Lorsque les gaz dérangent
Astuces pour limiter les vents
Plutôt cuit que cru: les fruits et légumes cuits sont plus digestes que les crudités, qui elles font donc davantage péter. Ces aliments, lorsqu’ils sont mixés, sont également plus digestes.
Tremper avant de cuire: les légumineuses (pois chiches, lentilles, fèves…) favorisent la formation de gaz intestinaux. Les faire tremper 24 heures avant de les cuire est donc préférable. Il convient également de ne pas réutiliser l’eau de trempage pour la cuisson.
Prendre le temps: manger devant son écran, sur le pouce, en se déplaçant ou trop vite nous fait avaler davantage d’air que lorsque nous nous asseyons à table et prenons le temps. «Mâcher lentement est essentiel car la digestion commence déjà dans la bouche par des enzymes présentes dans la salive, explique Maria-Lena Enz, diététicienne chez Teamnutrition à Genève. Un repas mastiqué correctement est ensuite mieux absorbé dans l’intestin.»
Personne n’avoue avoir des gaz régulièrement et pourtant c’est le cas de tout le monde. En moyenne, deux litres de gaz intestinaux sont évacués tous les jours. Ce phénomène naturel pose toutefois des problèmes lorsqu’il crée un inconfort. «L’évacuation des gaz est rarement mentionnée comme étant un souci en soi, explique le Dr Michel Maillard, spécialiste en gastroentérologie au Centre des maladies digestives de Lausanne. Ce dont les patients se plaignent, ce sont principalement les ballonnements douloureux qu’ils ressentent lorsque l’air n’est pas évacué. Les femmes disent souvent qu’elles ont le sentiment d’être enceintes de six mois.»
En cas d’inconfort ou de douleurs importants, les spécialistes cherchent d’abord à écarter les maladies qui entravent l’évacuation des gaz. «Il peut s’agir d’une obstruction intestinale, d’une inflammation de l’intestin liée à la maladie de Crohn (une maladie inflammatoire chronique de l’intestin qui provoque, entre autres, des diarrhées, ndlr), d’un rétrécissement intestinal dû à un cancer, de l’entrave provoquée par une cicatrice postopératoire, entre autres causes», détaille l’expert.
Une fois les intolérances alimentaires écartées (dont celle au lactose qui peut occasionner des gaz), il faut scruter l’hygiène de vie et l’alimentation des patients. «Un grand nombre de personnes qui consultent sont constipées, poursuit Michel Maillard. Cela provoque un double phénomène qui augmente les flatulences. D’une part, les gaz ne parviennent pas bien à être évacués car le côlon est bloqué ; de l’autre, les selles stagnantes font le bonheur des bactéries qui fermentent et produisent encore plus de gaz.» Un apport plus important en fibres et la prise d’un laxatif peuvent résoudre le problème. Les fibres donnent toutefois du boulot au microbiote intestinal et leur dégradation provoque des gaz. «C’est vrai, mais à moins de se nourrir uniquement de crudités, cette production n’est pas dérangeante car en rétablissant le transit, ces aliments évitent le phénomène douloureux des ballonnements», précise Michel Maillard.
L’activité physique est également d’une aide précieuse. Bouger améliore le transit. Le Dr Maillard explique: «Lorsque l’on se sent ballonné, on a tendance à faire de la place pour que le ventre puisse se distendre. On adopte une position cambrée et on bloque le diaphragme pour que l’abdomen puisse gonfler, le fameux ventre de femme enceinte déploré par mes patientes. Les gaz restent alors à l’intérieur. Il faudrait au contraire serrer les abdos afin de rétablir une juste pression et permettre leur évacuation.»
Flageolets et sucres, même combat
Longtemps pointés du doigt pour leur capacité à provoquer des flatulences, les flageolets, les fèves ou les légumes de la famille des choux (lire encadré) ne sont pas les seuls à induire ce phénomène. Une alimentation trop riche en sucres occasionne également une surproduction de gaz. «Le fructose non absorbé, contenu notamment dans les fruits, est reconnu pour sa propension à provoquer des flatulences, explique Maria-Lena Enz, diététicienne chez Teamnutrition à Genève. On le trouve dans le miel et dans un grand nombre de préparations sucrées industrielles.» Lorsque l’indication «sirop de maïs» (corn syrup) est présente sur une étiquette, c’est qu’il y a du glucose et du fructose. «Ce sucre, comme les autres monosaccharides (glucide simple constitué d’une seule molécule, ndlr), est amené dans l’intestin par un transporteur très spécifique qui ne parvient à véhiculer qu’une quantité restreinte de fructose. L’excédent stagne et fermente», précise le Dr Maillard. Et Maria-Lena Enz de préciser: «Pour les personnes sensibles, la recommandation "Cinq fruits et légumes par jour" devrait concerner davantage de légumes que de fruits.»
Autres sucres à éviter, tous ceux dont le nom se termine en «ol» : maltitol, mannitol, xylitol. Ce sont des molécules au fort pouvoir sucrant et qui sont utilisées pour édulcorer un grand nombre de produits industriels au pouvoir calorique réduit : chewing-gums, bonbons, yogourts aux fruits légers, entre autres. Flatulences garanties.
Le vrai/faux des idées préconçues sur les gaz
Plus on vieillit, plus on pète
VRAI. «Avec l’âge, le transit ralentit. L’organisme produit moins d’enzymes digestives et davantage de gaz ont le temps de se former», explique Maria-Lena Enz, diététicienne chez Teamnutrition à Genève.
Les femmes ont plus de flatulences que les hommes
VRAI et FAUX. Les femmes ont tendance à être davantage constipées que les hommes, ce qui peut expliquer qu’elles se plaignent davantage de flatulences. Mais une femme non constipée ne devrait pas en avoir plus que son alter ego masculin.
L’eau gazeuse et les sodas font péter
VRAI. Le gaz présent dans ce type de boisson s’évacue en partie par des rots, mais aussi par le bas du tube digestif. Les sodas sucrés, surtout ceux contenant du fructose, sont donc à éviter. «Le pire, ce sont les boissons "zéro", explique le Dr Michel Maillard, spécialiste en gastroentérologie au Centre des maladies digestives de Lausanne. Elles contiennent des édulcorants, les sucres avec un nom qui se termine par "ol", et ils sont responsables d’une surproduction de gaz.»
Les pets sentent forcément mauvais
FAUX. «L’odeur des flatulences dépend principalement de l'aliment consommé, précise Maria-Lena Enz. Le chou, par exemple, contient des composés soufrés pouvant entraîner des odeurs nauséabondes.» Savant mélange de plusieurs types de gaz (azote, hydrogène, dioxyde de carbone, méthane, entre autres), les pets humains contiennent également du sulfure d’hydrogène en quantité variable. C’est lui qui est responsable de l’odeur d’œuf pourri.
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Paru dans Le Matin Dimanche le 02/01/2022