Quels remèdes face à l’arthrose?

Dernière mise à jour 23/09/24 | Article
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Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes touchées par cette maladie dégénérative des articulations ne cesse d’augmenter. Comment la prévenir et la traiter?

Chercheur en sciences pharmaceutiques à l’Université de Genève, le Pr Eric Allémann étudie l’arthrose depuis de nombreuses années. «Pendant longtemps, la recherche, tant académique que privée, s’est peu intéressée à cette pathologie», note-t-il. Heureusement, les choses changent et différentes pistes sont à présent explorées: cellules souches, facteurs de croissance cellulaire pour régénérer le cartilage, traitements anti-inflammatoires… «De nombreux traitements sont actuellement testés sur des humains, principalement de petites molécules visant à réduire l'inflammation ou à reconstruire le cartilage», affirme le chercheur. Mais en attendant l’arrivée de potentiels nouveaux traitements sur le marché, patients et médecins se retrouvent parfois démunis face au manque de solutions.

Une maladie liée à l’âge

L’arthrose est multifactorielle, mais son risque augmente surtout avec le vieillissement. «Au-delà d'un certain âge, pratiquement tout le monde a de l'arthrose quelque part, sans forcément présenter de symptômes importants», indique le Pr Cem Gabay, médecin-chef du Service de rhumatologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). La maladie peut apparaître dès l’âge de 40 ans, voire plus tôt dans de rares cas, mais la majorité des personnes touchées ont plus de 50 ans. Environ 80% des personnes de plus de 80 ans sont affectées par cette maladie et 25% d’entre elles souffrent de douleurs qui lui sont liées. Le surpoids est aussi un facteur important, notamment pour les articulations porteuses comme le genou. D’autres éléments peuvent également intervenir, tels que les lésions articulaires traumatiques ou des prédispositions génétiques, notamment dans le cas d’arthrose familiale. Toutes les articulations peuvent être touchées par l’arthrose mais les plus fréquemment atteintes sont le genou, la hanche ou les doigts. Dans la plupart des cas, les symptômes sont légers, voire inexistants. Parfois, cependant, l’arthrose peut provoquer des douleurs importantes et limiter la mobilité jusqu’à provoquer une invalidité.

Prévenir l’arthrose grâce à l’activité physique

Maladie dégénérative des articulations, l’arthrose touche principalement le cartilage recouvrant les os. Celui-ci, peu irrigué et peu innervé, se régénère mal. En l’abîmant, l’arthrose entraîne des frottements qui peuvent causer des douleurs, un gonflement et une inflammation articulaire. Le traitement de la maladie est donc principalement symptomatique et repose sur deux piliers: la gestion de la douleur et le maintien de la fonction de l’articulation. «L’un va avec l'autre, car si on a mal, on ne bouge pas, explique le Pr Cem Gabay, médecin-chef du Service de rhumatologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Et si on ne bouge pas, la musculature qui entoure les articulations s’affaiblit avec pour conséquence une perte de mobilité accentuée.» 

Si la douleur est importante ou entrave le fonctionnement quotidien, le médecin peut donc prescrire des antidouleurs ou des anti-inflammatoires, en général pour une durée limitée. Les anti-inflammatoires pouvant être toxiques à long terme, il est crucial de ne pas s’automédiquer et de consulter un médecin afin qu’il adapte les dosages et la durée du traitement. Il pourra également conseiller des exercices visant à mobiliser l’articulation et à renforcer la musculature. Des séances de physiothérapie peuvent aussi être prescrites. «Le maintien d'une bonne fonction, qui passe par un renforcement musculaire et des exercices adaptés, est la pierre angulaire de la prise en charge de l’arthrose», assure le rhumatologue. Pratiquer régulièrement une activité physique modérée et à faible impact, comme la natation ou le vélo, est donc idéal. Néanmoins, certains sports à haut risque de blessures, tels que ceux de balle impliquant des chocs ou des mouvements de torsion soudains, peuvent augmenter le risque de développer de l’arthrose. 

En cas de surpoids, qui a tendance à entraîner de l’arthrose au genou ou à la hanche, le traitement consiste avant tout en une perte de poids afin de décharger les articulations douloureuses. 

D'autres traitements sont parfois prescrits, notamment des injections d'acide hyaluronique, qui agit comme lubrifiant de l'articulation, ou encore de plasma riche en plaquettes, qui favorise la régénération des tissus et réduit l'inflammation. Malgré les effets positifs observés chez certains patients, l'efficacité de ces traitements n'est toutefois pas établie. De plus, ils ne sont pas remboursés par la LAMal. 

Concernant les compléments alimentaires, tels que le sulfate de chondroïtine ou la glucosamine, le problème est le même: les niveaux de preuves restent controversés. «On peut les utiliser car ils ne sont pas néfastes pour la santé, mais il est important de rappeler que leur efficacité n’est pas prouvée», souligne le Pr Gabay. 

Dans les cas les plus graves, lorsque la douleur est trop intense et qu'elle limite fortement la mobilité, une intervention chirurgicale, telle que la pose de prothèses, peut se révéler nécessaire.

Les cellules souches, un traitement d’avenir?

Depuis plus de vingt ans, les scientifiques cherchent à régénérer les articulations atteintes d’arthrose par l’injection de cellules souches. Malheureusement, ces efforts ont jusqu'à présent donné peu de résultats, les cellules souches injectées mourant rapidement. Pour résoudre ce problème, le Pr Eric Allémann, chercheur en sciences pharmaceutiques à l’Université de Genève, et son équipe ont mis au point une technique permettant de prolonger la survie des cellules injectées dans l’articulation.  «Pour qu’elles survivent plus longtemps, il leur faut un carburant: le glucose. Le problème est que si l’on l’administre tel quel dans l’articulation, il s’en échappe trop rapidement», explique Paula Gonzalez-Fernandez, première auteure de l’article issu de ces travaux*. Les chercheurs ont donc développé un gel à base d’acide hyaluronique pour retenir le glucose dans l’articulation. «En fixant le glucose à cet hydrogel, nous avons créé l’équivalent d’un système de réserve alimentaire pour les cellules. Elles sont ainsi nourries et meurent moins rapidement», ajoute la chercheuse. Des études sur des animaux sont en cours. Peut-être ce traitement sera-t-il efficace. Mais même dans ce cas, il ne sera pas accessible aux patients avant plusieurs années.

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* Gonzalez-Fernandez P, Simula L, Jenni S, Jordan O, Allémann E. Hyaluronan-based hydrogel delivering glucose to mesenchymal stem cells intended to treat osteoarthritis. Int J Pharm. 2024 May 25;657:124139. doi: 10.1016/j.ijpharm.2024.124139.     

Paru dans Le Matin Dimanche le 22/09/2024

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