Bien manger pour maîtriser son cholestérol
Pendant longtemps, les personnes dont le taux de mauvais cholestérol était trop élevé ont été exhortées à éviter le plus possible les aliments qui en sont riches. Parmi eux, les œufs, les crustacés, les poissons gras ou encore les fromages. Aujourd’hui, le corps médical ne préconise plus un tel régime. La raison : «80% du cholestérol LDL, dit «mauvais cholestérol» (lire encadré) sont produit par l’organisme et seuls 20% proviennent directement de l’alimentation. Dès lors, se priver d’aliments sains contenant de bonnes protéines comme les œufs ou les produits laitiers est dommage. En revanche, il est vrai que les personnes qui ont un taux élevé de LDL doivent d’autant plus limiter certains produits de mauvaise qualité contenant beaucoup d’acides gras saturés, comme les pâtisseries au beurre, les fritures, la charcuterie », explique la Dre Dominique Truchot-Cardot, médecin nutritionniste responsable du Source Innovation Lab à la Haute École de la santé La Source, à Lausanne. Un avis partagé par le Pr David Nanchen, responsable du secteur Consultations cliniques et recherche d’Unisanté, à Lausanne: «Les acides gras trans, présents dans les denrées ultra-transformées, ont, de leur côté, une influence directe sur l’augmentation du taux de LDL.» Huiles de palme ou de coco partiellement hydrogénées, que l’on retrouve dans de très nombreuses préparations industrielles notamment, sont donc à éviter. À l’inverse, précise l’expert: «Les aliments qui contiennent naturellement du cholestérol sont pauvres en acides gras trans.»
Vive le régime méditerranéen
Génétique et LDL
Seuls 20% du LDL proviennent de l’alimentation, les 80% restants sont liés aux gènes transmis de génération en génération. «Si un des parents a un taux très élevé de LDL, son enfant a un risque non négligeable d’avoir le même problème. Un contrôle par une simple prise de sang est alors intéressant même chez des personnes jeunes, car la formation de plaques d’athérome peut commencer très tôt», précise la Dre Dominique Cruchot-Cardot, médecin nutritionniste à la Haute École de la santé La Source. «L’âge est un facteur de risque important et la plupart des infarctus surviennent après 55 ans. Grâce à l’effet protecteur des œstrogènes, les femmes sont moins concernées avant la ménopause, mais après, leur risque cardiovasculaire augmente plus vite que chez les hommes », conclut le Pr David Nanchen, responsable du secteur Consultations cliniques et recherche d’Unisanté, à Lausanne.
Pour rappel, le LDL, lorsqu’il y en a trop, participe à la formation de dépôts sur les parois des artères (les plaques d’athérome), qui les obstruent progressivement. Ce phénomène est la cause des maladies cardiovasculaires, infarctus ou accidents vasculaires cérébraux, par exemple. «Or, l’alimentation joue un rôle très important pour faire diminuer ce risque, mais cela ne se joue pas au niveau du taux de LDL. Manger des fruits et légumes tous les jours, consommer des graisses végétales (sauf celles de coco et de palme), privilégier les céréales complètes et limiter les graisses animales aide à garder des artères saines. Sans oublier que manger équilibré permet d’améliorer le métabolisme de base, de diminuer les risques d’obésité et de diabète. Le régime méditerranéen, riche en légumes de saison et pauvre en graisses animales, est un bon exemple d’alimentation équilibrée bonne pour le cœur », précise le Pr Nanchen. Et pour cause, les fibres contenues dans les végétaux diminuent l’absorption du cholestérol apporté par les aliments et luttent contre l’inflammation. Les acides gras mono-insaturés (oméga 9) et polyinsaturés (oméga 3 et 6) contenus dans l’huile d’olive vierge, dans celle de colza, dans les noix, l’avocat, les poissons gras font grimper le taux de bon cholestérol, le fameux HDL qui protège les artères.
Quant aux matières grasses saturées (principalement d’origine animale) et aux sucres: en limiter la consommation a de nombreux avantages, mais permet surtout de contrôler le taux de triglycérides. Ces graisses n’ont rien à voir avec le cholestérol. Elles proviennent principalement de l’alimentation et sont également produites par le foie à partir du glucose (un sucre) consommé en excès. «Les triglycérides constituent notre réserve d’énergie, mais s’il y en a trop dans le sang, cela peut aussi causer des dépôts dans les artères», explique le Pr Nanchen. Rien de mieux que de faire de l’activité physique pour utiliser cette énergie plutôt que de la stocker. «Bouger tous les jours une trentaine de minutes est suffisant. Cela permet non seulement d’utiliser les triglycérides à bon escient, mais aussi d’éviter les pics d’insuline poussant au grignotage », conclut la Dre Truchot-Cardot. Enfin, fumer et boire de l’alcool n’est évidemment pas recommandé pour préserver sa santé cardiovasculaire.
Bon et mauvais cholestérol
Il existe deux types de cholestérol présents dans le sang. Le HDL, pour high density lipoprotein, qui a un rôle protecteur pour les artères et transporte le cholestérol présent en excès dans les cellules vers le foie. Un taux élevé de HDL est donc bénéfique aux artères. «Pendant longtemps, les cardiologues se sont basés sur le ratio entre le mauvais cholestérol LDL (low density lipoprotein) et le HDL pour évaluer le risque cardiovasculaire d’un individu. Malheureusement, certaines personnes ont des taux de HDL en dehors des normes et cela n’a que peu d’influence sur leur santé cardiovasculaire. Aujourd’hui, on regarde principalement le taux de LDL», explique le Pr David Nanchen, responsable du secteur Consultations cliniques et recherche d'Unisanté, à Lausanne. Il n’en demeure pas moins qu’augmenter son bon cholestérol en faisant de l’activité physique ne peut être que bénéfique.
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Paru dans Le Matin Dimanche le 13/10/2024
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Hypercholestérolémie
Le cholestérol est une graisse indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Mais lorsque le taux de «mauvais» cholestérol est en excès dans le sang, c’est la santé qui est en péril. En effet, l'hypercholestérolémie augmente le risque de survenue de maladies cardiovasculaires, d’où l’intérêt de surveiller ses valeurs et d’adopter une hygiène de vie saine.