Maladie d’Alzheimer: la prévention est primordiale
Longtemps, la maladie d’Alzheimer a été considérée comme le prix à payer du poids des ans et une conséquence d’une prédisposition génétique malheureuse. Et, c’est un fait, cette pathologie minant la mémoire rime le plus souvent avec âge avancé et l’influence génétique n’est pas exclue. Mais de plus en plus d’études montrent aussi son lien avec le mode de vie et avec une multitude de facteurs a priori «évitables». Ce n’est pas tout: grâce aux progrès techniques de ces dernières années, il est désormais possible de détecter la maladie dès ses tout premiers stades. Or les experts sont unanimes: les interventions thérapeutiques gagnent à être entreprises le plus tôt possible.
Pour rappel, la maladie d’Alzheimer se caractérise par une perte progressive de la mémoire. Elle peut également se présenter sous forme de symptômes psychiatriques tels qu’anxiété, apathie et dépression. Un ensemble de troubles pouvant compliquer le diagnostic dans les premiers stades de la maladie. Mais ces vingt dernières années, les techniques de diagnostic ont fait des progrès spectaculaires (lire encadré). Elles ont notamment permis de cartographier les processus de vieillissement pathologique du cerveau chez les patients au cours de leur vie et d’identifier des anomalies caractéristiques, parfois très précoces, de la maladie d’Alzheimer. Fait supplémentaire: ces lésions ont pu être corrélées avec certaines circonstances de la vie.
Ainsi, on sait aujourd’hui, par exemple, qu’une hypertension artérielle non traitée pendant de nombreuses années peut endommager certains vaisseaux sanguins dans le cerveau, entraînant des pertes progressives des performances cognitives, mais aussi qu’à l’inverse, un traitement adapté de l’hypertension peut considérablement réduire le risque de développer une démence à un âge avancé.
Interventions durant les phases précoces
Les nouvelles technologies à l'œuvre ont aussi montré que les maladies cérébrales dégénératives telles que celle d’Alzheimer sont caractérisées par des phases précoces pouvant durer des années.
Le cerveau change pendant ce temps, comme l’attestent des concentrations de protéine bêta-amyloïde et de protéine tau ou une altération des vaisseaux sanguins, mais aucun symptôme cognitif n’apparaît encore pendant ces premières phases. En revanche, des symptômes psychiatriques tels que l’anxiété et l’apathie peuvent déjà survenir.
Cette phase précoce représente une réelle opportunité pour les interventions thérapeutiques visant à stopper l’évolution de la maladie. Les résultats préliminaires de plusieurs essais cliniques sont prometteurs. Tout récemment, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a approuvé le premier médicament qui pourrait ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer en réduisant la protéine bêta-amyloïde.
Autre axe clé: les approches préventives non médicamenteuses. Les résultats de diverses études suggèrent qu’il existe un lien entre un mode de vie sain et une réduction significative du risque de développer une démence. Les réflexes bénéfiques? Une activité physique suffisante, un sommeil adéquat, une alimentation saine, l’absence de tabagisme et une vie sociale et intellectuelle riche. Possible preuve de leur efficacité: au cours des vingt dernières années, la probabilité de survenue d’une démence liée à l’âge a diminué d’environ 20% en Europe occidentale et en Amérique du Nord. L’hypothèse avancée par les experts est bien celle d’une amélioration de l’hygiène de vie.
Dépistage de pointe
Plus performantes les unes que les autres, les méthodes de diagnostic permettent de mieux comprendre l’évolution de la maladie d’Alzheimer et les axes de prévention possibles.
Imagerie par résonance magnétique (IRM): La mise au point de techniques d’IRM permettant de visualiser les modifications de vaisseaux sanguins cérébraux a permis de comprendre comment le fonctionnement optimal de ces derniers est lié à celui de divers groupes de neurones dans le cerveau. Et comment, à l’inverse, leurs lésions peuvent entraîner des pertes progressives des performances cognitives.
Tomographie par émission de positons (TEP): Cette méthode permet de visualiser les changements au niveau moléculaire en perfusant un liquide à courte durée de vie et légèrement radioactif. Le développement de ces traceurs et les progrès du diagnostic en médecine nucléaire ont permis de visualiser une grande variété de protéines en lien avec la maladie d’Alzheimer, parmi lesquelles l’amyloïde bêta et la protéine tau.
Analyse du sang: Les progrès réalisés dans l’analyse du sang sont également très encourageants. Il a ainsi été possible de déduire de manière fiable des changements pathologiques dans le cerveau, tels que l’étendue de la pathologie d’Alzheimer, à partir de protéines mesurables dans le sérum sanguin.
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* Adapté de: Unschuld P. Prévention de la maladie d’Alzheimer: importance du mode de vie et interventions thérapeutiques précoces. Rev Med Suisse 2021;751:1614-16.
Paru dans Planète Santé magazine N° 44 – Mars 2022
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