Zika: principales questions et réponses sur cette nouvelle épidémie virale
Quels pays sont touchés par le virus Zika?
Entre janvier 2014 et le 10 février 2016, une trentaine de pays ont rapporté des cas de Zika, principalement en Amérique du Sud et en Amérique Centrale. Il faut aussi compter avec quelques cas importés aux Etats-Unis, en Europe (Italie, France, Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Suisse), en Australie, en Thaïlande et en Chine (chez un voyageur revenant du Venezuela). Entre octobre 2013 et avril 2014, une épidémie avait sévi en Polynésie Française. Au 1er décembre 2015, neuf états d’Amérique latine avaient confirmé la circulation autochtone du virus Zika: le Chili, le Brésil, la Colombie, le Salvador, le Guatemala, le Mexique, le Paraguay, le Suriname et le Venezuela.
Aujourd’hui, le Brésil est le pays le plus touché, suivi de la Colombie. L’Europe, l’Australie, la Thaïlande et la Chine ne comptabilisent que de très petits nombres de cas importés. Ces cas ne constituent en rien une menace épidémique dans les pays concernés.
Pourquoi «Zika»?
Tout simplement parce que ce virus a été détecté la première fois dans la forêt Zika, au bord du lac Victoria sur la presqu’île d’Entebbe. C’était en avril 1947 chez un singe macaque rhésus utilisé comme «sentinelle» lors d’une étude de la fièvre jaune.
La transmission de ce virus par un moustique du genre Aedes sera démontrée artificiellement en laboratoire en 1956. Le premier cas humain est décrit en 1964. Quatre années plus tard, en 1968, puis à nouveau entre 1971 et 1975, le virus est isolé chez l’homme au Nigeria. Entre 1951 et 1981, des preuves d’infections, par isolement de virus ou par la recherche de traces sérologiques chez l’homme, sont détectées dans plusieurs pays africains et asiatiques. Le génome de ce virus a été séquencé pour la première fois en 2006.
Quels sont les symptômes de l’infection?
Le virus Zika appartient à la famille des Flaviviridae, comme les virus de la dengue, de la fièvre jaune ou du Nil occidental. Il se transmet d’homme à homme par l’intermédiaire d’une piqûre de moustique du genre Aedes, dont Aedes aegypti. Quand ils existent, les symptômes sont le plus souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures), avec ou sans éruptions cutanées. Ils se manifestent dans les trois à douze jours qui suivent la piqûre par le moustique contaminé. Le Zika peut également se manifester par une conjonctivite ou par une douleur derrière les yeux, ainsi que par un œdème des mains et/ou des pieds. La fièvre est peu élevée.
Comment on la soigne?
De même qu’il n’existe pas (encore) de test permettant un diagnostic de routine à partir d’une prise de sang, il n’existe pas non plus de traitement curatif, ni de vaccin préventif. L’utilisation d’aspirine est fortement déconseillée en raison des risques de saignement.
Comment s’en protéger?
Les autorités sanitaires recommandent de se protéger contre les piqûres de moustique (vêtements couvrants, produits répulsifs, moustiquaires sur les berceaux et poussettes), y compris la journée. Car le moustique Aedes a une activité principalement diurne avec une recrudescence d’activité le matin et en fin de journée. Plusieurs autorités sanitaires recommandent aux femmes exposées au risque infectieux de retarder, le cas échéant, leur projet de maternité tant que l’épidémie n’est pas sous contrôle. Et aux femmes enceintes de ne pas se rendre dans les zones à risque.
Comment prévenir l’épidémie?
Les autorités sanitaires recommandent de détruire les larves de moustiques ainsi que les gîtes potentiels de reproduction des moustiques autour et dans l’habitat (récipients contenant de l’eau stagnante).
Pourquoi le virus Zika inquiète-t-il?
Si elle est dans la plupart des cas bénigne, l’infection par le virus Zika est suspectée d’être responsable de malformations fœtales en cas d’infection durant la grossesse. C’est cette hypothèse, même si elle fait l’objet de controverses, qui a été à l’origine de la décision de l’OMS.
L’infection par le virus Zika aurait été confirmée chez plusieurs enfants nés avec une microcéphalie au Brésil, sans qu’un lien de cause à effet puisse être établi. On dispose, depuis peu, de résultats de nouvelles recherches en faveur d’un lien de causalité: présence du virus dans le cerveau de fœtus microcéphales ainsi que dans le liquide amniotique. Par ailleurs, un nombre anormalement élevé de malades atteints du syndrome de Guillain Barré (atteinte des nerfs périphériques entraînant une paralysie, voir encadré) a été observé lors des épidémies précédentes de Zika sans que l’on puisse, là encore, conclure de manière définitive.
Le syndrome de Guillain Barré
On désigne ainsi une atteinte spectaculaire des nerfs périphériques caractérisée par une faiblesse, voire une paralysie progressive, débutant le plus souvent au niveau des jambes et remontant parfois jusqu’à atteindre les muscles de la respiration puis les nerfs de la tête et du cou. Ce phénomène impose une hospitalisation dans un service spécialisé. D’origine inconnue, ce syndrome (aussi appelé polyradiculonévrite aiguë inflammatoire, ou encore polyradiculonévrite aiguë post-infectieuse) survient souvent après une infection. Dans la majorité des cas, les personnes atteintes récupèrent leurs capacités physiques au bout de six à douze mois.
La présence du virus dans le sang et le sperme
Certaines observations ont laissé penser que l’infection pourrait être transmissible par voie sanguine et sexuelle, ce qui a conduit différentes autorités sanitaires à prendre des mesures de précaution de nature à réduire ce risque. Le recours au préservatif masculin a, ici ou là, été recommandé.
Le temps des rumeurs
Faute de certitudes scientifiques, la situation se complique avec de nouvelles accusations, hypothétiques: les microcéphalies seraient la conséquence non plus du virus, mais des produits insecticides utilisés contre les moustiques. Ces accusations font suite à la publication d’un rapport coordonné par des médecins argentins et brésiliens et repris sur différents sites écologistes. Les auteurs accusent l’insecticide pyriproxifène, un produit utilisé pour éliminer les larves de moustiques au Brésil. C’est aussi un insecticide recommandé par l’OMS pour lutter contre les moustiques responsables des épidémies de dengue. Des voix s’élèvent aujourd’hui pour demander l’arrêt des pulvérisations aériennes massives pour lutter contre les moustiques.