Sclérose en plaques: la piste du cholestérol

Dernière mise à jour 21/06/17 | Article
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Cette maladie neurologique est due à un dérèglement du système immunitaire: au lieu de protéger l’organisme, les globules blancs pénètrent dans le cerveau et la moelle épinière, et attaquent le système nerveux. Et ce, probablement avec l’aide du cholestérol, soupçonnent trois chercheuses romandes. Leur projet de recherche vient de recevoir le prix 2017 de la Fondation Leenaards de la recherche médicale translationnelle.

Chaque jour en Suisse, une personne est diagnostiquée avec la sclérose en plaques (SEP), une maladie chronique incurable qui provoque des troubles neurologiques et cognitifs s’aggravant avec le temps (lire encadré).

Il s’agit d’une pathologie auto-immune, comme on nomme ces affections provoquées par le système immunitaire qui, pour des raisons inconnues, se retourne contre son hôte. Dans le cas de la SEP, des globules blancs –en particulier des lymphocytes–, censés lutter contre les bactéries et les virus qui infectent l’organisme, se trompent de cible. Ils pénètrent dans la moelle épinière et dans le cerveau, qui est pourtant protégé par un filtre, la barrière hémato-encéphalique. L’objectif de Caroline Pot, Tatiana Petrova et Stéphanie Hugues, lauréates du prix de la Fondation Leenaards, est donc «de trouver les moyens de bloquer l’entrée de ces globules blancs dans le cerveau», explique Stéphanie Hugues, professeure-associée au département immunologie et pathologie de l’Université de Genève.

L’obésité accroît les risques

Si les causes de la sclérose en plaques restent mystérieuses, on connaît en revanche certains de ses facteurs de risque. Parmi eux figurent les prédispositions génétiques, des facteurs environnementaux comme le virus Epstein-Barr (responsable de la mononucléose), une carence en vitamine D, le tabac et le surpoids.

C’est sur ce dernier point que les trois professeures de l’arc lémanique ont décidé de se pencher. En effet, «des études ont montré que les adolescents obèses ont un risque deux fois plus élevé que les autres de développer plus tard une sclérose en plaques, et jusqu’à 15 fois plus grand si, en plus, ils ont des prédispositions génétiques», explique Caroline Pot, médecin au service de neurologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), qui pilote le projet de recherche. Cette observation suggère qu’un corps gras comme le cholestérol pourrait jouer un rôle dans l’affaire.

Les chercheuses s’intéressent tout particulièrement à des dérivés du cholestérol, les oxystérols. Ces substances, encore peu étudiées et longtemps considérées comme de simples déchets de l’organisme, «attirent en effet les composants immunitaires dans les tissus enflammés», précise Stéphanie Hugues. Elles pourraient donc faciliter la migration des lymphocytes vers le cerveau.

Le rôle des vaisseaux sanguins et lymphatiques

D’où proviennent ces oxystérols? «Ils sont probablement sécrétés par les vaisseaux sanguins et lymphatiques», répond Tatiana Petrova, responsable d’un groupe de recherche sur l’étude des vaisseaux sanguins à l’Université de Lausanne et au CHUV. Contrairement à ce que l’on croit souvent, «ces vaisseaux ne sont pas de simples tuyaux», souligne-t-elle. Ils ne se bornent pas à transporter les cellules immunitaires: ils peuvent aussi avoir un impact sur leur fonction qui, comme le suggèrent certaines études, est affectée chez les personnes obèses. Reste à savoir si cela est dû ou non à une production plus élevée d’oxystérols.

Conseils alimentaires

Ce ne sont encore que des hypothèses que les chercheuses vont s’efforcer de confirmer en utilisant des modèles animaux –des souris chez lesquelles on a induit une maladie qui mime la SEP– ainsi que des cellules humaines. Si leurs travaux aboutissent, ils pourraient avoir d’importantes implications dans la prise en charge de la sclérose en plaques. Il serait possible d’envisager de «prendre les vaisseaux pour cible et d’utiliser des médicaments anti-cholestérol plus ciblés que ceux dont on dispose actuellement pour diminuer la sévérité de la maladie», dit Tatiana Petrova. En outre, ajoute Caroline Pot, «lorsqu’on connaîtra mieux le rôle du cholestérol dans le dérèglement de la réponse immunitaire, on pourra peut-être donner à nos patients des conseils sur des régimes alimentaires basés sur des preuves scientifiques». Ainsi qu’aux enfants, à titre préventif.

Une maladie neurologique invalidante

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique invalidante qui affecte le plus souvent les jeunes adultes entre 20 et 40 ans et en priorité les femmes. Elle est due à une réaction inadaptée du système immunitaire qui s’attaque notamment à la myéline, cette gaine entourant les neurones. Dans les zones du cerveau affectées, il se forme alors des sortes de plaques qui ont donné son nom à la maladie. Celle-ci se manifeste dans la majorité des cas par des poussées suivies de rémissions qui, au fil du temps, détruisent peu à peu les cellules nerveuses. Il en résulte une aggravation progressive des symptômes –perturbation de la vision et de la coordination, perte de la sensibilité, de l’équilibre et de la force, grande fatigue, auxquels s’ajoutent souvent des troubles cognitifs. La SEP est incurable et les traitements disponibles ne font que freiner son évolution.

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Paru dans Planète Santé magazine N° 26 - Juin 2017

   

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Sclérose en plaques et cholestérol : le chemin de la trahison

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