Dépression, anxiété, deuil… Comment faire le tri?
Anxiété ou dépression?
L’anxiété fait tellement partie du tableau courant de la dépression que pratiquer l’amalgame entre les deux est très tentant. Il est vrai que ces deux affections partagent une partie des symptômes. Il vaut pourtant la peine de les différencier. En gros, la dépression est associée à un sentiment de perte alors que l’anxiété est une réaction excessive face à une situation qui ne présente pas de réelle menace.
Le déprimé se sent incapable de faire face, tandis que l’anxieux surestime le danger tout en sous-estimant sa capacité à gérer la situation. L’anxiété est parfois le premier symptôme de la dépression. Sa présence peut même faire écran et cacher une dépression au patient lui-même comme à son médecin. C’est pourquoi ce dernier doit toujours rechercher une éventuelle dépression tapie derrière des troubles anxieux. L’anxiété peut également se manifester en second plan. Le déprimé s’angoisse alors de ne plus arriver à surmonter les difficultés de sa vie et devient irritable.
La moitié des patients dépressifs présentent aussi un diagnostic de trouble anxieux.
Deuil normal
Deuil ou dépression?
Lorsque le deuil ne s’inscrit plus dans un processus dynamique, il peut se transformer en une dépression à part entière. Le travail de détachement progressif ne se fait pas. La personne est incapable de penser à autre chose, de prendre la moindre décision, de pouvoir réorganiser sa vie sans la personne perdue.
Une perte significative, réelle ou symbolique, représente toujours un bouleversement de l’existence et provoque inévitablement des répercussions au niveau émotionnel. On oublie trop souvent que le travail de deuil est un processus psychologique normal. Ce chemin, qui peut durer deux ans, est évolutif, avec des étapes qui, tôt ou tard, mènent à son acceptation.
Associé à un refus de la réalité, l’état de choc est la première réaction à une nouvelle particulièrement grave. Il peut aller de la surprise à l’angoisse sévère. Au choc du début, succède généralement le stade de l’incrédulité et du déni: «Ce n’est pas possible!...». Il s’agit là d’un mécanisme inconscient de défense qui permet de faire face à l’angoisse. L’endeuillé continue à vivre et à agir de façon automatique comme s’il était engourdi.
Autre palier vers l’acceptation: la révolte. Cette phase de colère représente une évolution nécessaire, comme une ultime tentative de repousser la réalité. Enfin, dans ce processus de deuil, la tristesse, voire une période dépressive, ne sont pas inquiétantes. Les résistances sont tombées et on se confronte au caractère irréversible de la perte.
La douleur morale s’exprime à travers les sentiments d’abandon, de manque et de solitude. Ces symptômes dépressifs disparaissent avec le temps. Puis vient la phase, dite de récupération, correspondant au moment où la personne se réinvestit et se remet à faire des projets.
Dépression ou baisse de moral?
Le saviez-vous?
La voix, miroir de l’âme… On sait que les dépressifs, dont le débit est plutôt ralenti, ont paradoxalement une fréquence plus élevée. La raison? Le sentiment de ne pas pouvoir faire face génère un état d’anxiété qui va lui-même induire une tension excessive des cordes vocales. Au stade de la guérison, la voix redescend, gagne en intensité et le débit s’accélère.
Le diagnostic de la dépression est largement facilité lorsque les symptômes sont avant tout psychiques: tristesse, perte d’intérêt et de plaisir, pessimisme, pleurs fréquents, culpabilité, etc. Le tout étant présent tous les jours pendant au moins deux semaines. Le patient lui-même se déclare déprimé ou stressé et fait le lien avec un événement dans sa vie récente qui pourrait être à l’origine de son mal-être.
Toutefois, se sentir déprimé ou cafardeux ne veut pas forcément dire que l’on est tombé en dépression. Plusieurs entretiens sont parfois nécessaires pour permettre au médecin de faire la part des choses et de répondre à cette question essentielle: est-ce bien une dépression ou est-ce plutôt un passage à vide transitoire?
Difficultés d’adaptation
On a tous nos hauts et nos bas. Pour autant qu’elles soient supportables, les oscillations de l’humeur font partie de la nature humaine. Echec aux examens, changement de travail, conflits familiaux, déménagement, départ des enfants: la vie regorge de situations qui exigent de nous un effort d’adaptation. Dans ce contexte, une déprime, un «coup de blues» passager avec baisse de régime n’a rien d’inquiétant. Typiquement, on va assez bien pendant la journée, mais on a une crise de cafard le soir. On a moins le moral, on dort un peu moins bien et on est un peu angoissé. Visiblement, les symptômes n’ont ni l’intensité, ni la constance, ni la durée nécessaires pour évoquer une vraie dépression. Cette réaction légèrement dépressive est transitoire et ne nécessite, a priori, pas d’intervention médicamenteuse. En revanche, selon les cas, quelques entretiens avec un médecin peuvent aider à mobiliser ses ressources pour traverser plus facilement cette mauvaise passe.
Symptômes de l’anxiété
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Extrait de : J’ai envie de comprendre… la dépression (éd. 2012), de Suzy Soumaille en collaboration avec Guido Bondolfi et Gilles Bertschy
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Anxiété
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Dépression
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