Cinq questions sur le nouveau coronavirus

Dernière mise à jour 14/05/13 | Article
Sept questions sur le nouveau coronavirus
La découverte d’un nouveau coronavirus sur le sol français chez une personne rentrant d’un voyage organisé à Dubaï relance les interrogations. Que faut-il savoir sur cet agent pathogène transmissible d’homme à homme? Tour d’horizon en cinq questions.

Attention! Il ne faut pas confondre ce coronavirus avec le H7N9, virus d’origine aviaire, qui sévit depuis quelques semaines en Chine. Le «nouveau coronavirus» n’a guère de point commun avec lui si ce n’est qu’il s’agit d’un virus qui, comme tant et tant d’autres, menace l’espèce humaine. Ce «NCoV» est en revanche très proche d’un autre virus très contagieux et de sinistre mémoire: celui responsable du syndrome respiratoire aigu sévère(SRAS). Il demeure encore mal connu des chercheurs en virologie, qui découvrent petit à petit ce qu’il en est de sa dangerosité et de sa contagiosité. De plus, on ne dispose d’aucun moyen spécifique de traitement (ou de prévention vaccinale): c’est dire si sa diffusion internationale et son émergence dans plusieurs pays européens peuvent inquiéter.

1. Pourquoi «virus corona»?

Le terme «coronavirus» vient du latin, et désigne ici des virus particuliers dont la structure observée en microscopie électronique fait songer à une couronne solaire avec ses formes de filaments. On a commencé à identifier les coronavirus il y a une cinquantaine d’années. Ils sont munis d'une enveloppe et leur patrimoine héréditaire est fait d’un ARN protégé au sein d’une «capside». C’est, toutes proportions gardées, un virus de grosse taille.

Les coronavirus infectent les oiseaux et les mammifères via leurs voies respiratoires et digestives supérieures. Des maladies spécifiques (respiratoires et/ou digestives) ont été décrites dans de nombreuses espèces animales comme les félins, les canins ou les porcins. Il semble qu’un certain nombre de ces virus soit, chez l’homme, responsable de rhumes, ces infections fréquentes et on ne peut plus banales qui sévissent en période hivernale. Mais tous les coronavirus ne sont pas aussi anodins et certaines souches peuvent entraîner des lésions respiratoires possiblement mortelles.

On a aujourd’hui identifié quatre ou cinq souches de coronavirus capables d'atteindre l'homme, le plus connu étant le SARS-CoV, à l'origine du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). Le virus, qui avait infecté environ 8000 personnes et fait 800 morts entre 2002 et 2003, provoque des lésions infectieuses des voies respiratoires inférieures et supérieures en plus de la possibilité de gastro-entérite.

2. Qu’en est-il du nouveau coronavirus?

NCoV est le nom provisoire donné à une nouvelle souche identifiée en septembre 2012 chez un malade hospitalisé en juin de la même année à Djedda (Arabie saoudite). Il a ensuite été retrouvé chez des personnes souffrant d’une altération sévère de la fonction respiratoire (pneumopathie) parfois associée à une insuffisance rénale aiguë. La plupart des personnes touchées résidaient ou avaient séjourné en Arabie saoudite ou dans un des pays de la péninsule Arabique: tout indique aujourd’hui que cette zone géographique est plus particulièrement confrontée à ce risque infectieux. La principale inquiétude des virologistes tient au fait que ce nouveau coronavirus est relativement proche du coronavirus humain responsable de l’épidémie de SRAS apparue il y a dix ans en Asie, ce qui justifie pleinement la mise en place d’une surveillance internationale spécifique.

D’un point de vue strictement génétique, le NCoV semble provenir d'un coronavirus détecté chez des chauves-souris à Hongkong. Et, comme dans le cas du virus responsable du SRAS, il pourrait avoir atteint l’espèce humaine par l'intermédiaire d'un ou plusieurs autres animaux plus fréquemment au contact des humains. Depuis septembre dernier, le NCoV a officiellement été à l’origine d’une quarantaine de contaminations, dont la moitié mortelles.

3. Quels sont les symptômes de l’infection et comment contracte-t-on ce virus?

Les personnes infectées par ce nouveau coronavirus ne présentent aucun symptôme caractéristique, mise à part ceux de toutes les infections respiratoires aiguës graves d’évolution parfois rapide: fièvre, toux, essoufflement et autres difficultés respiratoires. Certains malades souffrent aussi d’une insuffisance rénale aiguë voire d’autres atteintes viscérales (par exemple des péricardites).

