L’impact des antidépresseurs sur les «sentiments amoureux» des hommes et des femmes
C’est une étude originale qui vient d’être présentée au 27e congrès du Collège européen de neuropsychopharmacologie organisé à Berlin. Elle a été menée par le Pr Donatella Marazziti, spécialiste de psychiatrie (Université de Pise, Italie). Ce travail vient par ailleurs d’être publié dans une revue spécialisée(1).
«Sex» and «Love»
En marge des difficultés proprement «sexuelles» pouvant être associées à la consommation des antidépresseurs, le Pr Marazziti s’est intéressée à l’impact de ces médicaments sur les «sentiments amoureux». Un domaine qui n’avait, jusqu’ici, pratiquement jamais été étudié. Ce travail tente de faire la part entre ce qui est du ressort de la «sexualité» et ce qui est de l’ordre du «sentiment amoureux». Ce qui peut être perçu comme une petite révolution dans le champ de la sexologie.
La spécialiste et ses collaborateurs ont mené leurs travaux auprès de 192 personnes adultes souffrant de dépression (légère à modérée) chez lesquelles des antidépresseurs avaient été prescrits. Il s’agissait de 123 femmes et de 69 hommes âgés de 30 à 50 ans. Les chercheurs ont soumis les volontaires au «Sex-Attachment-Love Test (SALT)», un questionnaireen trois parties sur la sexualité, l’attachement et les sentiments amoureux.
Différences de genre
Les résultats obtenus montrent qu’hommes et femmes ne réagissent pas de la même manière aux antidépresseurs. Ainsi, les effets négatifs sur la sexualité et sur les sentiments amoureux diffèrent entre les deux sexes. De manière schématique on peut dire que les dysfonctionnements étaient plus élevés chez les femmes qui prenaient des antidépresseurs dits «tricycliques» que chez les hommes. Il apparaît aussi une plus grande «atténuation des sentiments» chez les hommes prenant des antidépresseurs de la catégorie «inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine» (ISRS) que chez les femmes.
La donnée la plus surprenante du travail est (peut-être) que, en comparaison des femmes, les hommes sont plus affectés sur le plan émotionnel que sur le plan strictement sexuel. Les ISRS semblent provoquer plus de troubles émotionnels que les antidépresseurs tricycliques chez les hommes. Les femmes sous antidépresseurs semblent quant à elles, «préservées» de cet effet secondaire.
Pour le Pr Donatella Marazziti il ne fait aucun doute que cette recherche doit être poursuivie et approfondie.
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1 Un résumé (en anglais) de ce travail est disponible ici.
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