Qu’est-ce qu’une compulsion alimentaire émotionnelle?
Si un adolescent s’ennuie, il est seul à la maison, souffre de solitude, ne sait pas trop quoi faire, ressent un mal-être général, une sensation floue de malaise, regarde la télévision toute la journée pour oublier la réalité, pour se plonger dans un monde imaginaire qui l’aide à supporter sa réalité et… mange. Il mange sans faim (des aliments sucrés, puis salés et re-sucrés), très rapidement, en se sentant coupable, mais juste pour ressentir un petit soulagement, un petit plaisir dans sa vie vide d’amour, pour remplir un moment ce vide intérieur et cette angoisse de l’avenir, du présent.
Les compulsions alimentaires sévères
L’adolescent se sent mal dans sa peau et ressent un besoin irrépressible de manger ses aliments préférés. Il va ingérer, hors repas, une quantité impressionnante d’aliments en un temps record ; cela va l’apaiser pour un moment. Il ressent un certain plaisir, mais aucune sensation de faim, ni de satiété.
Tout ce processus dépend de l’émotionnel, lié à un mal-être général et flou, un vide intérieur angoissant. Son comportement lui échappe: il s’agit bien d’un trouble.
Lorsque ces crises sont importantes et fréquentes, elles vont le mener à une souffrance psychologique et à un surpoids indéniable.
Trois facteurs principaux peuvent être à l’origine des mécanismes des compulsions alimentaires: un régime amaigrissant trop restrictif, le regard de l’autre ou un manque de confiance en soi.
La restriction alimentaire sévère à laquelle on se soumet pendant un régime est souvent aussi responsable de l’apparition de compulsions. En effet, plus un aliment qu’on aime devient tabou et plus on en a envie. Or, il est rare que l’on puisse s’en passer à long terme. Et c’est à ce moment qu’apparaissent les compulsions, envies irrémédiables de l’aliment ou du plat interdit. On entre alors dans le cercle vicieux de la restriction et de l’échappement. A un certain stade, l’envie de manger cet aliment est si forte que l’interdiction de le manger renforce la frustration, la sensation de faim et l’angoisse. Plus on se rapproche du moment où l’on va craquer et plus le sentiment de dévalori- sation et d’échec sera grand. Après la compulsion, le sentiment de culpabilité est à son comble. Le risque est alors de supprimer le repas suivant ou de développer une restriction sévère renforçant encore le cercle vicieux.
Référence
Extrait de «Alimentation et surpoids à l’adolescence, Manuel de prévention et ateliers pratiques», Dr Dominique Durrer et Yves Schutz, Médecine et Hygiène, 2010.