La chirurgie bariatrique: un coup de pouce parfois nécessaire

Dernière mise à jour 11/07/22 | Article
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Perdre du poids durablement est souvent long et difficile. Parfois, modifier son hygiène de vie ne suffit pas à faire disparaître les kilos en trop.

Lorsque l’indice de masse corporel (IMC) est égal ou supérieur à 35 ou qu’un diabète de type 2 est associé à un IMC égal ou supérieur à 30, la chirurgie peut être envisagée. Pour cela, il est nécessaire d’avoir un suivi nutritionnel et aussi psychologique, en présence d’un trouble du comportement alimentaire.

La préparation à la chirurgie comporte plusieurs étapes: un suivi diététique obligatoire avant et après l’intervention, une évaluation psychiatrique pour écarter des troubles psychologiques sévères qui pourraient mettre en échec l’opération, l’identification de contre-indications, plusieurs consultations médicales (chirurgie, nutrition, anesthésie, gastro-entérologie, pneumologie) ainsi que trois journées d’éducation thérapeutique.

Disparition des maladies associées

Le by-pass gastrique – la chirurgie de l’obésité la plus répandue – repose sur deux principes: la réduction de la taille de l’estomac et la diminution de l’assimilation des aliments par l’organisme en raison d’un court-circuit d’une partie de l’intestin. La perte de poids résulte ainsi de différents mécanismes. La restriction gastrique diminue la quantité d’aliments ingérée et la satiété apparaît plus rapidement. La quantité d’aliments assimilés par le tube digestif est elle aussi réduite. Il se produit également une série d’effets secondaires sur le plan hormonal ayant pour effet une diminution de l’appétit et une amélioration, voire une disparition, des autres maladies (diabète, hypertension, hypercholestérolémie, apnées du sommeil, etc.): «Le profil glycémique s’améliore dans les trois jours après l’opération, au point de résoudre le diabète avant même la perte de poids. L’envie de manger sucré est moins forte et favorise le maintien de bonnes habitudes alimentaires avec des repas plus riches en protéines et moins sucrés», décrit la Dre Minoa Jung, médecin adjointe au Service de chirurgie viscérale des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), responsable du programme de la chirurgie bariatrique et co-directrice du nouveau Centre de l’obésité et de la chirurgie bariatrique des HUG.

Le risque de complication chirurgicale est très rare. D’autres complications à long terme (addiction à l’alcool, par exemple) existent, mais elles peuvent être réduites «à condition de bien sélectionner et préparer les patientes et les patients», précise la spécialiste. Dans tous les cas, un suivi par l’équipe de chirurgie viscérale de cinq ans au minimum est obligatoire (surveillance de la perte de poids, substitution des carences vitaminiques, etc.). Par la suite, un suivi à vie est assuré par la ou le médecin généraliste ou spécialiste.

Cette chirurgie, dont le taux de réussite en termes de perte de poids atteint les 90%, est un véritable coup de pouce, mais «pour atteindre un résultat satisfaisant et durable, elle doit s’accompagner en amont d’une compréhension des causes de l’obésité et d’un changement du style de vie», indique encore la chirurgienne. Les personnes peuvent ainsi espérer perdre à long terme environ 70% de leur excès de poids. Cette perte de poids importante favorise d’ailleurs l’activité physique, avec à la clé une meilleure qualité de vie et des années de vie en plus. Néanmoins, environ 10% des personnes opérées perdent soit moins de 50% de leur excès de poids, soit reprennent plus de la moitié ou la totalité des kilos perdus. «Nous les revoyons pour comprendre pourquoi et recherchons d’éventuelles causes anatomiques. Si celles-ci sont écartées, nous les réintégrons dans un suivi diététique et comportemental plus rapproché», rassure la Dre Jung.

Brigitte, 54 ans: «Le by-pass a été une renaissance»

«J’ai suivi toute ma vie des régimes pour garder mon poids, mais suite à une dépression, j’ai perdu le contrôle et j’ai pris 30 kg. Je n’arrivais pas à les perdre, alors j’ai commencé à m’interroger et à me documenter. J’ai lu le livre du Pr Alain Golay1 et suis tombée sur la consultation des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). J’ai pris rendez-vous à l’Unité d’éducation thérapeutique, où j’ai trouvé une écoute et une bienveillance incroyables. J’ai commencé le programme et, très vite, j’ai compris que je ne mangeais pas par faim mais par ennui ou anxiété. J’ai aussi fait le lien avec mon histoire familiale. En un an, j’ai perdu 5 kg sans aucun régime, mais simplement en écoutant mon corps. Seulement voilà, malgré le grand travail que j’avais accompli, j’en avais encore 30 à perdre. Mon métabolisme était déréglé, j’avais des problèmes de souffle, des douleurs au genou et une grande souffrance psychologique. J’ai alors décidé de faire un by-pass. Lors de la préparation, l’équipe m’a bien expliqué que cette intervention serait un coup de pouce, mais pas une baguette magique. Pour moi, cela a été une renaissance. J’aime à nouveau la vie. Ma confiance en moi et mon estime sont remontées en flèche. J’étais mal dans mon corps, aujourd’hui je peux mettre n’importe quel vêtement même si mon corps ne ressemble plus à celui que j’avais autrefois avec le même poids. Il est certain que cela demande une certaine adaptation. J’applique rigoureusement les conseils qui m’ont été donnés. Il faut être très organisée. Je dois manger de petites quantités à la fois, par exemple. Je dois parfois me restreindre, mais lorsque je pense à tout ce que l’opération m’a apporté, j’oublie très vite cette frustration.»

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1 A. Golay, Z. Pataky. Maigrir durablement, c’est possible! Approches scientifiques et psychologiques de l’obésité. Éditions Vigot, Paris, 2018.

Article repris du site  pulsations.swiss

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