Quand la grippe dégénère
Portrait express
Virus hivernal par excellence, la grippe saisonnière présente des caractéristiques bien spécifiques.
- Nom de code: Influenza de type A ou B.
- Cibles sujettes aux complications: personnes de plus de 65 ans, immunosupprimées, souffrant d’insuffisance cardiaque ou rénale, de bronchite chronique, de troubles hépatiques ou d’obésité, femmes enceintes ou en période post-partum.
- Ruse: mutation annuelle, nécessitant une vaccination annuelle elle aussi.
- Mode de propagation: gouttelettes, contact.
- Méthodes pour s’en prémunir: vaccination, lavage fréquent des mains, distanciation sociale.
- Symptômes «classiques»: fatigue, courbature, maux de tête et de gorge, toux.
- Arsenal médical spécifique: traitement antiviral (Tamiflu par exemple). Préconisé chez les personnes à risques, son usage est à discuter au cas par cas.
Infections pulmonaires
Virus des voies respiratoires par excellence, la grippe peut occasionner des complications pulmonaires plus ou moins graves. La plus fréquente d’entre elles est la pneumonie virale. À l’origine d’une inflammation des alvéoles pulmonaires, elle se traduit par une toux intense, dès les premiers jours de l’infection. Susceptible d’évoluer vers une forme grave nécessitant une hospitalisation, elle peut également se doubler d’une infection bactérienne. L’évolution est alors souvent biphasique: les symptômes «classiques» de la grippe s’estompent, donnant l’impression d’un rétablissement. Mais une seconde vague de symptômes apparaît – forte toux, fièvre, crachats jaunâtres – nécessitant une consultation en urgence. Côté chiffres: on estime que 30 à 40% des patients hospitalisés avec un diagnostic de grippe développent une pneumonie sévère (virale ou bactérienne).
Atteintes cardiaques
Susceptible de léser un cœur déjà fragilisé, la grippe saisonnière peut être à l’origine d’une défaillance cardiaque. Selon une étude canadienne, le taux d’incidence d’un infarctus du myocarde serait multiplié par six la semaine suivant l’infection, par rapport au risque un an avant ou après l’épisode de grippe, en particulier chez les plus de 65 ans. Autre complication possible, y compris chez des personnes jeunes et en bonne santé: l’inflammation du myocarde (myocardite). Si les causes exactes restent floues, on sait que ce syndrome peut être aggravé par la pratique sportive durant un épisode de fièvre. Les symptômes cardiaques qui doivent alerter? Douleurs dans la poitrine, sensation d’étouffement, lèvres ou doigts bleus.
Infections du système nerveux
Si, dans un contexte de grippe, troubles de la conscience, somnolence ou encore crise d’épilepsie doivent être pris très au sérieux, c’est parce que l’infection peut avoir des conséquences neurologiques sévères, comme une inflammation du cerveau (encéphalite), mais pas seulement. On sait notamment que le risque d’accident vasculaire cérébral est augmenté dans les semaines suivant l’infection. Plus redouté encore: le syndrome de Guillain-Barré. Rare et peu prévisible, cette pathologie résulte d’une réaction anormale du système immunitaire qui, en s’attaquant au système nerveux, provoque paralysie et détresse respiratoire. Complexes et laborieux, les traitements qui s’en suivent s’étendent sur plusieurs mois.
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* Estimation de l’Office fédéral de la santé publique.
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Paru dans Planète Santé magazine N° 39 – Décembre 2020