Les rayons du soleil nous protègent des microbes
La découverte que publie dans Nature un groupe de chercheurs de l'Université Georgetown à Washington a certes été faite sur des cultures cellulaires, mais comme il s'agit de cellules en partie identiques à celles de notre propre système naturel de défense contre les infections, elle pourrait avoir un impact important.
On connaît les nombreux effets biologiques, bien que parfois contradictoires, de l'exposition de notre peau aux rayons du soleil. Si une exposition excessive sur certains types de peau peut certes mener au cancer, de nombreux autres effets positifs ont été répertoriés. Parmi eux, outre la stimulation de la production de vitamine D et de mélanine par les rayons ultraviolets, on a constaté une incidence plus faible à la fois des maladies auto-immunes et des cancers. On ignorait toutefois, jusqu'à ce travail, comment le système immunitaire pouvait bénéficier de cette exposition au soleil.
Lumière bleue bénéfique
Pour y voir plus clair, les chercheurs américains ont entrepris d'irradier des cultures de lymphocytes T avec des rayons lumineux de longueurs d'onde variables, et notamment avec de faibles doses de lumière bleue ou ultraviolette, les rayons les plus énergétiques que nous envoie le soleil. Les lymphocytes T sont des cellules spécialisées de notre système immunitaire, abondantes dans les diverses couches de la peau, et qui ont entre autres pour fonction de nous débarrasser des intrus de toutes sortes, virus ou cellules cancéreuses naissantes par exemple.
Les chercheurs ont alors compris que cette exposition lumineuse particulière entraînait la production de peroxyde d'hydrogène (de l'eau oxygénée) dans leurs cultures cellulaires, et que cette eau oxygénée déclenchait ensuite une cascade de réactions biochimiques menant à une augmentation très sensible de la mobilité des cellules immunitaires à l'intérieur de la peau. Or non seulement la peau contient (particulièrement au sein de son derme, sa couche profonde) deux fois plus de ces cellules T que la circulation sanguine, mais cette mobilité accrue est synonyme d'une plus grande efficacité.
Découverte majeure
Ce qui est intéressant, c'est que l'effet de la vitamine D (induite par l'exposition aux rayons du soleil) sur les défenses immunitaires pourrait en fait découler indirectement de cette mobilité accrue des cellules T de notre peau, qui se révèle être ainsi un photorécepteur au même titre que l'œil. Une exposition de 5 à 10 minutes à la lumière bleue suffirait –ajoutent les chercheurs– pour obtenir cette stimulation de nos défenses immunitaires.
Cette découverte est donc majeure, car le processus qu'elle a mis en lumière pourrait aussi être utilisé comme complément à l'approche immunothérapeutique dont il est de plus en plus question pour soigner certains cancers.
Mais les auteurs soulignent bien qu'il est encore trop tôt pour s'enthousiasmer, car leur travail s'est limité pour l'instant à des mesures in vitro, et il reste encore beaucoup à faire pour comprendre les détails de ce mécanisme. Cerner ensuite ses utilisations pratiques potentielles prendra beaucoup de temps, au gré d'essais cliniques qui promettent d'être ardus.
Il n'empêche: pour l'instant, savoir qu'une exposition prudente au soleil peut aussi aider à nous protéger contre les microbes est sans conteste une bonne nouvelle.