Raisins secs pour collation idéale
On s’en doutait, on en a progressivement la preuve: le snacking fait recette. Les collations, en-cas, snacks, pause-café et autres repas qui n’en sont pas intéressent au plus haut point les industriels de l’agro-alimentaire. Jadis, le travailleur de force se régalait, à la pause, d’un casse-croûte. Le salarié contemporain serait effrayé de devoir mordre à pleine dents dans des tranches de pain coupées, devant lui, au couteau et d’apparence par trop rustique. Sans parler du contenu charcutier ou fromager. Et sans évoquer des fragrances dont on ne savait pas alors qu’elles étaient synonymes de développement durable. Comment, d’ailleurs, imaginer des distributeurs de casse-croûte?
On a ainsi progressivement vu les en-cas et autres collations s’aseptiser, être industriellement confectionnés, conditionnés, portés par des marques et la publicité qui les fait vivre et prospérer. Le tout avec des allégations récurrentes (rarement démontrées) concernant les vertus sur la santé des (jeunes) consommateurs. C’est ainsi que l’on voit fleurir aujourd’hui dans les gondoles un nouveau slogan – «Feel Good», en français – censé offrir davantage de visibilité aux produits estampillés «sains». Et ce alors même que l’on cherche des remèdes à l’insidieuse tentation du grignotage et de ses méfaits.
Et puis, ici ou là, des îlots de résistance face aux rois du snacking. Ainsi, les raisins secs, collation idéale dans la mesure où ils apporteraient une véritable sensation de satiété pour un apport calorique raisonnablement réduit. C’est du moins la conclusion optimiste d’une étude présentée à la réunion annuelle de la Canadian Nutrition Society qui vient de se tenir à Vancouver. Il faut préciser d’emblée que cette étude a été financée par le «California Raisin Marketing Board», émanation du groupement des producteurs californiens de raisins.
Le travail a été mené par le Pr G. Harvey Anderson, professeur de sciences de la nutrition et de physiologie du département des sciences nutritionnelles de l’Université de Toronto. Il a concerné 26 enfants, garçons et filles, de poids normal, âgés de 8 à 11 ans, et ce sur une période de trois mois. Les jeunes participants à l'étude ont été répartis au hasard dans des groupes à qui on proposait de manger, après l’école, des raisins secs ou d’autres types de snacks: des raisins frais, des chips ou des biscuits aux pépites de chocolat. Et ce jusqu’à ce qu’ils ne ressentent plus de sensation de faim. En dehors de cette collation, chaque enfant se voyait http://www.eurekalert.org/multimedia/pub/44180.php?from=213644 proposer les mêmes repas (dont le petit-déjeuner) durant la journée. La sensation de faim était mesurée avant et immédiatement après la consommation des produits proposés à intervalles de quinze minutes
Les auteurs constatent en substance que l'apport alimentaire est plus faible après la collation de raisins secs et que la sensation de satiété est supérieure avec les raisins secs par rapport aux d’autres collations. Il apparaît d’autre part que la collation de raisins secs entraîne un apport moindre de calories consommées en comparaison des autres apports. Des raisins frais, des chips et des biscuits au chocolat fournissent respectivement un apport calorique supérieur de 56, 70 et 108% par rapport aux raisins secs.
Enfin l'apport calorique cumulé de la journée est de 10 à 19% plus faible lorsque la collation est composée de raisins secs. «A notre connaissance, c'est la première étude contrôlée menée chez des enfants sur le thème de la pratique du grignotage et du sentiment de satiété, a déclaré le Pr Anderson. Et nous avons trouvé que la consommation de raisins secs peut aider à contribuer au maintien, chez les enfants d'âge scolaire, d’un poids compatible avec leur santé.» Faut-il reprendre ce travail pour en confirmer les conclusions? Comparer en double aveugle les effets de raisins secs de diverses origines géographiques et ampélographiques? Ou se dire qu’il y a là une belle occasion à saisir: remplacer certains des fruits tout apprêtés de la production industrielle agro-alimentaire par ceux de la vigne. Avec, en prime, les bienfaits des différents composés du raisin sans les effets de l’alcool?