La tularémie, une maladie rare qui émerge en Suisse
Aussi appelée «fièvre du lapin» ou «fièvre du chevreuil», la tularémie est une maladie transmise par la morsure d’un animal infecté, comme la tique ou d’autres petits animaux (lapins, lièvres, souris…). Cette pathologie se retrouve majoritairement dans les pays de l’hémisphère Nord, notamment aux Etats-Unis ou au Canada.
En Suisse, la tularémie est une maladie dite «à déclaration obligatoire» depuis 2004: les autorités sanitaires recensent donc tous les cas diagnostiqués, chaque année. Cette année-là, sept cas avaient été comptabilisés, et les chiffres sont restés stables jusqu’en 2009. Puis, grâce à ce recensement obligatoire, la Suisse a mis le doigt sur un phénomène particulier: la progression continue de la maladie depuis 2009, pour atteindre 24 cas en 2012.
La tularémie est une zoonose, une maladie qui se transmet de l’animal à l’homme. En Suisse, les morsures de tiques restent le mode principal de transmission. Mais d’autres manières d’engendrer une contamination sont possibles (griffures d’animaux infectés, eau contaminée, inhalation de gouttelettes ou de poussières infectieuses, etc.). C’est pourquoi la tularémie peut provoquer différents symptômes. On distingue ainsi six sous-types différents de la maladie.
Les différentes formes de la tularémie
La première forme de tularémie, la plus fréquente, est la forme ulcéro-glandulaire. Rencontrée dans 80% des cas, elle se manifeste par une peau rouge et ulcérée au point de piqûre, accompagnée d’un gros ganglion. Des symptômes pseudo-grippaux apparaissent après trois à six jours, avec de la fièvre, des frissons, des maux de têtes et des douleurs musculaires. Les principales parties du corps risquant d’être piquées sont la tête, le cou, les bras et les jambes.
Deuxième forme: la tularémie oculoglandulaire. Elle se transmet par les mains contaminées par la bactérie et infecte les yeux. Le patient se plaint alors de douleurs, il ne supporte plus la lumière naturelle et ses yeux larmoient. A la consultation, le médecin constate des yeux rouges, et des ganglions peuvent également être palpés.
De son côté, la tularémie pharyngée se déclare suite à une ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par la bactérie responsable. Le patient présente alors les symptômes d’une angine, toujours accompagnés de ganglions.
La tularémie typhoïde se présente, elle, sous la forme d’un syndrome pseudo-grippal et d’une pharyngite. Dans ce cas, le patient se plaint également de douleurs abdominales et de diarrhées.
La tularémie pulmonaire, enfin, affecte comme son nom l’indique les poumons. Le patient présente alors un syndrome pseudo-grippal, une toux et des douleurs thoraciques.
Un diagnostic difficile à poser
Le laps de temps qui s’écoule entre la contamination et la déclaration de l’infection elle-même varie en moyenne entre trois et cinq jours. Le diagnostic est alors établi en fonction de l’exposition du patient et du résultat de ses analyses médicales. A l'aide de plusieurs échantillons de sang et de tissus (peau, ganglions lymphatiques), les techniciens de laboratoire recherchent des anticorps, signes indirects de la présence de la bactérie. D’autres méthodes d’analyse plus poussées permettent de mettre en culture ou d’étudier l’ADN de Francisella tularensis.
Traitement et prévention
La tularémie est traitée par antibiotiques, pendant 10 à 21 jours. Le traitement offre en règle générale de bons résultats, il n’existe pour le moment pas de cas de résistance. Les cas graves de tularémie peuvent nécessiter une hospitalisation pour prodiguer un traitement intra-veineux. Il n’est pas indispensable d’être isolé: les précautions d’hygiène standards suffisent.
Concernant la prévention, à l’heure actuelle aucune vaccination contre la tularémie n’est disponible. Mais différentes mesures permettent de prévenir l'infection: se protéger des piqûres de tiques et d'insectes, respecter les règles d’hygiène en cas de contact avec des animaux (se laver les mains, porter des gants…), se renseigner sur la provenance de viande d’animaux sauvages ou d’eau qui ne serait pas potable, et renoncer à les consommer au moindre doute.
Références
Adapté de «La tularémie, une maladie émergente en Suisse», par le Dr Christina Lyko et le Pr Christian Chuard, Clinique de médecine interne, Hôpital fribourgeois. In Rev Med Suisse 2013; 9: 1816-20.