Consommation de nicotine, les nouveaux produits
Introduction
Contournement de la loi, nouveauté, ou intention louable de diminuer sa consommation de cigarettes, toujours est-il que certains nouveaux produits procurant de la nicotine, malgré les croyances répandues, ne sont pas toujours sans risques.
La prise de conscience collective de la nocivité du tabagisme, aussi bien actif que passif, a provoqué la mise en place de mesures de prévention efficaces - augmentation du prix, interdiction de la publicité, promotion des lieux sans fumée - mais aussi l’apparition ou la réapparition de produits parallèles. Pour diminuer leur consommation, voire arrêter, ou pour simplement être en règle avec la loi, certains fumeurs se tournent vers des produits potentiellement moins nocifs leur procurant également de la nicotine. Mise au point sur ce que savent les médecins sur le narguilé, le tabac oral et la cigarette électronique dans l’optique d’une alternative à la cigarette.
Narguilé
Risques: équivalents à la cigarette
Intérêt contre la dépendance: aucun; risques similaires
Dépendance à la nicotine: oui
Risques: cancers pulmonaire et œsogastrique, problèmes cardiovasculaires et pulmonaires, baisse de la fertilité; transmission de maladies infectieuses telles qu’herpès, hépatite et tuberculose quand le narguilé est partagé.
Intérêt par rapport à la cigarette: aucun
Autorisation de vente en Suisse: oui
Le narguilé, appelé aussi pipe à eau, shisha (chicha), hookah ou goza, est utilisé traditionnellement en Afrique du Nord et dans le sud-est de l'Asie. Depuis quelques années, l'usage du narguilé est devenu populaire dans les pays occidentaux parmi les jeunes, en particulier en France. L'usage de tabacs aromatisés et le passage à travers l'eau donnent une impression de fu-mée plus douce… Erreur: l'eau ne filtre pas la plupart des substances contenues dans la fumée du tabac et ne diminue pas sa nocivité. L'usage du narguilé entraîne en outre une exposition nettement supérieure à la fumée passive due à la double combustion du charbon et du tabac, qui provoque d'énormes volumes de fumée et une exposition importante au monoxyde de carbone, à des métaux lourds et à différentes substances cancérigènes.
Tabac oral
Risques: risque accru de cancer de la bouche et du pancréas; risque cardiovasculaire possible; risque d’accouchement prématuré et poids de naissance diminué
Dépendance à la nicotine: oui. De plus, les substituts nicotiniques ne semblent pas efficaces contre cette dépendance
Autorisation de vente en Suisse: oui, à l’exception du snus (interdit dans toute l’Union européenne sauf en Suède)
Le tabac oral se consomme soit sous forme de feuilles de tabac placées en bouche et mâchées (tabac à chiquer) dont l'usage est actuellement exceptionnel en Europe, soit sous forme de tabac moulu appelé «snuff» ou «snus». On distingue le moist snuff, tabac moulu humidifié destiné à un usage oral, du dry snuff, tabac en poudre s'utilisant à la fois pour un usage oral et nasal (tabac à priser). Le snus est une forme de tabac oral moulu et humidifié, conditionné en sachets, d'usage traditionnel en Suède. Le snus suédois est produit par l'industrie du tabac avec des normes réduites pour la teneur en nitrosamines, l’un des principaux cancérigènes du tabac, et en métaux lourds.
Cigarette électronique
Risques: peu de connaissances et absence de recul. Exposition au propylène glycol; irritation pharyngée possible
Intérêt par rapport à la cigarette: pas de ta-bac, pas de produit de combustion
Dépendance: pas de données
Autorisation de vente en Suisse: non
La cigarette électronique est un dispositif produisant de la vapeur tiède pouvant contenir de la nicotine dans le but de reproduire la fumée de la cigarette. Il s'agit d'un embout muni d'une batterie et d'un pulvérisateur, dans lequel on insère des cartouches contenant des substances aromatiques, avec ou sans nicotine. Cette vapeur contient du propylène glycol, solvant irritant dont les effets à long terme sont mal connus.
Pour l'heure, la cigarette électronique paraît moins nocive que la cigarette. On ne peut cependant pas affirmer son absence de nocivité. Selon l'usage, ce produit pourrait être addictif, ce qui aurait pour conséquence de maintenir la dépendance à la nicotine chez les fumeurs qui opteraient pour ce produit, notamment pour faire face aux nombreuses interdictions de fumer dans les lieux publics. On ne dispose actuellement pas de données quant à son efficacité pour le sevrage tabagique.
Bien que les produits, tels le snus ou la cigarette électronique, apparaissent comme des alternatives moins nocives que la cigarette, les arguments en leur faveur sont finalement insuffisants et les données médicales à long terme encore incomplètes. De plus, y avoir recours représente peut-être une occasion manquée d'arrêter la nicotine. L'arrêt complet du tabac est la seule intervention pour laquelle les bénéfices sont largement connus… Autre dilemme, on ne sait pas si la consommation de ces produits potentiellement ludiques pourrait inciter à fumer ultérieurement la cigarette.
Source
« Nouveaux modes de consommation du tabac et de la nicotine », Isabelle Jacot (CHUV), Jacques Cornuz (CHUV), in Revue Médicale Suisse, n°210, juillet 2009.
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Cancer du poumon
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 4100 nouveaux cas de cancer du poumon (carcinome bronchique), ce qui représente 10 % de toutes les maladies cancéreuses. Le cancer du poumon touche plus souvent les hommes (62 %) que les femmes (38 %). C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et le troisième chez la femme. C’est aussi le plus meurtrier, avec 3100 décès par an.