Comprendre les allergies aux aliments
Quand on est allergique à un aliment, il est fréquent d’être sensibilisé (c’est-à-dire d’avoir des tests cutanés positifs) à d’autres membres de la famille de l’aliment en question. Exemple: au cours de tests pour une allergie au céleri, on vous apprend que vous êtes également sensibilisé à d’autres légumes appartenant au clan des ombellifères telles que carotte, fenouil, persil ou coriandre. Pas de panique: on peut continuer sans crainte à manger des soupes! Tant qu’il n’y a pas de symptômes, ces sensibilisations croisées ne sont pas inquiétantes. Même raisonnement avec d’autres familles d’aliments comme les légumineuses qui comptent parmi ses parents proches le soja, les pois, les lentilles et… les cacahuètes.
A quoi est-on surtout allergique?
Chez l’enfant: les œufs, les cacahuètes, la famille des noix, le lait de vache, le blé, le soja et le poisson.
Chez l’adulte: les crustacés, le poisson, les pommes, les noisettes, les fruits à noyau (pêches, abricots, prunes, cerises), les fruits exotiques (avocat, kiwi, mangue), les légumes ombellifères (céleri, fenouil), les œufs, le poisson, le lait, les mélanges de condiments, les épices.
Les allergies gravissimes
Potentiellement fatals, les chocs anaphylactiques sont surtout dus aux cacahuètes et aux noix. Aux États-Unis, et plus récemment en Europe, on dénombre chaque année plusieurs décès, y compris dans la population enfantine, consécutifs à l’ingestion de cacahuètes. Il faut aussi dire que ces décès sont dus à un retard dans l’administration d’adrénaline, le seul remède efficace dans ce type de réaction gravissime. D’où l’extrême importance d’appeler les secours sans tarder face à des symptômes inquiétants.
La cacahuète
En une vingtaine d’années, cet amuse-gueule typiquement américain est devenu chez nous l’un des plus puissants allergènes alimentaires. Souvent violente, l’allergie à la cacahuète touche en priorité les enfants prédisposés, mais peut aussi se déclencher, sans crier gare, à l’âge adulte. A noter ici que l’huile d’arachide produite industriellement ne pose pas de problème, car elle ne contient pas les protéines responsables de l’allergie.
VRAI ou FAUX? «Ma belle-sœur est allergique aux carottes mais les tolère une fois cuites»
VRAI. La cuisson détruit l’allergène, surtout dans le cas des allergies croisées. C’est également souvent vrai pour l’œuf.
L’allergie au lait de vache
Fréquente chez les nourrissons, elle est souvent la première manifestation dans la vie du petit atopique. Selon les cas, l’allergie au lait de vache se manifeste par une urticaire, un œdème, un eczéma et, plus rarement, par de l’asthme. Comme les protéines du lait passent dans le lait maternel, cette allergie peut débuter très tôt dans l’existence du bébé. Heureusement, les choses évoluent la plupart du temps, en quelques mois ou années, vers la tolérance.
Les œufs
Chez les enfants, ils font partie du trio de tête des aliments pouvant provoquer des allergies, avec le lait et les cacahuètes. Comme pour le lait, cette allergie a tendance à disparaître avec le temps.
Le gluten
Depuis une décennie, on assiste à une diabolisation du gluten, une protéine présente dans le blé, le seigle, l’orge et l’avoine. La réalité est beaucoup plus complexe. Il existe en fait deux formes de réactions au gluten, d’où une certaine confusion chez le grand public.
L’allergie vraie à cette substance concerne moins de 1% de la population et provoque les symptômes allergiques classiques: urticaire, crise d’asthme, etc.
Quant à l’intolérance au gluten, appelée aussi maladie cœliaque, elle est en hausse et touche actuellement 1% de la population en Europe.
L’allergie aux colorants
Les colorants alimentaires (tartrazine, érythrosine) peuvent provoquer, quoique rarement, de vraies allergies.
Et les aliments transgéniques?
Le risque allergique avec les aliments génétiquement modifiés est minime. Les industries sont contraintes de suivre des procédures strictes de fabrication afin d’éviter le transfert d’une substance allergisante d’une plante à l’autre. En clair, chaque fois que l’on crée un nouvel organisme, on va aussi étudier son potentiel allergisant. Comment? En testant le produit d’origine (plante mère) chez les personnes allergiques, puis le produit modifié lui-même.
VRAI ou FAUX? «Certaines personnes peuvent faire une crise d’asthme lorsqu’elles font cuire du poisson»
VRAI. Le même phénomène est aussi observé avec les cacahuètes: un individu allergique peut avoir une réaction grave, voire fatale, rien qu’en regardant un bol de cacahuètes! La raison? Le poisson comme les arachides émettent des particules allergisantes dans l’air. Les inhaler suffit parfois pour que l’allergie se déclare.
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Extrait de :
J’ai envie de comprendre… Les allergies, de Suzy Soumaille, en collaboration avec le Pr Philippe Eigenmann, Ed. Planète Santé, 2013.