Les plantes dont il faut se méfier
La belladone
Assez répandue dans les clairières et au bord des forêts, la belladone est la plante qui cause le plus grand nombre d’intoxications. Il est vrai que ses fruits, qui ressemblent à de petites cerises, attirent la convoitise des enfants à qui il suffit de manger deux à trois baies pour ressentir les premiers symptômes, notamment une sécheresse de la bouche et une soif intense et une dilatation de la pupille. Que faire dans ce cas ? «Neutraliser les substances toxiques (des alcaloïdes) en buvant du thé noir, riche en tanins, puis consulter d’urgence un médecin», répond Kurt Hostettmann, professeur honoraire de pharmacognosie et phytochimie aux universités de Lausanne et de Genève.
L’if
Ce conifère planté dans les cimetières est aussi très répandu dans les parcs publics et les jardins particuliers où il est taillé en forme de haies. «Ses fruits rouges sont magnifiques et délicieux, mais leur graine est toxique», souligne le spécialiste de phytochimie et auteur de «Tout savoir sur les poisons naturels » (éditions Favre). Mais «la nature a bien fait les choses. Ces graines dures ne sont pas attaquées par les sucs gastriques et elles sont éliminées dans les selles.» Si on les croque, ce qui est rare à cause de leur goût âcre, on souffre alors de troubles gastro-intestinaux - nausées, vomissements, diarrhées. Des irritations de la peau peuvent aussi apparaître chez les personnes qui ont taillé leurs haies d’if.
La digitale
Cette haute plante majestueuse à la tige fleurie fait peur car elle est réputée pour sa toxicité. A juste raison. «L’ingestion de très hautes doses peut «conduire à un arrêt cardiaque mortel en quelques minutes», rappelle le professeur. Toutefois, elle provoque peu de dégâts car «son goût est si mauvais qu’on la recrache aussitôt après l’avoir mise en bouche». Le professeur honoraire déconseille par ailleurs à ceux qui voudraient commettre un crime parfait de l’utiliser car, dit-il, «sa métabolisation dans l’organisme est très lente et on en retrouvera encore des mois plus tard des traces dans le cadavre».
La berce et la berce du Caucase
La berce, appelée aussi «patte d’ours», et la berce du Caucase, une espèce voisine dont la tige peut atteindre plusieurs mètres de hauteur, sont des ombellifères à fleurs blanches communes dans les Alpes et les Préalpes. «En été, elles sont responsables de 20 à 25% des consultations en dermatologie en Valais», selon Kurt Hostettmann. Mieux vaut en effet s’abstenir de les toucher avant de s’exposer au soleil, sous peine de souffrir d’irritations cutanées qui recouvrent la peau de tâches de couleur brun foncé. «Il arrive que, prenant un bain de soleil couchée au milieu d’un pré, une personne se relève avec l’empreinte d’une feuille de berce sur la peau».
Le rhododendron
Ces plantes ornementales appréciées pour leurs fleurs abondantes et colorées cachent en fait des pollens toxiques. Kurt Hostettmann raconte que «les soldats de l’armée de Napoléon ont été intoxiqués après avoir franchi le col du Grand Saint-Bernard, car ils avaient mangé du miel que leur avait offert des habitants du lieu. En fait, les abeilles avaient butiné des fleurs de rhododendron.