Cigarette: après l’«électronique», la «pharmaceutique»
Les autorités sanitaires britanniques ont récemment pris position sur la cigarette électronique. Dans un communiqué rendu public le 12 juin, le MHRA (organisme chargé de la réglementation de tous les médicaments et dispositifs médicaux au Royaume-Uni) annonce que les e-cigarettes devront prochainement être considérées comme des éléments médicamenteux. Deux arguments sont avancés: elles contiennent de la nicotine et elles peuvent être considérées comme des produits de sevrage du tabagisme. A ce titre, les utilisateurs sont en droit de demander des garanties d’innocuité et d’efficacité équivalentes à celles offertes par des médicaments.
1,3 million d’utilisateurs de l’autre côté de la Manche
Le tabagisme est responsable de 80000 morts prématurées chaque année au Royaume-Uni et constitue, comme dans de nombreux pays comparables, la première cause de mortalité évitable. A ce titre, c’est une véritable priorité de santé publique, financée comme telle. Les autorités sanitaires britanniques évaluent aujourd’hui à 1,3 million le nombre d’utilisateurs de cigarettes électroniques. En France il est déjà estimé à entre 500 000 et un million et connaît une forte croissance.
Au vu de leurs recherches médicales et scientifiques, les responsables du MHRA estiment que les cigarettes électroniques, pas plus que les produits de substitution au tabac (patches et gommes), n’ont encore véritablement fait la preuve d’une pleine efficacité contre le fléau du tabagisme. Pour autant, ils encouragent leur utilisation. La décision de cet organisme vise à définir un cadre réglementaire d’évaluation et d’homologation pour l’ensemble des produits destinés au sevrage de la consommation de tabac.
Il ne s’agit nullement, souligne le MHRA, d’interdire à la commercialisation des dispositifs que des consommateurs de tabac pourraient trouver utiles pour réduire ou mettre un terme à leur consommation de tabac. Il s’agit au contraire de mettre à leur disposition les alternatives les plus sûres et les mieux validées.
Pragmatisme britannique
Ce n’est pas tout: le gouvernement britannique va s’employer à modifier le droit communautaire afin de créer un statut juridique européen permettant qu’à l’échelle européenne l’ensemble des produits contenant de la nicotine soient désormais considérés comme des médicaments ou des dispositifs médicaux, dans le cadre de la révision de la directive relative aux produits du tabac qui devrait être adoptée en 2014. En attendant, les autorités britanniques encouragent tous les fabricants de cigarettes électroniques à entreprendre les travaux préliminaires à l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché qui devra être obligatoire à compter de 2016.
Le Royaume-Uni développe une politique pragmatique et volontariste de prise en charge du sevrage au tabac; politique qui, comme le montre cette publication spécialisée, a déjà démontré son efficacité et son caractère rentable.
Un marché en devenir
Le monde de la cigarette électronique se rapproche à grande vitesse de celui de l’industrie pharmaceutique. Les géants (Altria –Philip Morris USA–, Reynolds) ne cachent plus leur volonté de gagner de nouvelles parts de marché. Aux USA, tous les fabricants se lancent, les uns après les autres, dans la cigarette électronique. Nouvelle preuve de l’intérêt collectif croissant pour ce produit. Courant août, Altria va expérimenter sur un seul Etat (l’Indiana) le «MarkTen»: un petit tube équipé d’une batterie, aux vapeurs de tabac classique ou mentholé.
Reynolds American vient d’annoncer le lancement d’une nouvelle version de son e-cigarette, connue sous le nom de «Vuse». Le test se déroulera dans le seul Etat du Colorado, mais sera appuyé par une campagne publicitaire à la télévision (aux USA, l’interdiction d’antenne de spots tabac ne concerne pas l’e-cigarette). Lorillard, le numéro trois américain, est déjà sur le marché: ses cigarettes «Blu» sont présentes dans plus de 80 000 points de vente. Le marché de la cigarette électronique aux USA est en devenir. Un fumeur adulte sur cinq l’aurait essayé en 2011 et l’e-cigarette n’est pas encore réglementée. La Food and Drug Administration (FDA) s’y prépare avec, dans la foulée et sans véritable surprise, la mise en place d’un système de taxations.
«La consommation de produits nicotinés prend l’ascenseur»
Cancer du poumon
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 4100 nouveaux cas de cancer du poumon (carcinome bronchique), ce qui représente 10 % de toutes les maladies cancéreuses. Le cancer du poumon touche plus souvent les hommes (62 %) que les femmes (38 %). C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et le troisième chez la femme. C’est aussi le plus meurtrier, avec 3100 décès par an.