Prise de poids après 40 ans: et si c’était la faute d’une enzyme?

Dernière mise à jour 23/10/17 | Article
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Une étude américaine pointe du doigt le rôle d’une enzyme dans l’accumulation de kilos excédentaires au fil du temps. Une piste pour lutter contre l’épidémie mondiale d’obésité.

«Je n’ai plus la taille de mes 20 ans…» Cette phrase, si souvent entendue, résonne comme une fatalité. Il n’y a qu’à ouvrir les albums de famille pour constater que grand-mère n’est plus aussi svelte aujourd’hui que jadis ou que tonton a pris quelques tours de taille. Sédentarité, vie stressante et repas engloutis sur le pouce sont souvent les coupables désignés.

Et si cela se passait ailleurs, au niveau des cellules?

Une récente étude américaine* (lire encadré) pointe du doigt le rôle d’une enzyme: la DNA-dependent protein kinase (DNA-PK). Son activité s’accentue avec le temps, ce qui entraîne une réduction du nombre de mitochondries (ces petites usines à l’intérieur des cellules qui brûlent de l’énergie) et une plus grande production de lipides. Avec pour conséquence, un surpoids qui s’installe au fil des ans.

En limitant l’activité de cette enzyme chez les souris, les scientifiques ont constaté que la prise de poids était moindre. De là à produire un médicament inhibiteur de la DNA-PK pour limiter l’épidémie d’obésité chez l’homme, il n’y a qu’un pas.

«Si l’on admet que la souris est un bon modèle de l’humain, cette étude est intéressante et fournit quelques pistes pour tenter d’enrayer l’épidémie d’obésité actuelle. Mais cette épidémie est multifactorielle. 90% des personnes qui souffrent d’obésité morbide ont un trouble du comportement alimentaire compensatoire qui ne se soigne pas simplement en limitant la prise alimentaire», explique François Pralong, chef du service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Et d’ajouter: «nous ne possédons actuellement que quelques médicaments qui permettent de perdre un peu de poids (entre 2 à 5 %), mais aucun pour prévenir cette prise, d’où l’intérêt de poursuivre la recherche.»

Changer ses habitudes

Des souris grosses mais en forme

Les chercheurs du National Heart, Lung and Blood Institute basé à Bethesda dans l’État du Maryland (États-Unis) ont travaillé sur deux groupes de souris dont l’âge correspond à celui d’humains de 45 ans.

Les deux cohortes ont été soumises à un régime bien trop riche. Les scientifiques ont constaté que le groupe recevant un inhibiteur de l’enzyme DNA-PK avait un gain de poids inférieur de 40 % à celui de l’autre groupe. Ces rongeurs gavés de lipides mais dont l’activité de la DNA-PK était diminuée développaient moins de diabète de type 2 et d’obésité. Ils étaient même plus à l’aise lors d’exercices physiques d’endurance que les autres rongeurs grassouillets.

Croire qu’une pilule miracle permettra à tout le monde de garder une taille fine à vie est toutefois illusoire. «Toutes les personnes de plus de 40 ans ne deviennent pas obèses, explique Zoltan Pataky, médecin adjoint au service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Cela montre bien que tout ne repose pas sur une enzyme! Il est vrai cependant que les personnes prennent en moyenne 5 à 10 kg entre l’âge de 20 ans et celui de 50 ans.» En cause: une plus grande sédentarisation, mais aussi des habitudes alimentaires qui n’évoluent pas en fonction des besoins. Zoltan Pataky explique: «La prise de poids du milieu de vie intervient principalement car le métabolisme de base diminue et le corps brûle donc moins de calories. Cela est lié à une perte progressive de masse musculaire et de masse osseuse ainsi qu’à notre mode de vie qui souffre bien souvent d’un manque d’activité physique. Une personne de 60 ans, même sportive, a besoin de moins d’apports caloriques que lorsqu’elle en avait 20.»

La faim physiologique étant rarement calquée sur l’envie ou le besoin de manger, les kilos excédentaires s’accumulent au fil des ans. Les femmes sont moins bien loties que les hommes, car la diminution d’œstrogènes à la ménopause fait davantage fondre la masse musculaire et favorise donc les bourrelets indésirables.

Les deux spécialistes sont formels: pour ne pas devoir changer sa garde-robe après 60 ans (car c’est véritablement à partir de cet âge-là que la perte de muscle commence), il faut faire d’avantage d’activité physique. «Faire bouger une personne qui n’a jamais été sportive est très compliqué, analyse François Pralong. Le mieux est de lui suggérer quelques changements d’habitudes assez simples, sans que cela l’oblige à passer des heures dans un fitness. Monter un étage à pied plutôt qu’en ascenseur, descendre un ou deux arrêts de bus avant sa destination, essayer de marcher à la moindre occasion, sont des gestes simples qui peuvent faire la différence.» Pour éviter une trop grande perte de masse musculaire, le Dr Pralong préconise aux personnes de plus de 60 ans d’augmenter légèrement leurs apports en protéine. Et bien évidemment: limiter sucres et graisses.

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* Sung-Jun Clark et coll., «DNA-PK Promotes the Mitochondrial, Metabolic, and Physical Decline that Occurs During Aging», in Cell Metabolism 2017.

 

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Saholy Razafinarivo Schoreiz, une spécialiste de l'obésité infantile

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