Éq’kilo ou comment vaincre l’obésité infantile
Introduction
L’obésité infantile pèse lourd en matière de santé publique. En Suisse, près de 30% des enfants et des adolescents sont en surcharge pondérale, tandis que 5 à 10% souffrent d’obésité. Depuis 7 ans, les jeunes de la région du Locle et de la Chaux-de-Fonds ont la possibilité d’intégrer un programme de soin dans le cadre de l’école obligatoire. Le projet éq’kilo, né sous l’impulsion d’un médecin scolaire, le Docteur Souhaïl Latrèche, réunit une équipe de professionnels pluridisciplinaire. Médecins, maîtres de sport, diététicienne, éducatrice et psychologue encadrent les jeunes en surpoids et leurs familles pendant un an.
L’objectif est bien plus large que la seule perte de poids. Il consiste à instaurer des changements durables dans le rapport à la nourriture et au corps. L’autre idée force de ce concept est que l’obésité ne se résume pas à un simple déséquilibre entre alimentation et activité physique, mais englobe l’individu dans son ensemble, c’est-à-dire avec son comportement, ses pensées, ses émotions, son éducation, sa famille.
Les parents sont en effet partie prenantes dans ce programme, qu’ils soient eux-mêmes ou non en surcharge pondérale. Ils participent à bon nombre de séances et assurent le suivi entre elles. L’obésité n’est pas envisagée uniquement comme le problème de l’enfant. Les professionnels estiment qu’elle est porteuse de sens au sein de la réalité familiale, dont elle révèle les fonctionnements. Pour l’équipe soignante, il ne s’agit pas pour autant de culpabiliser les parents. Au contraire, elle est là pour leur offrir un soutien et pour valoriser leurs ressources personnelles, tout en leur donnant des clés pour les aider dans ce cheminement. Le rôle de l’éducation, le développement psychologique de l’enfant, ses besoins pour se construire sont autant de thèmes abordés dans des séances individuelles ou de groupe.
Pas de restriction alimentaire
Sur le plan diététique, la prise en charge de l’obésité repose traditionnellement sur un contrôle des apports alimentaires, en fonction de l’âge de l’enfant. Or, de nombreuses études ont démontré que plus on restreint l’alimentation, par le biais de régimes, plus le risque est grand que la personne en surpoids développe, en parallèle, des troubles du comportement alimentaire. Ainsi, c’est classique, les phases de restriction sont suivies par des phases de compulsion, dans lesquelles elle va chercher à compenser tout ce dont elle s’est privée pendant un temps. A long terme, on observe non pas un amaigrissement, mais une prise de poids progressive, ce qui est totalement contre-productif.
Eq’kilo propose de son côté de dépasser la dialectique quantité et qualité des aliments, en cherchant à développer chez le jeune un comportement alimentaire sain. Certes, on va s’intéresser à la qualité de ce qu’il mange (et boit) et au contexte de nutrition, en soulevant les questions suivantes: quelle place ont les fruits et légumes dans son assiette? Prend-il ses repas seul ou en famille? Mange-t-il à table, au salon, sur le canapé, avec ou sans télé? A quel rythme? Le but est de
mettre en évidence les points positifs et les zones fragiles de son mode de nutrition. Puis, plutôt que de lui fixer des quantités réglementaires par jour ou par repas, on va lui apprendre à reconnaître les sensations de faim et de satiété.
Dans des séances de groupe animées par la diététicienne et la psychologue, les familles auront la possibilité de discuter des connaissances acquises en matière d’équilibre alimentaire et de faire part de leurs propres expériences. Il est question, par ces échanges, de stimuler des changements dans les pratiques familiales.
Pour ancrer ces réflexions dans la pratique, trois ateliers de cuisine, avec réalisation d’un repas et dégustation, sont organisés durant l’année. Pour les uns et les autres, c’est l’occasion de découvrir une façon légère de cuisiner et de goûter de nouvelles recettes.
Un accompagnement psychologique
Pour cerner les enjeux psychologiques de l’obésité, on va essayer de repérer et de décrypter avec les participants les comportements alimentaires qui génèrent la prise de poids, à travers des discussions, des travaux individuels et des jeux de rôle. Pourquoi l’adolescent se met-il à grignoter? Qu’est-ce qui le pousse à manger de manière excessive? Comment perçoit-il les liens entre stress et alimentation?
Le suivi psychologique est en effet central dans ce projet. Le surpoids de l’enfant peut compliquer son intégration sociale et le conduire à l’isolement. Très souvent, dans le regard des autres, l’individu obèse se résume à ses kilos en trop. Les moqueries sur son physique sont fréquentes, de même que les stéréotypes qu’on peut lui coller, comme celui du gros jovial et bon vivant. Mais cette identité de «gros» peut sérieusement entamer son estime de soi et favoriser, à l’adolescence, l’émergence de maladies psychiques sévères comme la dépression ou les troubles alimentaires.
Cette prise en charge ne serait pas complète si l’activité physique n’y était pas programmée. Le sport améliore la condition physique générale, il augmente la dépense énergétique et favorise la fonte des graisses au profit de la masse musculaire. Plusieurs fois par mois, les ados, seuls ou avec leurs parents, ont alors la possibilité de faire de la gym, de la natation, de l’athlétisme, etc. Ce n’est pas la performance qui est visée, mais le plaisir de bouger. De quoi se sentir plus léger et mieux dans son corps!
Source
« Prise en charge du surpoids chez l’enfant », Revue Médicale Suisse, n°179, novembre 2008 par S. Latrèche, F. Authier, S. Vogel, A. Mosset, F. Portner, J.C. Perroud.
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Obésité
L’obésité est une maladie qui augmente le risque de survenue d’autres maladies et réduit l’espérance et la qualité de vie. Les patients atteints de cette accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle nécessitent une prise en charge individualisée et à long terme, diététique et comportementale.