La dépression avance souvent masquée
Une vision globale de l’être humain est indispensable pour être en mesure de détecter une dépression. A troubles identiques peuvent correspondre quantité de causes possibles. La fatigue peut être le signe d’un début de diabète ou encore d’un problème de glande thyroïde, mais aussi d’une dépression.
Cette dernière est une maladie comme une autre, qui doit être prise en charge à un stade précoce pour éviter qu’elle n’évolue vers la chronicité. Mais encore faut-il, en tant que patient, accepter de s’entendre dire que ses lumbagos ou ses migraines à répétition cachent en réalité une dépression…
Daphné, 34 ans
«J’ai consulté pour la fatigue. Je ne travaillais plus aussi bien, j’avais tout le temps envie de dormir. Les analyses étaient bonnes et mon médecin m’a arrêtée une semaine, puis un mois pour surmenage. Le premier jour de la reprise du travail a été terrible. Je n’arrivais même plus à décrocher le téléphone. Je faisais une montagne de tout. Je ne me sentais plus du tout capable d’être à la hauteur.»
Troubles physiques dans la dépression
- Insomnie, réveil matinal précoce.
- Fatigue.
- Maux de tête.
- Bourdonnement d’oreilles.
- Vertiges.
- Douleurs vertébrales.
- Malaise abdominal.
- Nausées, vomissements.
- Constipation.
- Anorexie, amaigrissement.
Examens complémentaires
Face à des symptômes purement somatiques, tels qu’une fatigue inhabituelle ou des douleurs diffuses, la démarche consiste toujours à rechercher ce qui pourrait en être la cause. Le but premier est d’exclure une maladie organique.
Outre un interrogatoire approfondi et un examen physique, le médecin est parfois amené à prescrire certaines investigations. Parmi elles, citons un bilan sanguin avec la recherche d’un éventuel déséquilibre thyroïdien ou vitaminique, un scanner cérébral, une radiographie du thorax. Si ces recherches n’aboutissent à rien, on repart en quête d’autres indices en explorant l’histoire (familiale, professionnelle, affective…). Le choix des examens sera influencé par la nature des symptômes présents.
Le médecin peut également, avec l’accord du patient, rencontrer le conjoint pour recueillir plus d’éléments. Le langage corporel est également pris en compte. Un faciès déprimé, une voix monocorde ou des pleurs renseignent souvent mieux que bien des discours.
Enfin, un médecin attentif garde toujours en tête la possibilité d’une dépression cachée, en présence de plaintes pour lesquelles aucune cause physique n’a été décelée: fatigue, insomnie, perte de poids, chute de la libido, troubles de la concentration, douleurs de dos ou de ventre.
Analyse du sommeil
Même si l’insomnie perturbe très souvent les nuits des dépressifs, l’enregistrement du sommeil n’est pas un examen proposé de routine. Ce type d’analyse est surtout indiqué en cas de suspicion d’un syndrome d’apnée du sommeil. Ce dernier se manifeste par des pauses respiratoires pendant le sommeil (souvent associées à un ronflement) et entraîne une privation chronique d’oxygène qui pourrait jouer un rôle dans le déclenchement ou le maintien d’une dépression.
Le saviez-vous?
La dépression est généralement sous-estimée chez les seniors. Trop de monde, médecins y compris, estime encore que les «coups de blues» sont le lot de la vieillesse. Heureusement, on assiste aujourd’hui à une meilleure prise en compte des états dépressifs dans cette population. Les patients âgés atteints ont tendance à être plutôt agités, à se plaindre de douleurs physiques et à développer des troubles cognitifs (perte de mémoire, etc.).
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Extrait de : J’ai envie de comprendre… la dépression (éd. 2012), de Suzy Soumaille en collaboration avec Guido Bondolfi et Gilles Bertschy
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