Quel lien entre arrêt du tabac, prise de poids et microbiote?
Il est très commun que les fumeurs prennent du poids lorsqu’ils arrêtent la cigarette, bien que leur alimentation n’ait pas changé. Des mécanismes physiologiques et psychologiques expliquent en partie ce phénomène, puisque le métabolisme de base des fumeurs diminue considérablement à l’arrêt du tabac et qu’ils ont tendance à compenser leur besoin de cigarette par la nourriture. Une étude récente montre que cette prise de poids pourrait être également due à la modification du microbiote intestinal, induite par le sevrage tabagique.
Le pouvoir du microbiote
Le microbiote, cette population de bactéries qui colonise notre tube digestif, est l’objet de nombreuses recherches depuis quelques années. Et pour cause: il est par exemple aujourd’hui établi que ce dernier influence le développement du système immunitaire, entre autres. Plus la diversité des bactéries est grande, plus le microbiote est sain et protège le système digestif contre les risques d’inflammation. En revanche, un déséquilibre dans sa composition a été associé à certaines pathologies comme à l’obésité et les maladies chroniques inflammatoires de l’intestin. Des études ont permis de définir des profils de compositions de la flore intestinale (par analyse du génome bactérien) au niveau intestinal qui ne sont liés ni à l’ethnie, ni au sexe ni à l’âge, mais aux habitudes alimentaires et à l’environnement. Parmi ces facteurs, le tabagisme a un effet de taille.
Sevrage tabagique et prise de poids
Afin de comprendre les effets concrets du tabagisme, des chercheurs ont analysé la composition du microbiote chez un groupe de fumeurs et un groupe de fumeurs en sevrage, qui suivaient exactement le même régime alimentaire. Dans le groupe des fumeurs, ils n’ont noté aucune altération de la flore intestinale. En revanche, les fumeurs qui venaient d’arrêter la cigarette présentaient une modification rapide et durable du microbiote, et développaient un profil métabolique très semblable à celui des personnes obèses, capable d’extraire davantage de calories des aliments. Par conséquent, les fumeurs en sevrage affichaient une prise de poids d’environ 2,2 kg sur huit semaines. Cette différence significative entre le microbiote des fumeurs et celui des non-fumeurs est également confirmée par d’autres études.
Traitements d’avenir
Le fait que différentes pathologies soient liées à la composition du microbiote ouvre de nouvelles perspectives très intéressantes. On peut dès lors supposer qu’en intégrant davantage de bactéries protectrices et immunorégulatrices dans le système digestif des patients, une certaine maladie pourrait être amoindrie, voire même guérie! Des essais de transplantation fécale ont déjà fait leurs véritables preuves dans le cas de certaines colites récidivantes à Clostridium difficile. L’introduction de probiotiques (mélange de bactéries « protectrices ») existe également de longue date dans le traitement de la rectocolite ulcéro-hémorragique. Parallèlement, de plus en plus de scientifiques cherchent à comprendre quels gènes peuvent influencer la composition du microbiote, et de quelle façon. De nouvelles approches thérapeutiques et diagnostiques des pathologies digestives devraient donc prochainement voir le jour.
_________
Référence
Adapté de «Tabagisme et système digestif: une relation complexe», Dr Julie Begon, Dr Carole Clair et Pr Jacques Cornuz, PMU, Université de Lausanne. PD Dr Pascal Juillerat, Service de gastroentérologie, Hôpital de l’île, Berne; in Revue Médicale Suisse 2015;11:1282-7. En collaboration avec les auteurs.
Calculs rénaux
Des substances solubles, normalement éliminées dans l’urine vont, dans certaines conditions, former des petits cristaux insolubles dans les voies urinaires qui grandissent et deviennent une structure solide, appelée calcul rénal ou calcul urinaire.
Dermatite atopique
Une peau sèche avec des plaques rouges, parfois suintantes, sur une ou plusieurs zones du corps, qui s’accompagne par de fortes démangeaisons. La dermatite atopique, plus connue sous le nom d’eczéma atopique, est une affection fréquente de la peau. En raison de l’inconfort qu’elle entraîne et de son impact sur l’image de soi, elle peut être vécue comme invalidante par ceux qui en souffrent. Environ 60% des patients développent la maladie au cours de leur première année de vie et 90% dans les cinq premières années. Si les symptômes ont tendance à s’atténuer, voire à disparaître avec l’âge, dans 10 à 30% des cas, ils persistent à l’âge adulte.