Diabète: 40 000 Vaudois sont touchés
Le diabète, comment vivre avec? Au quotidien, comment les malades gèrent-ils cette maladie qui touche un Vaudois sur quinze, soit plus de 40 000 personnes? Il faut d’abord rappeler ce qu’est le diabète: un trouble de la manière dont notre corps assimile le sucre que nous ingérons. Dans le diabète de type 1, l’organisme ne peut pas produire d’insuline, une hormone qui permet de faire rentrer le sucre dans les cellules. Dans le diabète de type 2, souvent lié à l’obésité et au manque d’exercice, les cellules deviennent de moins en moins sensibles à l’insuline. Tous deux provoquent souvent une fatigue ou une prédisposition aux infections. De nombreuses complications, parfois graves, sont aussi possibles: le diabète doit donc être traité et contrôlé.
Contrôler
Un contrôle trimestriel du diabète chez son médecin est ainsi essentiel, explique la Doctoresse Isabelle Hagon-Traub, directrice du programme diabète vaudois et médecin diabétologue à l’Ensemble hospitalier de La Côte. De même que des vérifications régulières des yeux, des reins, des pieds et de la sensibilité, souvent touchés par les complications de la maladie. Au jour le jour, les malades testent eux-mêmes le taux de sucre qui circule dans leur sang, une mesure que l’on appelle la glycémie. Il s’agit de se piquer le bout des doigts et déposer une goutte de sang sur une bandelette que traite ensuite un appareil. «Les plus petits lecteurs de glycémie ont aujourd’hui la taille d’une clé USB, explique la spécialiste. Il y a d’ailleurs la possibilité de les brancher sur un ordinateur et d’en tirer toutes sortes de statistiques.» La fréquence de ces contrôles varie d’une fois par semaine à plusieurs fois par jour.
Un parcours en groupe pour rebouger
«Le programme Diafit est validé par Santésuisse, remboursé par les assurances et proposé dans différents centres dont l’Ensemble hospitalier de La Côte, explique Véronique Titelion, physiothérapeute. Il s’agit de redonner aux patients diabétiques le goût de l’activité physique. Avec huit à douze participants, nous effectuons trois séances d’une heure par semaine durant douze semaines. Ils participent également à six ateliers d’information dispensés par la Doctoresse Hagon-Traub, la diététicienne Diafit et l’infirmière du pôle en diabétologie. Les activités sont différentes: il y a de la gymnastique, de la piscine, de la marche et du fitness. Il n’y a pas de notion de compétition ou de performance, chacun peut aller à son rythme, le but étant de bouger. La majeure partie des patients sont très sédentaires, et leur maladie ne les aide pas à bouger. Mais la dynamique de groupe qui se crée est formidable. Certains se revoient ensuite pour continuer à faire de l’activité physique ensemble. Nous proposons aussi un cours de suivi l’hiver, une saison où il est plus difficile de se maintenir en mouvement. Les personnes intéressées peuvent demander à leur médecin traitant de les inscrire à un programme Diafit. Et les médecins eux-mêmes peuvent proposer à leurs patients diabétiques d’y participer.»
Traiter
Deux grandes familles de traitements permettent aux malades de juguler les symptômes du diabète et de réduire le risque de complications. Le plus connu est l’injection d’insuline. Le principe est simple: donner au corps la substance qui lui manque pour réguler le sucre. Cela concerne principalement les patients avec un diabète de type 1 mais on utilise aussi de plus en plus ces traitements chez les diabétiques de type 2 qui vivent depuis longtemps avec la maladie. «Ces patients font tous les jours une injection d’insuline dite de base qui agit sur 24 heures, détaille la Doctoresse Hagon. Puis, avant les repas, ils s’injectent une insuline à l’effet plus rapide et plus court qui contrôlera pendant le repas la métabolisation du sucre qu’il contient.» Ces traitements modernes présentent l’avantage de se calquer sur le mode de vie du patient. Ils permettent plus de souplesse quant aux horaires et aux aliments ingérés. Alors qu’avec les préparations d’insuline précédentes, il fallait faire des collations régulières tout au long de la journée. L’autre moyen de traiter la maladie concerne les diabétiques de type 2. Les antidiabétiques oraux «font baisser le taux de sucre, mais les médicaments récents évitent qu’il ne descende trop bas et crée des hypoglycémies, poursuit la spécialiste. Certains ont aussi l’effet bénéfique de stabiliser le poids, voire de le réduire.»
Manger, bouger
Enfin, l’alimentation et l’activité physique jouent un rôle crucial dans la gestion du diabète. Pour la première, les médecins ont beaucoup libéralisé leurs prescriptions. «Nous ne sommes plus du tout dans le «Il ne faut pas» que nous imposaient les traitements avec peu de nuances dont nous disposions précédemment», explique la Doctoresse Hagon-Traub. Pour autant, gérer précisément sa glycémie nécessite de connaître les proportions d’hydrates de carbone de son alimentation. Des applications qui répertorient ces valeurs facilitent ce calcul. Quant à bouger, c’est essentiel pour contrôler son poids et faire baisser la glycémie. Les médecins doivent donc prescrire du mouvement à leurs patients, en précisant la fréquence et le type d’exercices à effectuer. «Il s’agit de bouger au quotidien et, si possible, faire une activité physique d’endurance trois fois par semaine pendant une demi-heure», résume la spécialiste. Des programmes de reprise du mouvement comme Diafit, proposé à l’Ensemble hospitalier de La Côte (lire encadré) sont des aides précieuses dans cette voie.
La dialyse... durant la nuit
Dans certains cas de diabète de longue date, les reins ne fonctionnent plus correctement. On pallie cette insuffisance rénale (qui peut avoir de nombreuses autres causes) par un procédé appelé dialyse. Dans celle-ci, on connecte le patient à une machine qui épure son sang comme le feraient les reins. Le processus est assez long, de deux à quatre heures, et donc très contraignant pour des malades qui doivent être dialysés trois fois par semaine. Pour y remédier, s’est ouvert à Prilly le Galicien, le seul centre qui pratique aujourd’hui la dialyse nocturne en Suisse. «Plus longue, celle-ci est néanmoins plus douce pour l’organisme, explique le Dr Ghaleb Nseir, médecin responsable. Elle élimine également mieux tous les déchets, notamment les phosphates.» Le patient arrive vers 22 h, est pris en charge par des infirmiers et placé dans un lit. On le connecte à la machine de dialyse… et on le débranche le lendemain vers 6 h du matin. «Au début, les gens ont de la peine à s’endormir, relate le néphrologue. Mais après une ou deux semaines d’adaptation, ils s’assoupissent aisément et dorment l’équivalent d’une petite nuit.» Ces traitements de nuit diminuent considérablement la plupart des complications liées à la dialyse chez des personnes jeunes qui seraient dialysées durant de nombreuses années.
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Diabète
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