Vous ne voulez plus snacker? Levez-vous et marchez!
Mais il arrive qu’aux grands maux les petits remèdes soient, parfois, suffisants. C’est ce que nous révèle aujourd’hui un groupe de chercheurs anglais de la jeune université d’Exeter sise dans le comté du Devon. Snackerait-on plus qu’ailleurs dans le fort riant quoique humide Devonshire? Toujours est-il que le groupe dirigé par le Pr Adrian Taylor est parvenu à la conclusion qu’une gentille petite promenade de quinze minutes peut réduire le grignotage de moitié ; du moins le grignotage au travail, c'est-à-dire dans des situations stressantes qu’en théorie les salariés ne connaissent pas (ou moins) à leur domicile.
Cette étude anglaise originale a plus particulièrement porté –sans doute précisément parce qu’elle est anglaise – sur des barres chocolatées. Elle vient d’être publiée dans la revue fort bien nommée Appetite . On en trouvera un résumé ici. Les auteurs ont intitulé leur travail ‘’Brisk walking reduces ad libitum snacking in regular chocolate eaters during a workplace simulation’’ .ce qui, on en conviendra, ne saurait être traduit.
En pratique : soixante dix-huit salariés consommateurs réguliers de barres chocolatées sur leur lieu travail ont accepté de participer à cette étude. Age moyen 25 ans, IMC 23,5 kg/m. Deux jours d’abstinence chocolatée. On a alors placé ces volontaires dans un environnement imitant au mieux le cadre de travail. Résumons rapidement l’étude. Quatre groupes ont été constitués. Les deux premiers ont été invités à pratiquer une petite marche rapide de 15 minutes sur un tapis roulant avant de retourner à leur tâche ; soit pour un travail assez facile avec peu de stress, pour l'autre un emploi plus exigeant. Les membres des deux autres groupes ont été invités à se reposer avant de remplir les mêmes travaux. Détail pervers mais essentiel: tous les participants disposaient gratuitement et ad libitum de barres chocolatées sur leur bureau.
Résultats: celles et ceux qui ont fait de l’exercice n’ont consommé, au total et en moyenne, que la moitié (15 grammes) de la quantité de chocolat consommée par les autres (28 grammes). Et la difficulté de la tâche ou le stress qui lui est associé n’a rien à voir à l’affaire. Le Pr Taylor et ses élèves avaient déjà montré que l'exercice peut freiner les envies de chocolat. Pragmatique il poursuit son chemin en démontrant que l’exercice peut effectivement réduire la consommation. Comment comprendre? En rappelant que l'exercice physique est connu pour avoir des avantages significatifs sur l'humeur, l’énergie et le contrôle de nos petites addictions quotidiennes.
Ajoutons à ces conclusions anglaises cette observation américaine: les femmes qui suivent un régime hypocaloriques mais qui ne parviennent pas à céder à la tentation d’une (petite) collation matinale perdent objectivement moins de poids que celles qui s'abstiennent de snacker. Les preuves objectives en sont apportées par une équipe du Fred Hutchinson Cancer Research Center dans l’édition de décembre du Journal of the American Dietetic Association. Consolation: une (petite) collation n’est cependant pas à proscrire - quand on a faim entre deux repas- mais il faut alors savoir que certains aliments doivent être préférés à d’autres.
Au départ l’étude américaine consistait en vaste essai clinique randomisé destiné à tester les effets de la nutrition et de l'exercice physique sur le risque de cancer du sein. Les femmes devaient enregistrer l’heure, la fréquence et la composition des repas consommés sur une journée normale. A partir de ces données le Dr. Anne McTiernan conclut qu’une collation en milieu de matinée est liée, pour un même régime, à une perte de poids moyenne de 7%. A l’inverse un petit déjeuner (sain) non suivi d’une collation avant le déjeuner est lié à une perte de poids moyenne de plus de 11%. On entend ici par collation toute nourriture ou boisson consommée entre les repas principaux.
«Grignoter en milieu de matinée est donc plutôt le reflet d’un moment de détente ou d’une habitude plutôt que du besoin de satisfaire sa faim, extrapole le Dr. McTiernan. Le grignotage juste avant l’un des repas principaux peut être préjudiciable à la perte de poids, mais attendre trop longtemps entre les repas peut également saboter les efforts d’un régime alimentaire». Cette étude révèle aussi que les femmes qui s’autorisent plus de deux collations par jour ont un plus grand apport de fibres et que les grignoteuses de l’après-midi, consomment plus de fruits et de légumes. «Beaucoup de femmes pensent qu'un programme de perte de poids implique forcément la sensation de faim, souligne le Dr McTierman. Notre étude suggère que le grignotage peut réellement aider à perdre du poids s'il n'est pas trop près d'un autre repas, en particulier si les collations sont des aliments sains qui peuvent aider à se sentir rassasié, sans un apport trop important de calories.»
Les meilleures collations pour un programme de perte de poids? Ce sont celles qui apportent à l’organisme des protéines, les yaourts allégés en matières grasses, quelques cerneaux de noix, des fruits frais, des barres aux grains entiers, et des boissons sans calories comme l'eau, le café et le thé non sucrés. Ce qui n’interdit nullement d’y associer un peu d’exercice physique. Avant de retourner à l’établi.
Le commentaire du Dr Dr Marc-Henri Gauchat, spécialiste en médecine interne générale, médecine manuelle (Sion)
Cette petite étude montre que 15 minutes de marche réduit de moitié la consommation de chocolat chez des grignoteurs de chocolat sur la place de travail. Il est connu que l’exercice diminue la résistance à l’insuline, est-ce que ce mécanisme est responsable pour cette diminution de l’appétence pour le chocolat ? Cela reste à prouver pour une durée d’exercice si courte. D’un autre côté, l’exercice donne soif et un carré de chocolat n’est peut-être pas la première priorité dans ces circonstances. Conclusion pratique : avec 15 minutes de marche, vous mangez un seul Lindor au lieu de deux ! C’est déjà cela d’économisé!