Dépression: quand le comportement se modifie

«Je n’ai plus d’énergie pour faire face»: un constat qui tourne à la litanie chez les dépressifs. Ils sont nombreux à exprimer une incapacité soudaine ou insidieuse à assumer les choses les plus banales. Dans des cas extrêmes, la personne ne parvient même plus à accomplir les gestes élémentaires de la vie courante, comme se laver, ou même se lever le matin.
Chris, 33 ans
«Moi qui étais passionné de musique, je n’avais plus envie de jouer avec mon groupe. J’inventais des excuses pour annuler un concert. Connu pour aimer les soirées animées, je ne sortais plus de chez moi, je n’arrivais même plus à aller acheter mon pain.»
Les gestes se font lents et pénibles. Les actes les plus automatiques sont épuisants et paraissent insurmontables, ingérables. Tout demande un effort. Ce ramollissement passe auprès des autres pour un manque de volonté. Avec le temps, on assiste à un évitement de l’activité qui peut aboutir à un repli sur soi total.
Autre aspect fréquent de la maladie: le déprimé éprouve une difficulté croissante à décider. Il hésite pour tout, y compris pour des choses sans importance. Tout choix le plonge dans l’angoisse et est reporté à plus tard.
On n’«imprime» plus
Pertes de mémoire, problèmes de concentration, attention limitée: le ralentissement, lié à la dépression, perturbe à des degrés divers les capacités intellectuelles. On a du mal à penser, à faire des choix et à communiquer avec les autres. Les réponses, quand elles existent, sont lentes et incertaines. Les échanges s’appauvrissent. On ne sait plus quoi dire, la tête est vide. Cette difficulté à être en relation avec les autres se révèle très néfaste pour l’estime de soi. Difficile d’accepter d’être devenu un être hésitant à l’esprit engourdi, incapable de soutenir son attention et de tenir une conversation.
Dans les formes sévères, comme la mélancolie, le malade répond d’une voix monocorde, avec lenteur et de manière brève. Tout effort d’attention, de concentration et de réflexion lui devient impossible.
On fuit les autres
L’inhibition qui caractérise la dépression affecte tout naturellement la vie sociale. Quand la fatigue vous cloue sur place, que rien ne vous fait plaisir ou que tout vous éreinte d’avance, on a encore moins envie de se montrer et d’affronter le regard des autres. On rentre dans sa coquille, loin des stimulations de la vie. Une attitude de repli difficilement compréhensible pour l’entourage. Le malade semble se désintéresser de tout, ses amis, sa famille, ses activités.
Fragilisés et diminués par la dépression, les déprimés ont tendance à fuir les autres et leurs reproches silencieux. Ils ont honte de ce qu’ils sont devenus et redoutent que cela se voie. Ce retrait peut conduire à l’isolement, source de nouvel abattement et d’angoisse.
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Extrait de : J’ai envie de comprendre… la dépression (éd. 2012), de Suzy Soumaille en collaboration avec Guido Bondolfi et Gilles Bertschy

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Dépression
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