L’une des grandes questions sanitaires est celle de la possibilité d’une contamination interhumaine. Elle semble (pour l’heure) possible sans que l’on puisse encore la quantifier et préciser les circonstances qui la facilitent ou l’accélèrent. Il existe bien un test de laboratoire permettant de savoir si une personne a contracté ce nouveau coronavirus, mais ce type d’examen n’est actuellement réalisé que dans des centres virologiques de référence très spécialisés. Pour des raisons pratiques il n’est pratiqué que chez les personnes répondant aux critères cliniques et biologiques correspondant à une définition internationale. En dehors de ce contexte, l’analyse virologique n’est envisagée qu’au cas par cas et sous certaines conditions.

4. Etes-vous actuellement exposé à un risque de contamination?

Pour l’heure, en Europe, le risque de contamination n’existe que dans deux cas: soit vous avez été en contact avec une personne atteinte, soit vous avez voyagé dans la péninsule Arabique et, dans les jours suivants, vous avez commencé à présenter des symptômes respiratoires et de la fièvre. «Si vous vous trouvez dans une de ces situations, vous devez contacter votre médecin traitant ou un centre téléphonique de régulation des urgences en signalant cette proximité ou ce voyage», conseille par exemple, depuis quelques jours, le ministère français de la Santé. Si vous avez récemment séjourné dans la péninsule Arabique il n’y a aucune raison de vous inquiéter dès lors que vous êtes en bonne santé.

Les précautions à prendre pour ne pas être contaminé sont simples, et sont les mêmes que celles concernant les maladies infectieuses: il faut notamment bien se laver les mains et se tenir à distance des personnes malades.

5. Quels sont les risques de propagation internationale? 

Le faible nombre de cas notifiés dans le monde ne fournit que peu d’informations à ce sujet. Pour l’heure, plusieurs éléments objectifs plaident en faveur d’une contagiosité relativement faible de ce virus : le nombre de cas confirmés reste limité et les cas groupés de personnes malades sont rares, et ce même dans les premiers pays touchés. Des cas ont été rapportés en Allemagne et au Royaume-Uni, mais la plupart des personnes infectées avaient voyagé dans la péninsule arabique.

Au niveau international, depuis l’identification de ce nouveau coronavirus, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) ont mis en place une surveillance active en vue de détecter les cas possibles d’infection et d’approfondir les connaissances sur le virus. L’OMS fournit régulièrement des informations détaillées. L’institution onusienne fournit lui aussi des recommandations en matière de suivi et de surveillance aux autorités sanitaires des Etats membres.A ce jour l’OMS ne recommande pas de restrictions de voyage ou d’échange avec les pays concernés. 

Au niveau national, chaque pays prend les mesures qui lui semblent justifiées. En France un dispositif de surveillance avait été mis en place dès le 7 décembre 2012 par l’Institut de Veille Sanitaire. A la demande de la Direction Générale de la Santé, le Haut Conseil de la Santé publique avait émis, le 19 mars 2013, un avis relatif à la prise en charge des patients suspects d’infections dues au nouveau coronavirus. L’ensemble de ces informations a été relayé aux professionnels de santé libéraux, aux établissements de santé ainsi qu’aux compagnies d’assistance et de rapatriement sanitaire. L’objectif est de favoriser le signalement et la détection de possibles cas.

Note

A l’heure où nous écrivons ces lignes l’Agence France Presse (AFP) rapporte depuis Ryad que la panique a, le 13 mai, commencé à gagner les habitants de la région est de l'Arabie saoudite, où ont été recensés la majorité des cas du nouveau coronavirus proche du SRAS, tandis qu'en France le pronostic vital des deux malades était engagé. Des nombreux Saoudiens se sont présentés aux services d'urgence des hôpitaux de la région d'Al-Ahsa, dans l'est du royaume, au moindre signe de fièvre, selon des témoignages recueillis par l'AFP.

Tous les cas admis dans les hôpitaux de la région sont placés en isolement médical, selon les autorités. Le ministre de la Santé, Abdallah Al-Rabia, a annoncé dimanche que quinze personnes étaient mortes du nouveau coronavirus proche du SRAS depuis l'été dernier dans le royaume, sur un total de 24 cas d'infection en Arabie saoudite. Parmi eux, treize cas ont été recensés à l'hôpital du roi Fahd dans la région d'Al-Ahsa, dans l'est du royaume, où se concentre la minorité chiite. Le ministre de la Santé a fait état dimanche de trois autres cas suspects en Arabie saoudite.

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