L’immunothérapie, arme du futur
«Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson», disait Confucius. Cet adage millénaire résume bien l’immunothérapie où il faut apprendre au corps à se défendre lui-même contre le cancer. « Comme notre système immunitaire peut s’attaquer aux virus et bactéries qui infectent notre organisme, il est aussi capable de lutter contre des cellules cancéreuses. Il s’agit donc de l’éduquer pour les reconnaître et les éradiquer », précise le Dr Nicolas Mach, médecin adjoint agrégé au service d’oncologie des HUG, responsable de l’unité de recherche clinique de la Fondation Dr Henri Dubois-Ferrière Dinu Lipatti.
Vaccin thérapeutique
Le Dr Mach explique le vaccin thérapeutique qu’il a mis au point avec la start-up MaxiVAX et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne: «Des cellules cancéreuses sont prélevées sur le patient, puis inactivées par irradiation afin de les rendre inoffensives tout en conservant les antigènes tumoraux, cibles identifiables par le système immunitaire. Ensuite, elles sont réinjectées sous la peau. Parallèlement, un implant qui libère un immunoactivateur est injecté au même endroit afin de stimuler les globules blancs qui reconnaissent les cellules tumorales et les tuent.» La vaccination se réalise de manière ambulatoire. Elle est répétée six fois en huit semaines sous anesthésie locale. Voilà pour la théorie.
Traitement prometteur
En pratique, l’essai clinique a passé avec succès la phase I, qui teste la faisabilité et la tolérance du traitement: quinze patients atteints de différents cancers, avec une maladie en progression après l’échec des thérapies conventionnelles, ont ainsi bénéficié du traitement avec une absence de toxicité, accompagnée de signes d’amélioration chez plus de la moitié d’entre eux. La phase II, qui doit démontrer l’efficacité, va commencer début 2017. Elle sera menée aux HUG et dans quatre autres centres en Suisse et inclura une quarantaine de patients. Premiers résultats attendus dix-huit mois plus tard. «Même si ce vaccin dispose du potentiel pour combattre tout type de cancer, la cohorte ne comprendra que des personnes ayant un cancer ORL métastatique en rechute après chimiothérapie. Dans la littérature, seuls 50% survivent à six mois. Notre objectif est de faire mieux », souligne le Dr Mach.
A n’en pas douter, l’immunothérapie devient une nouvelle flèche à l’arsenal thérapeutique utilisé pour combattre le cancer. Elle possède un immense potentiel, avec l’espoir que la mémoire immunitaire protège les patients d’une rechute ou de métastases, mais aussi le risque que, libéré de tout frein, le système immunitaire attaque des cellules saines et génère une réaction auto-immune.
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