Le fructose, une fabrique de diabètes de type 2
A l’époque du paléolithique, le fructose était rare et saisonnier. A l’exception des climats tropicaux, il ne se trouvait qu’en faible concentration dans des fruits mûrs. Aujourd’hui, le fructose est disponible toute l’année et il est utilisé en très grandes proportions par l’industrie alimentaire. Tous les mets sucrés en contiennent: sodas, thés froids, jus de fruits, pâtisseries, biscuits, chocolat.
Bref, il y en a partout. Si le sucrose–combinaison de fructose et de glucose–est depuis longtemps utilisé dans les boissons et les mets industrialisés, il a graduellement été remplacé par un autre type de sucre, le sirop de maïs, qui contient une dose élevée de fructose. Là où le sucrose est composé de 50% de fructose et de 50% de glucose, le sirop de maïs contient jusqu’à 65% de fructose, ce qui représente presque la moitié de son poids. En comparaison, le fructose contenu dans une pêche mûre représente seulement 1% du poids du fruit.
Un sirop envahissant
Une étude récente de la Mayo Clinic souligne qu’il existe un nombre considérable d’études scientifiques, de données et d’études cliniques démontrant que le fructose ajouté, même en combinaison avec d’autres sucres, est l’un des principaux responsables du développement du diabète et de ses complications.
«L’information n’est effectivement pas nouvelle. Cela fait longtemps que l’on sait que la problématique réside dans l’excès de fructose présent dans les boissons et les aliments industrialisés qui contiennent des sucres ajoutés», vitupère le Pr Alain Golay, spécialiste de l’obésité et du diabète aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). «Notre société est envahie par le sirop de maïs, tout le sucre ajouté vient du maïs. Le problème, ce sont ses effets sur la santé. On le hurle sur les toits depuis des dizaines d’années, mais on est face à des lobbies très puissants, notamment aux Etats-Unis.» Selon l’étude Mayo, environ 75% de tous les aliments et boissons aux Etats-Unis contiennent du sucre ajouté et 13% de la population américaine consomme au moins 25% de ses calories sous cette forme. Les boissons sucrées sont particulièrement concernées puisque les trois quarts d’entre elles contiennent du sirop de maïs.
Un sucre très dommageable
«Le problème d’une consommation de fructose en grandes quantités, c’est qu’il augmente davantage le niveau de glycémie que les autres types de sucre et qu’il aggrave la résistance à l’insuline, ce qui mène à l’obésité, au diabète et aux maladies cardio-vasculaires», explique le Pr Golay. L’étude Mayo souligne que les effets négatifs du fructose sur la sensibilité à l’insuline sont plus prononcés que ceux du glucose et que le fructose favorise par ailleurs une plus grande consommation d’aliments et donc du surpoids. La consommation excessive de fructose a également été associée aux complications du diabète, aux lésions de certains organes ainsi qu’à des maladies rénales. De ce point de vue, les sucres alimentaires qui ne contiennent pas de fructose se sont révélés moins dommageables pour la santé.
«Le sirop de maïs est la pire chose qui puisse exister, affirme le spécialiste. Pour limiter les conséquences néfastes du sucre ajouté, sa consommation devrait être limitée à 5%, au maximum 10% de l’apport calorique total. Concrètement, cela signifie manger moins de sucreries, favoriser le fructose des fruits et non celui du maïs».
Rien ne vaut le naturel
«Il ne faut pas faire de confusion entre le fructose ajouté et celui qui est contenu dans les fruits que l’on consomme», précise encore Alain Golay. «La différence réside dans le dosage et le contexte. Un fruit contient très peu de fructose. Manger deux fruits par jour est excellent parce qu’ils contiennent aussi de l’eau, des fibres, des antioxydants et d’autres constituants qui sont utiles pour lutter contre le surpoids, le diabète ainsi que les maladies cardio-vasculaires.»
Le diabète, la maladie du sucre
Attention aux yeux des personnes diabétiques
Stéatose hépatique: une maladie sournoise, mais réversible
Diabète
Le diabète est une anomalie de l’utilisation du sucre (glucose) en raison d'un manque d'insuline ou d'une moins grande sensibilité de l'organisme à l'insuline.