Obésité: le poids des troubles psychiques

Dernière mise à jour 05/06/19 | Article
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L’obésité et les troubles mentaux pourraient, dans certains cas, être associés, en tant que causes, symptômes ou conséquences. Dans quels cas ces différentes maladies sont-elles corrélées, et comment y remédier?

Trouble aux conséquences physiques délétères, l’obésité concerne aujourd’hui près de 13% de la population mondiale et 10% des Suisses. Il s’agit d’un déséquilibre physiologique chronique entre apports et dépenses énergétiques qui entraîne une prise de poids considérable, des risques de développer d’autres pathologies ainsi qu’une baisse de la qualité de vie.

Il a en outre été récemment découvert que l’obésité était souvent corrélée à des troubles psychiques, qui pouvaient aussi bien en être la cause que la conséquence. Comme l’obésité, ces troubles psychiques, qui touchent 18% des Suisses, peuvent être dus à de nombreux facteurs, tant génétiques qu’environnementaux. Au niveau des symptômes, la distorsion des émotions, des perceptions et du comportement se retrouvent tant chez les personnes souffrant d’obésité que chez celles atteintes de troubles psychiques. La stigmatisation en est également un dénominateur commun.

L’obésité: un trouble du comportement alimentaire?

Parmi les troubles mentaux associés à l’obésité, il y a l’hyperphagie boulimique – ou boulimie – qui se manifeste par des crises compulsives durant lesquelles, en très peu de temps, une importante quantité de nourriture est absorbée. Souvent couplé à l’obésité, ce trouble, qui touche environ 3% des Suisses, est non seulement à l’origine d’une importante prise de poids, mais aussi source d’une grande souffrance.

Quid des addictions?

Dans le syndrome d’obésité, l’absorption compulsive d’aliments peut devenir un geste addictif. Une dépendance qui vient parfois combler un manque affectif ou un mal-être. Mais ce sont aussi 10% des personnes souffrant d’obésité qui seraient affectées par d’autres addictions, à l’alcool ou aux drogues. Il se pourrait également que l’obésité se développe suite à des sevrages.

Dépression et obésité: un couple infernal

Affection mentale parmi les plus courantes, la dépression concerne tout particulièrement la population obèse. Elle pourrait d’ailleurs en être la cause comme la conséquence. En effet, la dépression peut être à l’origine d’une mauvaise alimentation ou d’une baisse de l’activité physique, tandis que l’obésité provoque une image de soi dégradée et une stigmatisation sociale pouvant mener à la dépression. Une étude a récemment démontré que la dépression augmentait de 58% le risque d’être obèse.

Bipolarité, hyperactivité… quels liens avec l’obésité?

Comme la dépression, le trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH), serait plus répandu chez les malades d’obésité. En cause, l’impulsivité caractéristique de ce trouble qui conduit à l’hyperphagie. Les troubles bipolaires (troubles de l’humeur où des périodes d’excitation alternent avec des périodes dépressives) sont plus fréquemment retrouvés chez les personnes obèses, sans que les liens ne soient très clairs. A noter toutefois qu’on retrouve également, chez la majorité des personnes obèses, un schéma de pensée «tout ou rien», surtout en ce qui concerne les restrictions cognitives liées à l’alimentation.

L’impact des traitements

Outre l’anxiété et la sédentarité, les traitements de certains troubles mentaux contribuent de leur côté et dans de nombreux cas à une prise de poids parfois notable. Les antidépresseurs, les régulateurs de l’humeur, mais surtout les antipsychotiques – dans le cas de la schizophrénie – accentuent l’hyperphagie et peuvent conduire à plusieurs dizaines de kilos en trop. En découlent de potentiels problèmes cardiovasculaires et une diminution de l’espérance de vie.

La nourriture pour chasser l’angoisse

Dans ces maladies, comme dans les troubles anxieux (phobies, TOC, syndrome de stress post-traumatique), la nourriture devient une sorte d’anxiolytique. Elle semble en effet, pour un court moment, chasser l’angoisse… Mais à tort, puisque le cercle vicieux constitué par l’hyperphagie, la prise de poids et l’anxiété se retrouve ainsi alimenté. Il convient alors d’opter pour une thérapie qui permette de soigner durablement l’anxiété et les autres troubles psychiques associés à l’obésité.

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Adapté de «Quand le poids influence la santé mentale… et réciproquement», Dr Loïck Locatelli, Dr Zoltan Pataky, Pr Alain Golay, Service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques / Centre collaborateur de l’OMS, Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences, HUG; Dr Leila Boulanouar,Service d’endocrinologie, maladies métaboliques et nutrition, Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse. In Revue Médicale Suisse 2017 ; 13 : 642-6 

 

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