Le régime méditerranéen, une affaire de cœur
On nous le répète depuis longtemps, le régime méditerranéen est bon pour le cœur. Mais pour étayer cette théorie, il manquait une recherche solide. C’est chose faite avec Predimed, une étude randomisée comportant sept mille quatre cent quarante-sept personnes suivies pendant près de cinq ans, et soumises soit à un régime méditerranéen1, soit à une diète pauvre en graisse. Toutes présentaient d’importants risques cardiovasculaires (diabète, surpoids, obésité, hypercholestérolémie, tabagisme, hypertension), sans pour autant avoir subi d’incident dans ce domaine. Les chercheurs ont comparé la fréquence des accidents cardiovasculaires survenus par la suite entre les deux groupes. Le verdict est sans appel, avec 30% d’incidents en moins dans le «groupe méditerranéen», si bien que l’étude a été suspendue pour des raisons éthiques. La fin des régimes pauvres en graisses? L’analyse de Roger Darioli, spécialiste des lipides, à Lausanne, et président de la Commission cantonale d’éthique de la recherche sur l’humain.
Est-ce que Predimed apporte quelque chose de nouveau dans l’étude du régime méditerranéen?
Roger Darioli: C’est la première étude avec un grand nombre de participants, répondant à des critères scientifiques et concernant la prévention primaire, soit avant la survenue d’un accident cardiovasculaire. Elle montre clairement un effet préventif du régime méditerranéen, par comparaison au régime pauvre en graisse, ce que l’on suspectait depuis longtemps!
Que dit cette étude en termes de santé publique?
Que le régime méditerranéen est très favorable. S’il s’agissait d’un médicament, il serait remboursé. Sur une période de cinq ans seulement, on a observé une réduction de 30% des accidents cardiovasculaires majeurs chez les personnes qui l’ont suivi. Ce qui est beaucoup. Si vous aviez le choix entre une compagnie ferroviaire qui a 30% d’accidents de moins qu’une autre, vous n’hésiteriez pas! Il faut aussi retenir de cette étude que ce sont les personnes à plus haut risque qui bénéficient le plus de cette diète.
Alors, finis les régimes pauvres en graisse?
Les acides gras essentiels sont, comme leur nom l’indique, indispensables à l’organisme, qui est incapable de les produire. Mais ils donnent aussi la saveur aux aliments, le plaisir de manger est ainsi très réduit. Raison pour laquelle il est extrêmement difficile de suivre un régime pauvre en graisses. Le régime méditerranéen fait, selon moi, partie d’un tout, dont le plaisir de manger. C’est important, car cela réduit le stress.
Dans l’étude, le régime suivi comprend du poisson trois fois par semaine. Et les métaux lourds?
Je ne me fais pas trop de soucis pour les métaux lourds, mis sur le devant de la scène par les Américains dans des études orientées assez scandaleuses, et ce pour de simples questions de concurrence. La surpêche est bien plus inquiétante. C’est pourquoi nous recommandons de ne manger du poisson qu’une à deux fois par semaine. Mais il ne faut pas oublier que nous avons aussi des poissons intéressants en Suisse, comme la truite.
Que comporterait un régime méditerranéo-suisse?
Dans le régime méditerranéen, le poisson, les noix et autres oléagineux (qui peuvent remplacer l’huile d’olive pour les réfractaires), sont intéressants pour leur apport en oméga-3, et l’huile d’olive pour les oméga-9. En Suisse, si nous choisissons du fromage d’alpage, nous avons un produit qui est lui aussi riche en oméga-3, de même que le beurre d’alpage ou le lait. Et il y a aussi l’huile de colza: avec une cuillère à soupe, nous couvrons la moitié de nos besoins journaliers d’oméga-3. Nous recommandons donc d’utiliser, pour l’assaisonnement, un mélange d’huile de colza et d’huile d’olive extra-vierge. Car celle-ci contient de précieux tanins, les polyphénols, qui auraient notamment un effet anticancéreux.
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1. Le régime méditerranéen: au moins quatre cuillères à soupe par jour d’huile d’olive extra-vierge (un litre par semaine!), ou une bonne poignée d’une combinaison de noix, au moins trois services de fruits et deux de légumes par jour. Du poisson et des légumineuses trois fois par semaine, de la viande blanche à la place de la viande rouge, sept verres de vin par semaine pendant les repas. Eviter les biscuits et pâtisseries industrielles.
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Extrait de : Check-Up. Les réponses à vos questions santé |
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