Le régime «méditerranéen» augmente l’espérance de vie: voici la preuve biologique
Inconnu (ou presque) il y trois décennies le régime méditerranéen est aujourd’hui connu de tous (ou presque). Il s’agit, schématiquement, d’une alimentation caractérisée par la consommation prioritaire de fruits, de légumes et de céréales. Il s’agit aussi d’un modèle nutritionnel dont les principaux ingrédients sont l’huile d’olive, les céréales, les fruits et légumes frais ou séchés, les légumineuses qui comporte une proportion limitée de produits laitiers et de viandes (et plus généralement de graisses saturées). Sans oublier une consommation régulière mais modérée de vin, pendant les repas. Un modèle qui dépasse l’alimentaire: il est désormais inscrit au «patrimoine culturel immatériel de l’humanité» de l’Unesco.
Longueur des télomères
Cette alimentation est connue pour ses multiples vertus qu’il s’agisse de sa plus grande sensation de satiété (due à l'huile d'olive) qui réduit les apports caloriques ou de la prévention des maladies cardiovasculaires . Des vertus qui avaient a priori un impact bénéfique sur l’espérance de vie. Cet impact n’est plus aujourd’hui supposé ou théorique: il est démontré: le régime méditerranéen peut contribuer à augmenter de quelques années l’espérance de vie. Cette démonstration vient d’être fournie par une étude américaine dont les résultats sont publiés dans le British Medical Journal1.
Le travail a été mené par une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Immaculata De Vivo (Brigham and Women’s Hospital, Harvard Medical School, Boston). Il établit pour la première fois de manière claire que le fait de se nourrir selon le régime méditerranéen est bel et bien associé à des longueurs plus importantes des «télomères», extrémités des chromosomes qui sont des biomarqueurs de vieillissement de l’organisme.
Mode de vie
«Télomères»: On désigne ainsi les régions situées aux extrémités des chromosomes, et dont l’ADN joue un rôle-clef dans le maintien de la stabilité de ces derniers. Il est aujourd’hui bien démontré que la réduction de la taille des télomères est un fidèle reflet du vieillissement des cellules, l’annonce programmée de leur mort prochaine. A l’inverse une taille conservée des télomères est un reflet biologique d’une forme d’aptitude à la longévité. Des études précédentes avaient montré que le fait de modifier certains facteurs de mode de vie, comme l’alimentation, l’exercice mais aussi la méditation pouvait contribuer à rallonger la longueur des télomères. Aujourd’hui les auteurs américains montrent que l'adhésion au régime méditerranéen est bien de nature à atténuer le raccourcissement des télomères.
Ce travail a été mené chez 4.676 femmes d'âge moyen en bonne santé participant à la cohorte Nurses' Health Study. Elles ont fourni une série de renseignements sur leurs apports alimentaires par questionnaire et accepté un prélèvement un sanguin pour la mesure de la longueur de leurs télomères. Un score d'alimentation sur neuf items points a été calculé afin de situer, pour chaque participante, son degré d’adhésion au régime méditerranéen.
Réduire le risque de décès
Après ajustement avec les différents facteurs de confusion possibles, les auteurs de ce travail montrent qu’une plus forte adhésion au régime méditerranéen est significativement associée à des télomères plus longs. Mieux: chaque augmentation d’un point du score correspond précisément à l’équivalent de 18 mois de vieillissement en moins des télomères. Selon cette étude aucun des aliments ou nutriments individuels consommé dans le cadre du régime alimentaire n’est spécifiquement associé à la longueur des télomères: c’est bien la combinaison des différents éléments du régime méditerranéen qui est associée à ce bénéfice de longévité potentielle.
Ces résultats confirment que le régime méditerranéen peut être considéré comme «une pierre angulaire des conseils diététiques» – et ce qu’il s’agisse de la prévention des maladies cardiovasculaires ou, plus globalement, des risques de décès prématurés. C’est dire l’importance que l’ont doit accorder à son alimentation tout comme à la diffusion des informations sur les bienfaits du régime méditerranéen.
1. La totalité de la publication du British Medical Journal est disponible ici (en anglais)