Coups de soleil et allergies ne sont pas toujours bénins

Dernière mise à jour 12/08/15 | Article
Coups de soleil et allergies ne sont pas toujours bénins
Peau qui rougit et brûle, parfois qui cloque, éruption cutanée… les méfaits, à court ou à long terme, d’une exposition excessive au soleil sont connus. Quelques mesures simples permettent de les éviter.

Comment profiter des bienfaits du soleil tout en ménageant sa peau? Les conseils de deux dermatologues, le Dr Rastine Merat, médecin adjoint de l’unité d’onco-dermatologie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), et le Dr Bernard Noël, dermatologue au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

Les coups de soleil

Votre peau est rouge, vous ressentez une sorte de brûlure 24 heures après une exposition excessive au soleil et, dans le pire des cas, des cloques se forment. C’est un coup de soleil. Les UVB en sont les principaux responsables. A long terme, les coups de soleil répétés accélèrent le vieillissement de la peau et sont un facteur de risque des cancers cutanés, parmi lesquels le mélanome. Alors comment s’en protéger? D’abord en connaissant mieux les différentes situations d’exposition au soleil.

Les rayons UV

Quel que soit l’endroit du globe, mieux vaut s’exposer au soleil tôt le matin ou en fin d’après-midi et l’éviter lorsqu’il se trouve au zénith. Mais plus on s’approche de l’équateur, plus la période où le soleil est dangereux s’allonge. Par ailleurs, les abords de l’eau (à cause du réfléchissement) et la haute altitude (en raison d’une moindre protection par l’atmosphère) sont d’autres situations à risque. Les expéditions en haute montagne exigent donc une protection élevée. Enfin, les personnes à la peau mate sont naturellement moins sensibles que celles à la peau claire –ce qui ne les exonère pas de protection dans des contextes extrêmes, comme la haute montagne ou les heures de fort ensoleillement.

L’ombre et les nuages sont des barrières contre les UV, mais leur efficacité reste partielle. A l’ombre, on reçoit encore 50% des UVA. De même, il faut se méfier d’un ciel nuageux, car les UV passent à travers. De plus, les nuages diminuant la sensation de chaleur, on a tendance à s’exposer plus longuement.

Le saviez-vous?

  • Attraper cinq fois des coups de soleil avec des cloques, c’est multiplier par deux le risque de développer un mélanome.
  • De trente à quarante ans: c’est le nombre d’années que peut mettre un mélanome pour se développer, mais cela peut aussi être beaucoup plus rapide. Les coups de soleil durant l’enfance sont déterminants dans la genèse des cancers de la peau.
  • Pour un enfant de moins de 2 ans, privilégier, par précaution, une crème solaire à filtres minéraux. Parce qu’ils réfléchissent les UV, offrant une barrière physique, ces derniers pénètrent moins dans la peau que les filtres chimiques qui, eux, les absorbent.
  • En été, en moins de 40 jours, on reçoit 50% de la quantité d’UVA annuelle.
  • 50+: c’est l’indice maximal affiché par les crèmes solaires même si l’indice mesuré en laboratoire est parfois supérieur.

Pas le choix, donc: si on veut profiter du soleil en toute sécurité, il faut suivre une série de règles. La première est de ne pas s’exposer aux heures les plus dangereuses. Les autres sont de privilégier l’ombre, de porter chapeau et lunettes, de se protéger avec des vêtements, si possible anti-UV. Les crèmes solaires permettent d’éviter les coups de soleil mais sont peu utiles contre le mélanome.

L’allergie au soleil

Le lendemain d’une exposition au soleil, il arrive que de petits boutons rouges apparaissent sur des zones bien localisées du corps: le décolleté, les bras ou les jambes. Cette éruption fait penser à de l’urticaire ou à de l’eczéma, mais peut prendre des aspects différents selon les personnes. Elle démange sans laisser de cicatrices. Il s’agit d’une lucite estivale bénigne, réaction de type allergique qui survient généralement après les premières expositions ou plus tard dans la saison, lorsqu’on se rend dans des régions où les rayons du soleil sont particulièrement intenses. Cette affection peut se déclarer à n’importe quel âge de la vie.

Elle est assez fréquente et touche plus volontiers les femmes et les personnes à peau claire: «Ses mécanismes sont mystérieux. Elle peut durer quelques années et disparaître ensuite. Elle apparaît surtout sur les parties du corps qui sont couvertes en hiver, épargnant le visage et les endroits qui sont le plus habitués au soleil», commente le Dr Bernard Noël. Pour éviter ce type de réaction cutanée, il est conseillé de s’exposer très progressivement au soleil, en commençant par quelques minutes par jour seulement pour que la peau s’habitue. Que faire une fois que l’éruption est apparue? Le meilleur remède consiste à éviter le soleil les jours qui suivent –ce qui n’est pas toujours facile en vacances… On peut également appliquer une crème hydratante, et si l’éruption s’avère très inconfortable, une crème à base de cortisone.

L’urticaire solaire est un autre type de réaction allergique au soleil, plus rare, mais plus sévère. Après une exposition, des plaques rouges ressemblant à de l’urticaire apparaissent sur tout le corps, visage compris. Les symptômes ne s’atténuent pas après plusieurs expositions successives, contrairement à ceux de la lucite. Généralement, l’inconfort est tel qu’il conduit à une consultation médicale.

L’astuce

Pour que la crème solaire offre la protection contre les coups de soleil promise sur l’emballage, il faut en appliquer 2 mg par centimètre carré. Une quantité qui correspond à celle utilisée en laboratoire pour tester son efficacité. En pratique, pour une personne de corpulence moyenne, cela correspond à deux cuillères à café sur chaque partie du corps (tête, tronc et jambes) et à une sur chaque bras (soit dix cuillères au total), à renouveler toutes les deux heures. On choisira un indice correspondant à la fois à son type de peau et au contexte d’exposition, de préférence supérieur ou égal à 30 et 50 pour les peaux les plus fragiles et les situations extrêmes. Attention, la crème solaire à elle seule ne suffit pas pour se protéger du soleil et du cancer de la peau. Les autres mesures doivent être respectées.

Les marques sur la peau

Les rayons du soleil peuvent entraîner des réactions cutanées chez les personnes qui se traitent avec certains médicaments dits «photosensibilisants», parmi lesquels certains antibiotiques, antidiurétiques, anti-hypertenseurs, anti-inflammatoires non-stéroïdiens. Soumise au soleil, la peau rougit d’un coup, comme lors d’un coup de soleil, mais de façon exagérée par rapport au temps d’exposition. Des produits à base de plantes (citron, bergamote, millepertuis par exemple) peuvent provoquer des réactions semblables. Avant d’aller au soleil, lisez donc la notice d’emballage de vos médicaments ou demandez conseil à votre pharmacien. Gare également aux cosmétiques parfumés et aux parfums eux-mêmes qui peuvent laisser des taches tenaces sur la peau lorsque le soleil interagit avec eux. Mieux vaut y renoncer avant la plage ou parfumer ses vêtements.

Au retour de vacances, malgré le teint hâlé, certaines personnes sont frappées d’une poussée de boutons appelée «acné de Majorque». Les responsables? Les écrans solaires, ces produits très gras qui ont l’art de boucher les pores de la peau. Pour limiter leurs effets comédogènes, on peut se tourner vers des gammes spécifiques moins grasses. Bien nettoyer sa peau à la fin de la journée est aussi efficace.

En collaboration avec

Le Matin Dimanche

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