendance et qui abusent de boissons alcoolisées ont véritablement conscience des conséquences négatives de leur comportement et de leur pathologie sur leurs enfants. Ou alors on retrouve le phénomène de déni, un des traits majeurs de la maladie alcoolique. On peut aussi voir là un possible levier d’action pour aider à briser cette dépendance chez les parents qui en sont victimes. Les auteurs plaident en faveur d’une nouvelle stratégie de prévention ainsi que de communication et d’information auprès des familles ou des parents, combinée à l'identification précoce de la présence d’une dépendance et le soutien aux parents concernés quand leurs enfants sont encore jeunes.
Rien n’interdit de penser que ces observations et conclusions sont également valables ailleurs que sur le sol britannique.
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