Coupe-faim, pourquoi il ne faut pas croire aux miracles
Chaque année, on entend parler de nouvelles découvertes pour maigrir et les forums sur internet s’agitent face à de nouveaux produits supposés «couper la faim» de manière miraculeuse. Mais gare! «Il faut commencer par rappeler que la faim est un phénomène physiologique qui assure notre survie. Si on n’a plus faim, on meurt», rappelle le professeur Alain Golay, spécialiste de l’obésité aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Des produits dangereux
Auparavant, il existait des médicaments, comme les dérivés d’amphétamines, qui agissaient sur le centre de la faim situé dans le cerveau, en faisant ressentir l’effet de satiété plus rapidement. «Ce sont des produits dangereux, qui agissent comme une drogue et induisent une dépendance. Ils ont heureusement tous été retirés du marché et sont strictement interdits de vente en Suisse», commente le spécialiste.
Leurs effets secondaires sont en effet bien supérieurs à leurs bénéfices. Les études montrent qu’ils peuvent générer une hypertension artérielle ou un accident cardiovasculaire. Le fameux Mediator®, utilisé en France avant d’être interdit, faisait partie de cette catégorie de médicaments. On le soupçonne d’avoir fait entre 500 et 1000 victimes.
Des médicaments contre l’obésité?
Sur le plan pharmaceutique, les traitements efficaces pour lutter contre l’obésité sont rares. Un seul d’entre eux, utilisé aux HUG, offre une piste. L’orlistat (Xenical®) permet de diminuer l’absorption des graisses. Cette molécule présente en outre un intérêt sur le plan pédagogique dans la mesure où, si le patient mange trop gras, le médicament provoque des effets secondaires désagréables (diarrhées huileuses) généralement dissuasifs. Uniquement délivré sur ordonnance médicale, ce traitement a été élaboré pour les personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 28 kg/m2.Le cas du baclofène
Sur les forums, on évoque beaucoup le baclofène, un médicament myorelaxant prescrit dans le cadre de la sclérose en plaques, mais utilisé par certains internautes pour perdre du poids. L’avis du professeur Golay est sans appel: «On oublie! Il n’existe pas d’autre indication médicale que la sclérose en plaques pour ce médicament. C’est scandaleux que des personnes se voient prescrire ce médicament pour perdre du poids alors qu’aucune étude ne prouve son efficacité. Cela m’irrite d’entendre ça. On ne joue pas avec ce type de médicaments qui peuvent avoir des effets secondaires importants!»
Pour ces mêmes raisons, en janvier dernier, l’Agence nationale française de sécurité du médicament et des produits de santé émettait une mise en garde contre l’utilisation du baclofène dans le cadre d’un régime amaigrissant. Douleurs musculaires, nausées, baisse de la tension artérielle, problèmes respiratoires et même coma figurent parmi les effets secondaires toxiques observés.
Du côté des plantes
Aujourd’hui, en matière de coupe-faim on trouve essentiellement des préparations à base de plantes et de fibres venues généralement de pays exotiques. Leur fonctionnement repose sur un même principe: elles ont la propriété d’absorber massivement l’eau et de remplir l’estomac, ce qui aurait pour effet d’induire la sensation de satiété très rapidement. Considérées comme des compléments alimentaires, ces préparations ne sont pas soumises aux mêmes contraintes que les médicaments. «Il reste encore à prouver qu’elles diminuent la faim», remarque le spécialiste.
Les bonnes vieilles recettes
Si la pilule miracle qui permet de maigrir sans effort n’existe pas, il reste en revanche une approche qui a fait ses preuves: manger mieux et pratiquer régulièrement une activité physique. Certains aliments jouent par exemple naturellement le rôle de coupe-faim. Parmi eux figurent les fruits, riches en eau et en fibres rassasiantes ainsi qu’en vitamines et oligo-éléments nécessaires à notre santé.