Vivre avec la migraine et la traiter

Dernière mise à jour 28/05/13 | Article
Vivre avec la migraine et la traiter
Comment mieux vivre avec la migraine? Sensibilisez votre entourage, y compris professionnel, régularisez votre vie et consultez votre médecin.

Mal à la tête brutal, une douleur qui tape. La lumière fait mal, le bruit aussi, des nausées parfois. Une migraine. Une injustice, en partie génétique, que subit 12% de la population. Comment mieux gérer cette affection au quotidien, au travail? Existe-t-il des traitements préventifs efficaces? Quelques pistes avec la neurologue Catherine Dozier.

Nos actions, tout d'abord, sont capitales par rapport à la migraine. Il existe en effet de nombreux déclencheurs d'une crise comme, entre autres, le fait de sauter un repas, la consommation de certains aliments ou un rythme de sommeil irrégulier. Essayer de changer son hygiène de vie est donc un levier important et efficace. Par exemple, se lever et se coucher tous les jours à la même heure, même le week-end, modérer sa consommation de café et d'alcool ou encore pratiquer un sport (pour en savoir plus: «Migraineux, ton hygiène de vie tu soignera»). Ainsi, vous aurez peut-être des crises moins fréquentes, détaille le docteur Dozier. Ces différents changements sont les premières mesures à prendre si l'on a une vie peu régulière.

Magnésium massif

Au travail, ensuite, essayez d'expliquer votre situation. «Ma première tâche est de déculpabiliser le patient, explique la neurologue. Le migraineux ne «tire pas au flanc», loin de là. Il peut dire à ses collègues et supérieurs: "J'ai des migraines, pas de simples maux de tête. Je me traite et ça devrait aller mieux.” Cette compréhension est essentielle. Si l'on laisse le migraineux s'isoler dix minutes pour prendre l'air, se relaxer et prendre ses médicaments, il ira plus vite mieux et sera plus opérationnel que s'il se traite en catimini en restant devant son écran.»

Néanmoins, il est possible que malgré des habitudes très régulières (ou régularisées), les crises persistent. On dispose dans ces cas de traitements préventifs, pour que les migraines soient moins fréquentes, moins intenses et mieux traitables par les médicaments. Il peut s'agir de médicaments qui abaissent la tension (bêtabloquants et anticalciques), de substances contre l'épilepsie ou d'antidépresseurs. On le voit, ils n'ont pas été développés spécifiquement pour lutter contre la migraine mais les médecins se sont rendus compte qu'ils avaient aussi un effet contre elles. «On peut toutefois rassurer les patients : ces médicaments sont donnés à toutes petites doses contre la migraine», précise le Dr Dozier. Tout le contraire de deux autres possibilités plus «naturelles»: des doses massives de vitamine B2 ou de magnésium.

On discute généralement d’un traitement préventif à partir de trois crises par mois. Lors d’un essai de traitement préventif, le résultat est évalué après deux mois de traitement pour déterminer si l’on le continuera, puisqu’il dure généralement huit mois. «Il faut que le traitement soit bien supporté, qu’il demande le moins de surveillance possible, ait le moins d'effets secondaires possible et soit donné à la plus petite dose possible (excepté dans le cas de la vitamine B2 et du magnésium)», résume le Dr Dozier.

En complément

Et les médecines complémentaires? «L'acupuncture a montré une certaine efficacité, des médecins s'y forment d'ailleurs. L'hypnose est efficace pour des personnes stressées, qui plus est si leurs crises de migraine génèrent de l'angoisse. Nous n'avons pas de preuve que l'homéopathie ait un effet contre la migraine. Et pour ce qui est de la physiothérapie cervicale, on a montré des résultats modérés.»

Dernier élément à citer: des injections de botox – oui, le produit qui fait disparaître les rides! – dans le front. Pour des résultats très mitigés. Ces injections ne sont valables que dans le cas de maux de tête chroniques (plus de quinze jours par mois) et en aucun cas pour les migraines épisodiques. Par ailleurs, elles ne diminuent pas la fréquence des migraines elles-mêmes, mais seulement celle de la prise de médicaments et font que les personnes traitées manquent moins le travail. «Pas anodin, mais pas la panacée», selon la spécialiste.

Mesurer pour maîtriser

Le «carnet de migraines» est un outil utile pour la personne migraineuse en traitement. Dans ce calendrier, elle note les jours où elle a une crise, le traitement pris et son effet. «C’est vraiment utile pour objectiver la situation, pour prendre du recul, explique le Dr Dozier. On se souvient assez mal des désagréments que nous connaissons. Il est ainsi possible, avec le carnet, de se rendre compte que la situation n’est pas parfaite mais qu’elle a évolué dans un sens positif. Je recommande cet outil, mais il ne s’agit pas d’en faire une obsession!»

Vous trouverez ici un exemple de carnet (site de la Société Suisse pour l’étude des céphalées).

Attention à l’abus de médicaments

La personne migraineuse a la tâche difficile: au quotidien, c’est elle qui décide quand et comment prendre son traitement de crise. En cas de crises très fréquentes, une épée de Damoclès est pourtant suspendue au-dessus de sa tête: les maux de tête causés par l’abus de médicaments. «C’est souvent insidieux, cela s’installe gentiment, commente le Dr Dozier. Le résultat d’une telle surconsommation est un fond presque permanent de céphalées de tension sur lequel se greffent des migraines très fréquentes.»

Le critère que les médecins utilisent pour diagnostiquer un tel abus est clair: dix jours par mois de prise régulière de triptans pendant trois mois, ou quinze jours de prise régulière d’anti-inflammatoires pendant trois mois. Dans ces cas, un sevrage de la ou des substances incriminées s’impose avec l’aide d’un médecin.

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