Désensibilisation : halte aux allergies

Dernière mise à jour 14/12/11 | Article
Une femme dans les fleurs
Elles ont l’air de nous gâcher la vie. Les allergies sont de plus en plus répandues. Heureusement, il existe des traitements pour atténuer leurs effets indésirables. Zoom sur la désensibilisation allergique.

Conséquence de notre mode de vie moderne et d’une plus grande variété d’aliments dans notre assiette, les allergies sont de plus en plus fréquentes. En Suisse, selon le Centre suisse pour l’allergie, la peau et l’asthme, deux millions de personnes sont concernées. Le nez qui coule, des éternuements à répétition, les yeux rouges, l’asthme, l’eczéma en sont les principales manifestations. Plus ou moins intenses selon les individus, elles gâchent la qualité de vie de ceux qui en sont atteints quand elles ne portent pas gravement atteinte à leur santé.

Les armes anti-allergies

Pour y faire face, il s’agit d’abord de déterminer, au moyen de différents tests, ce qui provoque les réponses immunitaires excessives de l’organisme à des substances dites «allergènes». Un processus complexe qui nécessite souvent l’intervention d’un spécialiste. Pour prévenir, éviter ou soulager les symptômes, une modification du mode de vie, avec selon les cas des mesures d’éviction ou de limitation de l’exposition aux allergènes et un traitement pharmacologique (antihistaminiques et corticoïdes) seront envisagés. Pour modifier le cours de l’allergie à long terme, le médecin préconisera une désensibilisation par voie sous-cutanée, particulièrement indiquée dans le cas d’allergies respiratoires. Pour autant qu’il puisse être prescrit, ce traitement, pour lequel il faut compter trois ans en moyenne, offre l’espoir d’une rémission prolongée et d’un faible taux de récidives.

Appelée aussi immunothérapie spécifique ou vaccination allergénique, la désensibilisation est le fruit d’expériences empiriques, menées au début du 20ème siècle. On démontre en 1911 que des injections sous-cutanées répétées à base d’extrait naturel de graminées, administrées hors de la saison pollinique, permet une réduction des symptômes chez des patients souffrant de rhume des foins. Quelques mois plus tard, Freeman, un autre chercheur, confirme ces résultats probants. Il observe en effet que cinq à six injections sous-cutanées, administrées à intervalle de sept à dix jours et à des doses croissantes avant et pendant la saison des pollens , améliore significativement les symptômes de ses patients.

La désensibilisation : une technique centenaire

Les progrès de la recherche et une meilleure compréhension des mécanismes en cause dans la réponse allergique permettent aujourd’hui de tirer parti de cette méthode centenaire et d’en optimiser le principe. Différentes perspectives thérapeutiques de désensibilisation font l’objet d’évaluations. Les extraits naturels que l’on injecte par voie sous-cutanée en vue de réhabituer l’organisme à la substance allergène peuvent être remplacés par des «recombinants», obtenus par génie génétique. Il s’agit, en quelque sorte, d’allergènes purifiés, fabriqués par des bactéries. Ce procédé permet d’obtenir des allergènes à la fois plus standardisés et plus spécifiques. La quantité d’allergènes présents est plus facilement vérifiable et les effets recherchés plus maîtrisés. Concrètement, le risque de provoquer des allergies croisées ou d’autres réactions d’hypersensibilité lors des injections est moins important.

Dans la démarche diagnostique, le recours aux recombinants est très répandu: les tests effectués avec ces substances permettent d’identifier précisément les protéines allergéniques en cause ainsi que les réactions croisées. Sur le plan thérapeutique en revanche, elles doivent encore faire leurs preuves, même si plusieurs études randomisées ont prouvé leur efficacité. C’est le cas d’une étude réalisée en 2005 sur une soixantaine de sujets souffrant d’une allergie simple aux graminées. Durant plus de 18 mois, une solution composée de cinq recombinants leur a été administrée à des doses croissantes. Une amélioration significative tant au plan de l’intensité des symptômes que du recours à la médication a été observée. Si l’efficacité des recombinants s’est révélée comparable à celle des extraits naturels, cela n’a pas été directement vérifié dans cette recherche. Une faiblesse contrebalancée par une autre étude de 2008, qui a cette fois permis de comparer l’utilisation de l’allergène majeur recombinant du bouleau, avec un extrait naturel, avec un allergène naturel purifié et avec un placebo. Les résultats, également prometteurs, pourraient même être extrapolés à d’autres types d’allergènes que le bouleau et les graminées.

De nouvelles perspectives

Si, au même titre que les recombinants, les peptides d’allergènes ont une longueur d’avance en matière de traitements contre les allergies respiratoires (notamment), d’autres procédés de désensibilisation, tels que le recours aux allergènes dénaturés (les allergoïdes) ou à des agents biologiques sont eux aussi en cours d’évaluation. A ce jour, toutes les pistes restent ouvertes. Seules des études supplémentaires permettront d’imposer une voie thérapeutique vis-à-vis d’une autre. Mais globalement, ces nouvelles stratégies ouvrent la possibilité de raccourcir sensiblement la durée du traitement de désensibilisation, d’améliorer sa sécurité et son efficacité. De quoi soulager les 15 à 20 % de la population souffrant d’allergies respiratoires.

Références

Adapté de «Désensibilisation: vers de nouvelles perspectives», Drs. J. Gaillard, P.-A. Bart, A. Leimgruber, Pr. F. Spertini, Rev Med Suisse 2011; 7: 850-5, en collaboration avec les auteurs.

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