Pensez à votre chat ou à votre chien: faites-vous vacciner contre la grippe!

Dernière mise à jour 22/10/12 | Article
Pensez à votre chat ou à votre chien: faires-vous vacciner contre la grippe!
Vétérinaires et virologistes mettent en garde aujourd’hui contre un nouveau risque: celui de la transmission du virus grippal de l’homme à ses animaux domestiques, à commencer par les chats, les chiens et les furets. On parle ici de «zoonose inverse». Que faut-il savoir en pratique?

Retour de l’automne et, bientôt, entrée dans l’hiver. Et voici que revient la question de la grippe et de la vaccination contre cette infection virale. Tout a été dit sur ce sujet pour tenter de convaincre les personnes les plus fragiles de se faire protéger. Tout sauf  les conclusions d’une étude et d’une réflexion américaines qui viennent d’être publiées dans Veterinary Pathology. Une publication signée par des scientifiques de l’Oregon State University. Ils expliquent qu’à l'approche de la saison de grippe, les personnes qui tombent malades ne savent généralement pas encore qu'elles peuvent transmettre la grippe non seulement à d'autres humains, mais aussi à des animaux, à commencer par les animaux de compagnie: les chats et les chiens, bien sûr mais aussi les furets qui font l’objet d’un certain engouement chez les amis des bêtes.

On a appris ces dernières années à regarder différemment la grippe et les virus qui en sont la cause. Il a ainsi fallu compter avec le H5N1 (grippe aviaire) puis le H1N1 (pandémie grippale de 2009). Nous avons découvert à cette occasion que de nouvelles souches de virus grippaux peuvent évoluer au sein des populations animales comme les porcs et les oiseaux; et que ces souches peuvent finalement affecter les populations humaines. On sait toutefois moins que les humains infectés peuvent à leur tour contaminer des animaux.

Un sujet peu étudié

Les cas connus et parfaitement documentés ne sont certes pas légion et les conséquences pour la santé publique des «zoonoses inverses» restent à déterminer. Mais le sujet préoccupe aujourd’hui nombre de médecins vétérinaires. A commencer, outre Atlantique, par ceux de l'Oregon State University (OSU) et de l'Iowa State University. «Nous nous inquiétons beaucoup de la transmission de maladies animales aux humains, explique le Pr Christiane Loehr (Collège de médecine vétérinaire de l'OSU). Mais la plupart des gens ne réalisent pas que les humains peuvent également transmettre des maladies aux animaux, ce qui soulève des questions et des préoccupations au sujet des mutations, des nouvelles formes virales et des maladies en évolution qui peuvent à leur tour constituer un danger potentiel pour l’homme.» 

Les premiers cas connus ou suspectés avaient été enregistrés durant la pandémie de 2009 et la question s’était alors posée de la grippe chez des animaux domestiques comme on peut le lire ici et encore là. Dans l’Etat de l’Oregon le propriétaire d'un chat était tombé gravement malade du fait d’une infection grippale et avait dû être hospitalisé. Alors qu'il était encore à l'hôpital, son chat - un chat d'intérieur, sans exposition connue à d'autres personnes malades ou à des animaux sauvages – devait également mourir d'une pneumonie causée par une infection causée par le au virus H1N1.

Depuis, les chercheurs ont identifié un total de treize chats et un chien avec une infection pandémique H1N1 en 2011 et 2012, infections qui semblaient toutes avoir été contractées auprès d’humains infectés dans un environnement domestique. Il en fut de même pour des furets. Tous les symptômes des animaux étaient semblables à ceux des humains. D’autres études, sérologiques, suggèrent qu'il y avait eu beaucoup plus de chats et de chiens domestiques infectés par le virus de la grippe que ceux qui ont été diagnostiqués concrètement. La transmission naturelle et expérimentale du virus H3N2 de la grippe chez les chiens aux chats en Corée du Sud a aussi montré le potentiel de virus de la grippe à transmettre entre différentes espèces animales. A l’inverse on ne sait pas si un chat (ou un autre animal de compagnie) infecté par un virus grippal pourrait contaminer ses maîtres humains.

Le passage d’un virus d’une espèce à une autre n’est jamais anodin

«La ''transmission inverse'' est une banalité pour les Myxovirus, résume le Pr Alain Goudeau, chef du service de bactériologie-virologie  au CHU de Tours (Indre-et-Loire, France). On peut retenir que le franchissement de la barrière d'espèce est d'autant plus facile que les cas sont nombreux dans l'espèce hôte naturelle. Une épizootie massive chez les volatiles conduit inexorablement à des cas humains avec peu ou pas de transmission secondaire. Ce fut le cas avec  le H5N1 en 1997 à Hong-Kong, avec le H9N2 en 1999 en Chine, ou encore avec le H7N7 en 2002-2003 aux Pays-Bas.... La même chose est sans doute observable chez le porc bien que le contact "à l'élevage" soit moins favorable: on respire la volière plus que le lisier… ».

Pour le Pr Goudeau la réciproque est sûrement banale lors d'épidémie massive et nous devons nous attendre à voir des chats, des chiens et des furets malades en cas d’épidémies humaines de grippe; tout particulièrement chez le furet qui est un animal particulièrement sensible aux Myxovirus comme aux Paramyxovirus. «La sévérité de la maladie chez le chat infecté par le virus humain H1N1 en 2009 est symétrique de la sévérité du H5N1 aviaire lorsqu’il infecte chez l'homme. Dans ces deux cas, le virus "étranger" non adapté est particulièrement pathogène chez l'hôte occasionnel. Je ne crois pas que l'évolution du virus grippal chez ces animaux domestiques "traditionnels" soit moins inquiétante que chez les hôtes "non traditionnels". Seules la densité d'animaux et les opportunités d'échange génétique entre virus sont différentes.» 

Toujours pour le Pr Goudeau, tout faire pour éviter de contaminer les animaux domestiques avec des virus respiratoires humains est une bonne idée «de base». «Je crois qu'elle vaut pour les myxovirus mais aussi pour les autres virus respiratoires à ARN dont on partage les familles avec les animaux anthropophiles: les paramyxovirus ou les cornavirus par exemple.»

En pratique, les spécialistes américains encouragent désormais les propriétaires de chats et de chiens à consulter un vétérinaire dès lors que leur animal présentera des signes d’infection respiratoire alors même qu’eux se savent (ou pensent être) infectés par un virus de la grippe. On peut faire de même sur le Vieux Continent. On peut aussi se faire vacciner. L’homme partage déjà beaucoup avec ses animaux domestiques. Rien ne dit que le partage des virus (de même que celui des puces et autres parasites) est une nécessité.  

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