Cinq régimes sous la loupe
«Pour espérer une perte de poids durable, il faut comprendre les mécanismes qui se cachent derrière un surpoids ou une obésité et être accompagné par des professionnels formés à ces problématiques», souligne le Pr Zoltan Pataky, responsable de l’Unité d’éducation thérapeutique du patient aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et vice-président de l’Association suisse pour l’étude du métabolisme et de l’obésité (ASEMO). Décryptage.
Le régime paléolithique
L’idée: manger comme au temps où les êtres humains chassaient et cueillaient pour se nourrir. Riche en protéines et en végétaux, le régime paléolithique est naturellement pauvre en graisses saturées, et c’est son atout. Néanmoins, l’absence de céréales et de sucres lents peut entraîner des carences nutritionnelles. Quant à la perte de poids, elle n’a pas été prouvée sur le long terme. Enfin, la qualité des aliments concernés n’est plus la même qu’au Paléolithique!
Le régime dissocié (ou shelton)
Il s’agit de ne pas mélanger les différents types d’aliments lors d’un même repas afin d’optimiser leur digestion. Pour le petit-déjeuner, on évitera donc le fameux muesli, qui allie céréales, fruits et produits laitiers. Au déjeuner, toujours selon ce régime, pas de féculent (sucre lent) ni de légume pour accompagner une viande afin de garantir une meilleure assimilation. Or, «les fibres présentes dans les végétaux ralentissent l’absorption des sucres, par exemple», indique le PrPataky. De façon plus générale, le spécialiste ajoute qu’il n’y a pas de certitude quant à l’intérêt de manger dissocié pour la santé.
La cure détox
Elle repose sur la croyance qu’un aliment (gingembre, ananas, par exemple) ou une boisson (jus de légumes, de citron, etc.) peut à lui seul nettoyer l’organisme et occasionner une perte de poids. La tentation d’une cure détox vient souvent après une période d’excès, mais cette pratique est trop restrictive et contre-productive, selon le spécialiste: «Le corps va surtout perdre de l’eau, mais également du glycogène, soit les glucides stockés dans le foie et les muscles. La privation causée par une telle cure peut générer des carences et une fonte de la masse musculaire. Le corps va ensuite vouloir instinctivement refaire ses stocks car nous ne pouvons vivre sans. Pour compenser le manque, nous allons manger plus et moins bien, comme après n’importe quel régime restrictif.»
Le régime cétogène (ou «low carb»)
Il s’agit de diminuer drastiquement la consommation de glucides (en passant à 10% des apports quotidiens au lieu des 50 à 60% recommandés) et d’augmenter les graisses (trois à quatre fois plus que ce qui est préconisé). Conséquence: avec un apport aussi réduit en glucides, l’organisme doit inévitablement compenser. «On ne peut pas manger comme ça à vie, ce n’est pas physiologique», commente le PrPataky. La baisse de la force musculaire, la fatigue et le manque d’énergie conduisent généralement à l’arrêt du régime et à une reprise de poids (le fameux effet yoyo).
Le jeûne intermittent
Il consiste à ne pas manger durant plusieurs heures (pas de petit-déjeuner ou de déjeuner par exemple) ou plusieurs jours, selon son choix. «Les études montrent un bénéfice sur le taux de sucre dans le sang, mais on ne connaît pas les effets au-delà de quelques mois», indique le PrPataky. À noter que le jeûne ne permet de perdre du poids que s’il est associé à une alimentation équilibrée. «Si on ne se nourrit pas sainement ou que l’on est sédentaire, les effets seront limités. Attention également à éviter une trop grande restriction alimentaire qui pourrait provoquer des carences ou des “craquages” avec une reprise de poids ultérieure.»
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Obésité
L’obésité est une maladie qui augmente le risque de survenue d’autres maladies et réduit l’espérance et la qualité de vie. Les patients atteints de cette accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle nécessitent une prise en charge individualisée et à long terme, diététique et comportementale.