L’œil, témoin des maladies neurologiques
L’œil peut-il déjà aujourd’hui être le témoin de maladies neurologiques?
Pre Aki Kawasaki Oui, ou plutôt l’indicateur d’une maladie neurologique sous-jacente. La situation la plus fréquente est la présence d’une névrite optique, prédictive d’une sclérose en plaques. Le cas typique est une personne qui consulte pour une perte de vision aiguë dans un œil. Une névrite optique est diagnostiquée puis, quelques années plus tard, on s’aperçoit qu’il s’agissait en fait du premier épisode d'une maladie plus grave, la sclérose en plaques.
La maladie d’Alzheimer, autre maladie neurologique, pourrait-elle aussi être détectée grâce à un examen de l’œil?
Théoriquement oui, car l’œil est issu du même tissu embryonnaire que le cerveau. Cela explique sans doute pourquoi, en cas de maladie d’Alzheimer, les premières modifications cellulaires se font dans la rétine. Les premiers signes de cette maladie sont donc visibles dans l’œil. De nombreuses études se penchent sur ce lien entre l’œil et l’apparition de la maladie d’Alzheimer, mais il y a encore beaucoup d’obstacles à franchir pour parvenir à la possibilité d’un diagnostic fiable.
Lesquels?
Nous ne savons par exemple pas exactement quels paramètres de la rétine doivent être observés pour prédire cette maladie. Il y a bien des dégénérescences rétiniennes, mais elles ne sont pas encore assez spécifiques de la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, le diagnostic formel de cette pathologie ne peut être posé qu’après l’autopsie, via une biopsie du cerveau post mortem. Du vivant des patients et patientes atteints, nous ne disposons même pas encore d’un test cérébral fiable, donc le test ophtalmologique diagnostic, ce n’est malheureusement pas pour tout de suite.
Cela est-il toutefois envisageable pour l’avenir?
Sans doute, car la recherche sur ce sujet est très productive depuis une vingtaine d’années. Trouver un marqueur oculaire d’Alzheimer pourrait renforcer les critères diagnostiques, mais aussi témoigner de la progression de la maladie et de l’efficacité des traitements. C’est l’objectif de la plupart des études en cours: trouver ce marqueur pour assurer un suivi à la fois neurologique et ophtalmologique des patient-es.
Les méthodes d’imagerie de la rétine pourraient-elles également aider à dépister la maladie de Parkinson – autre pathologie neurodégénérative – avant l’apparition des premiers symptômes?
Certaines anomalies de la rétine détectées par imagerie dans le cas de la maladie d’Alzheimer peuvent également être observées dans la maladie de Parkinson. Cependant, ce sont deux pathologies différentes, qui n’affectent pas les mêmes couches de la rétine. De nombreux mystères subsistent. Toutefois, dans le cas de la maladie de Parkinson, qui se caractérise notamment par des tremblements, les systèmes d’eye tracking peuvent aider à mesurer la vitesse et la latence des mouvements oculaires. Ces dispositifs sont utilisés par les optométristes, les opticiens et opticiennes ou encore les neurologues, et viennent compléter l’observation structurelle de la rétine. Mais les mouvements oculaires ne sont pas un critère suffisant pour poser un diagnostic de maladie de Parkinson. L’eye tracking peut, pour l’instant, simplement aider à orienter vers d’éventuelles investigations complémentaires.
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Article repris du site BienVu!