La mindfulness, un outil de choix contre la rechute dépressive

Dernière mise à jour 25/11/20 | Article
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La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (MBCT) a fait ses preuves dans la prévention de la rechute dépressive, dont elle diminue le risque de moitié. Pratique ancestrale, la méditation (ou mindfulness) a été amenée aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) il y a une vingtaine d’années par le Pr Guido Bondolfi, chef du Service de psychiatrie de liaison.

Des hauts et des bas

La dépression unipolaire se distingue du trouble bipolaire, qui se caractérise par une alternance entre des phases de dépression et d’hypomanie ou de manie. Au cours de ces dernières, l’enthousiasme et l’énergie sont débordants, la libido est forte, la personne fait preuve de beaucoup de créativité, de grande sociabilité et ne se sent jamais fatiguée. Mais cet état ne dure pas et fait place au gouffre de la dépression avec les risques qui l’accompagnent. Ces comportements extrêmes peuvent être difficiles à supporter pour l’entourage qui souvent donne l’alerte. «Face à un patient qui présente des signes de dépression, il faut s’assurer qu’il n’y a pas eu par le passé des phases d’hypomanie, souligne la Dre Richard-Lepouriel, médecin adjoint responsable de l’Unité des troubles de l’humeur. Car ces deux maladies ne se soignent pas de la même façon.» Le trouble bipolaire touche 1,5 à 2% de la population.

Ce programme de huit semaines s’adresse aux patient·es après la phase aiguë de leur dépression. L’un de ses objectifs est de pallier la vulnérabilité acquise avec le temps. Car plus les épisodes se répètent, plus l’humeur est instable et le risque de récidive grand, en l’absence même d’événements de vie majeurs : « Il en faut peu pour que les schémas de pensées automatiques se réactivent. La tentative de donner un sens à un sentiment de tristesse transitoire et sans raison apparente est un piège, qui nous emmène dans la spirale des ruminations. Si l’on réagit à une situation sur laquelle on n’a pas de prise, on augmente les couches de souffrance.

Avec la méditation, on apprend à inhiber ces automatismes », déclare le Pr Bondolfi. «On essaie alors d’être présent à soi-même, de se recentrer, d’accepter les choses telles qu’elles sont, et de prendre conscience des mécanismes cognitifs de la dépression », poursuit Françoise Jermann, psychologue et psychothérapeute. Durant les séances, elle invite les participant·es à identifier les signes avant-coureurs et à connaître leur territoire personnel de la dépression. « Pour certains, c’est l’anxiété qui domine, pour d’autres, les troubles du sommeil ou une tendance à l’isolement.» Chacun·e est amené·e à élaborer ses propres solutions pour ne pas sombrer.

Anxiété et dépression: le couple infernal

L’anxiété n’est pas un critère diagnostique de la dépression, mais elle l’accompagne très souvent. En effet, la moitié des personnes dépressives présentent aussi un trouble anxieux. D’ailleurs, la présence d’anxiété au sens large (phobie sociale, trouble panique, etc.) peut précéder de dix ans une dépression. On sait également que le fait d’avoir un tempérament anxieux est un facteur de risque de rechute dépressive.

Malgré la fréquente coïncidence des deux troubles, on aurait tort de faire un amalgame. Alors que la dépression est associée à un sentiment de tristesse et de perte, l’anxiété est une réaction excessive face à une situation qui ne représente pas de réel danger. Pour le médecin, il est capital de bien différencier les deux pour pouvoir offrir une aide adéquate. Car l’anxiété peut très souvent cacher une dépression tandis que la dépression peut, par l’incapacité dans laquelle elle plonge l’individu, générer de l’anxiété. Les deux doivent être prises en charge.

Témoignage

Mary: «J’étais loin d’imaginer ce qu’il vivait»

«Mon fils de 18 ans prend des antidépresseurs depuis quelques mois. Il souffre d’une dépression légère et de phobie sociale avec attaques de panique. Un jour, alors qu’il avait 16 ans et demi, il m’a dit qu’il se sentait triste et qu’il n’avait pas envie d’aller à l’école. Je l’ai encouragé en lui disant qu’il avait une copine, de bonnes notes, en somme, que tout allait bien. Il a toujours eu ce côté un peu négatif, alors j’ai pensé que c’était juste une phase. J’étais loin d’imaginer ce qu’il vivait. Je lui ai conseillé de faire plus de sport et d’être moins sur son portable. Je m’en veux beaucoup d’avoir minimisé. Grâce à un flyer des HUG que j’ai déposé à la maison, il a pris un premier rendez-vous, mais sans suite. Le temps est passé. Un jour, il s’est mis à pleurer et m’a dit qu’il voulait voir quelqu’un. Il consulte désormais régulièrement une psychologue aux HUG. Je vois qu’il souffre et qu’il essaie de faire des efforts. Ça me fait mal au cœur, je me sens impuissante. J’essaie de le soutenir et d’être là pour lui. Je lui propose parfois de sortir ou de voir ses copains, mais sans être dans l’injonction.»

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Article repris du site  pulsations.swiss

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