Zika et microcéphalie: le lien de causalité est désormais établi
La démonstration synthétique est apportée dans The New England Journal of Medicine: «Zika Virus and Birth Defects – Reviewing the Evidence for Causality». Et elle est reprise dans The New York Times: «Zika Virus Causes Birth Defects, Health Officials Confirm». C’est dire si elle a, désormais, toutes les apparences de l’évidence.
Plus aucun doute
La publication, dirigée par la Dresse Sonja A. Ramussen (Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) d’Atlanta), est d’ores et déjà commentée, en boucle, par le Dr Tom Frieden, directeur des CDC: «C’est désormais clair, les CDC ont conclu que le Zika provoque bien la microcéphalie et d’autres défauts sévères du cerveau chez le fœtus. Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons mais il n’y a plus aucun doute, le Zika est une cause de la microcéphalie.»
Selon le Dr Frieden, cette étude de ses services «marque un tournant dans cette épidémie». Cette dernière affecte surtout l’Amérique du Sud –et plus particulièrement le Brésil où on aurait dénombré plus de 1,5 million de cas et observé une forte augmentation des cas de microcéphalie. Des doutes demeurent toutefois quant à la fiabilité des chiffres avancés.
Guillain-Barré
Les auteurs de la publication n’ont pas encore pu établir avec certitude de lien entre une infection par le Zika et le syndrome de Guillain-Barré.
Préservatifs
«Cette confirmation est basée sur une analyse étendue des meilleures indications scientifiques menée par les CDC et d’autres experts en santé maternelle, du fœtus et des maladies transmises par des moustiques, a précisé le Dr Frieden. Ces recherches épidémiologiques, cliniques et moléculaires ont chacune produit de nouvelles données qui nous aidé à résoudre le puzzle. Nous pensons que la microcéphalie fait probablement partie d’un éventail de défauts de naissance qui pourraient affecter les femmes, soit à un moment particulier de la grossesse, ou durant toute la grossesse. Jamais avant cela nous n’avions connu une situation dans laquelle la piqûre d’un moustique pouvait provoquer une malformation dévastatrice chez le fœtus.»
Pour autant rien n’est acquis: il faudra peut-être encore des années avant de pouvoir répondre à des questions essentielles –à commencer par situer la période de la grossesse durant laquelle le risque de cette malformation cérébrale est le plus grand. En pratique rien ne change quant aux recommandations destinées à protéger les femmes enceintes, comme d’éviter de se rendre dans des pays à risque. Le Dr Frieden rappelle notamment l’importance du préservatif chez les partenaires des femmes qui attendent un enfant ou pourraient tomber enceintes revenant d’une zone où l’infection est active. Il en va de même pour «les couples qui résident dans ces zones».
Piqûres et voie sexuelle
Les CDC ne disent rien quant à la question (hautement politique en Amérique du sud) de l’interruption de grossesse. Ils recommandent que les hommes qui ont été infectés utilisent des préservatifs durant six mois après le début de l’infection (qui est le plus souvent asymptomatique…). L’Agence France Presse (AFP) souligne pour sa part la publication, toujours dans le New England Journal of Medicine, d’une étude française (Inserm, Invs, AP-HP, French Armed Forces Biomedical Research Institute, Marseille) démontrant une totale corrélation génétique entre la souche du virus présente chez un homme ayant contracté le Zika au Brésil et celle d’une femme n’ayant jamais voyagé dans une zone épidémique mais ayant eu des rapports sexuels avec lui («Evidence of Sexual Transmission of Zika Virus»). C’est, pour le coup, désormais officiel: le virus Zika se transmet par piqûre de moustiques femelles ainsi que par voie sexuelle.