L’alcool demeure une récompense bien trop fréquente après le sport
«Troisième mi-temps». C’est la formule qui symbolise ce que peuvent être, parfois poussées à l’extrême, les relations entre la consommation de boissons alcooliques et la pratique sportive intensive. On peut y voir une forme de «réconfort» collectif après l’intensité d’un effort également collectif. Initialement réservée au rugby, la formule est désormais généralisée à de nombreuses disciplines sportives.
«Décompresser»
Est-ce un besoin de se «revigorer» après l’effort, l’occasion de «décompresser» ou la poursuite de l’échange dans une grande atmosphère de convivialité? Ou encore une «auto-récompense»? Quelles qu’en soient les raisons, le fait est là: la consommation de boissons alcooliques est plus importante les jours d’activité physique ou sportive. C’est du moins la conclusion d’une étude américaine qui vient d’être publiée dans Health Psychology, revue de l’American Psychological Association.1
Spécialiste de médecine préventive à la Northwestern University, le Pr David E. Conroy est l’auteur principal de ce travail. Il explique que dès le jeudi soir, à l’approche du week-end, nous sommes nombreux à avoir tendance à «reprendre» le sport et la boisson. Une tendance partagée, selon son étude, par toutes les tranches d’âge. En 2011, des chercheurs avaient déjà établi le lien entre activité physique et consommation d'alcool, mais… chez les rats.
Dès le jeudi
Ce travail a cette fois consisté à analyser les journaux quotidiens (tenus via un smartphone) de 150 volontaires âgés de 18 à 89 ans. Chacun devait fournir, chaque soir, les principales informations sur ses activités physiques et sa consommation d’alcool du jour. Et ce durant trois vagues de trois semaines chacune. L’analyse de ces données montre que du lundi au mercredi, les sujets se concentrent sur leurs activités professionnelles ou familiales et réduisent leur consommation d'alcool. En revanche, dès le jeudi, la consommation d'alcool et l'activité physique reprennent de manière simultanée. Précision: ce ne sont pas celles et ceux qui font le plus de sport qui boivent le plus.
Mauvaise récupération musculaire
C’est là un phénomène uniforme pour tous les participants de l'étude, et ce quel que soit l’âge ou le niveau de pratique de l’activité physique. Les chercheurs suggèrent plusieurs motivations possibles. Il y a la «récompense après l’effort» et les occasions de rencontres inhérentes à la pratique sportive. Il y a aussi, tout simplement, la plus grande disponibilité du week-end qui peut expliquer la simultanéité entre les deux tendances.
D’autres études sont prévues pour mieux comprendre le lien éventuel entre ces deux variables. Des études dont les résultats devraient permettre d’élaborer des interventions encourageant la pratique de l’activité physique et déconseillant la consommation d'alcool après l’effort.
«Nous allons essayer de comprendre les motivations exactes afin de mieux concevoir nos interventions en faveur de l'activité physique, expliquent les auteurs. Il est en effet important de savoir que les calories de l'alcool peuvent vite remplacer celles que l'on a durement brûlées, et surtout que l'alcool peut nuire à la récupération musculaire après l'effort». Une donnée qui ne peut que retenir l’attention des sportifs.
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1. Un résumé (en anglais) de la publication de Health Psychology est disponible ici
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